Et si la formation individuelle était au coeur de la révolution du monde de l’éducation ?

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Par Markus Witte Modifié le 19 août 2014 à 16h55

Une année scolaire vient de se terminer, amenant son lot de débats pour la nouvelle rentrée qui s'annonce. Car le système éducatif est en train de changer, bouleversé par l'arrivée des nouvelles technologies qui offre des possibilités d'apprentissage par soi-même. Plusieurs innovations illustrent ce phénomène. C'est par exemple le cas de « l'école inversée » dont on a parlé en cette fin d'année scolaire, du développement de la « formation en ligne ouverte à tous » – aussi appelée MOOCS (en anglais : Massive Open Online Courses, MOOCS), ou encore de « l'apprentissage mobile ». Partout, on entend parler d'une « révolution de l'éducation », dans laquelle la technologie opérerait une transformation radicale au sein des écoles et des universités.

S'il y a de bonnes raisons d'espérer que ce changement aille dans le sens d'un réel progrès, il semble que les gouvernements, les ministères et les comités ne soient pas encore prêts à adopter les nouvelles technologies numériques. Rien que pour une simple expérience, il faut compter avec les délais de mise en œuvre, qui sont de plus d'une année – pas tout à fait le rythme d'une révolution.
Mais il ne sera pas nécessaire d'attendre que ces changements passent par les organisations nationales, car la révolution de l'apprentissage ne se fera pas par elles, mais par les individus.

Les nouvelles façons d'apprendre auront un impact sur le système éducatif

Les véritables changements et bouleversements se font généralement « par le bas » : non pas tant par les décrets des gouvernements que par les décisions individuelles du plus grand nombre. De l'automobile à internet en passant par la tablette, ce sont les individus, et non les politiques, qui se sont emparés de ces nouvelles technologies et ont décidé d'adopter ces changements.

La bonne nouvelle, c'est qu'une révolution est en marche. Mais encore une fois, elle ne concerne pas les systèmes éducatifs mais le fait que le peuple a pris en main son propre apprentissage, de lui-même.

Une nouvelle tendance a été initiée par une toute nouvelle génération qui travaille à mettre la technologie au service de la formation individuelle, avec le souci de rendre celle-ci plus simple et accessible à tous. L'objectif des start-up qui incarnent cette génération n'est pas de modifier l'école ou l'Université mais de répondre à ce besoin d'apprendre et il est urgent d'apporter des solutions à cette tendance.

Les outils d'apprentissage tels que Babbel sont directement adaptés aux utilisateurs sans aucune institution intermédiaire : chacun décide pour lui-même si le produit l'aide ou pas à atteindre les objectifs qu'il s'est fixés.

Cependant, ces bouleversements à l'œuvre dans le domaine de l'apprentissage restent en marge des systèmes éducatifs classiques orientés vers la réussite d'un examen d'anglais plutôt que la capacité de parler anglais avec quelqu'un au quotidien. Dans ce cadre, un diplôme ou un certificat est souvent tout aussi précieux que les connaissances ou les compétences réellement acquises.

La révolution de l'apprentissage a déjà commencé à domicile

C'est sans surprise que cette révolution de l'auto-formation passe par les nouvelles technologies. Dans le cadre de l'apprentissage des langues, ce sont aujourd'hui plus de 100 millions de personnes à travers le monde qui apprennent grâce à Internet (1) et pour qui les méthodes d'apprentissage traditionnelles ou les cours de langue n'étaient pas envisageables.

Ainsi, un retraité dans le sud de la France se met à apprendre l'anglais à l'âge de 70 ans avec son ordinateur portable. Tout comme le banquier londonien qui, en rentrant chez lui en métro, pratique son espagnol sur son iPhone dernier cri. Toutes ces personnes ont fait le choix d'apprendre par elles-mêmes parce qu'elles disposent d'une nouvelle génération d'outils d'apprentissage.

La technologie n'engendre pas vraiment une nouvelle demande, mais elle crée des possibles et des choix multiples : les classes virtuelles, le tutorat via internet et le chat vidéo, la mise en commun de contenus de savoir par les internautes, les services de traduction basés sur le croisement de sources, les services interactifs d'auto-apprentissage.

D'autres offres de formation, de la programmation à l'entraînement cérébral, poussent comme des champignons et, partout dans le monde, ce sont les particuliers qui décident d'apprendre, de leur plein gré.

Cette révolution a lieu dans les salons et les cafés, dans les transports publics comme dans les bureaux. Elle est menée par des gens qui décident de prendre en main leur apprentissage et qui trouvent, pour les y aider, des produits élaborés sur la base de technologies de plus en plus nombreuses et perfectionnées.

Finalement, la révolution de l'éducation pourrait bien être une révolution réelle, à l'ancienne : celle qui vient d'en bas, prend des chemins inattendus pour n'atteindre que tardivement sa cible. Cette révolution pourrait bien être déjà en plein essor et s'avérer plus puissante qu'il n'y paraît si on la compare aux lentes adaptations des systèmes éducatifs traditionnels.

(1) Cette estimation se base sur le nombre total des utilisateurs de Babbel, Busuu, LiveMocha, Duolingo, = 140 millions. On estime que 40% d'entre eux utilisent plusieurs plateformes (= 84 millions), mais que 20 millions supplémentaires utilisent des plateformes plus petites.

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co-fondateur et directeur du système d'apprentissage des langues Babbel.

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