Agriculture et industrie : des gisements de croissance à exploiter

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Par Rédacteur Modifié le 9 février 2021 à 10h42
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Actant la prise de conscience récente des Français pour les enjeux de souveraineté industrielle et sanitaire, deux auteurs font un vibrant plaidoyer en faveur de la sécurité économique et industrielle dans un essai paru en janvier dernier.

La transition industrielle agroécologique

La crise sanitaire de la Covid-19 agit comme un accélérateur de la crise économique et financière à laquelle la France est confrontée. Mais elle est également un révélateur des faiblesses et carences du pays. En cela, Frédéric FRACHON et Philippe GENSOU considèrent que cette crise sanitaire constitue une opportunité propice à l’émergence d’une réindustrialisation du pays, en rupture avec les paradigmes traditionnels. Cette reconstruction du secteur industriel doit s’inscrire dans le cadre d’une transition vers plus de durabilité. L’objectif mis en avant par les auteurs vise à atteindre la soutenabilité de nouvelles filières résolument agro-industrielles. Ils mettent en avant le fait que la France doit prendre sans attendre le train de sa réindustrialisation, et si possible dans le bon wagon. Nombre d’activités industrielles dans le monde se créent ou se réorientent depuis plusieurs années vers l’industrie dite « du vivant ». Qu’il s’agisse de domaines aussi variés que ceux du médical, du BTP, de l’industrie automobile, de l’habillement et de la chaussure où même de l’alimentation. Les produits innovants dont il est question possèdent tous la caractéristique de mettre en synergie les mondes agricole et industriel.

Le meilleur des deux mondes

Les produits dérivés du pétrole voient leurs jours comptés. Les produits de demain abandonneront progressivement leur usage en faveur d’autres matériaux durables. Des investissements importants dans la Silicon Valley et également en Chine se portent sur les nouvelles entreprises très diversifiées qui jouent la carte de la bio-ingénierie, tandis que de grands groupes industriels commencent à anticiper cette nouvelle révolution industrielle. Les auteurs insistent sur le fait que des produits tels que les hamburgers végans ou à base de viande de culture ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Ces filières sont plutôt de nature à déstabiliser notre industrie agroalimentaire. En revanche, tout l’enjeu pour la France porte sur l’ouverture de nouveaux espaces de production tels que la culture d’algues (nori, wakamé, kombu…), par exemple, utilisables dans les produits transformés. La médecine réparatrice peut également utiliser des biopolymères en soie d’araignée pour remplacer ligaments et tendons, la biocouture faire appel à la cellulose bactérienne ou des protéines de collagène pour la production de vêtements. Le BTP n’est pas en reste avec la fabrique de briques « bactériennes » et de bio-ciment en Chine. Le mycélium représente enfin un matériau particulièrement prometteur, car il fait déjà l’objet d’une utilisation multiple pour les produits de beauté, les matériaux d’emballage, les articles d’habillement en cuir végan et le mobilier.

La France à la croisée des chemins

La France du monde d’après-Covid saura-t-elle profiter de cette redistribution des cartes en cours ? Pour conforter sa sécurité économique et globale avec de nouvelles filières agro-industrielles soutenables, réaffirmer son rang de puissance sur la scène mondiale, la France doit agir maintenant. Préparer la conquête de ces marchés émergents nécessite cependant l’impulsion des pouvoirs publics et leur soutien à une puissante transition écotechnologique. Comme le souligne le visionnaire Richard BUCKMINSTER FULLER, les marchés de demain ne se contenteront pas de simples éléments de langage : « Pour changer quelque chose, construisez un nouveau modèle qui rende le modèle précédent obsolète ».

Par Frédéric FRACHON, Philippe GENSOU, La France va-t-elle sortir de l’Histoire ?, VA éditions, janvier 2021.

Frédéric FRACHON, ancien officier en relations internationales au ministère des Armées, est consultant en sûreté et intelligence économique. Il est diplômé de l’École de Guerre Economique (EGE) à Paris et membre actif de l’IHEDN-Intelligence économique et stratégique (IES).

Philippe GENSOU est ingénieur de formation et consultant en gestion de projet et intelligence économique. Il est diplômé de l’École de Guerre Economique (EGE) à Paris.

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