Asile : combien coûte réellement l’accueil des réfugiés ?

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Par Laure De Charette Modifié le 14 septembre 2015 à 10h52
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70 000La France reçoit en moyenne chaque année 70 000 demandes d'asile

Pour la majorité, l'accueil des migrants ne coûtera que quelques dizaines de millions d'euros. Pour l'opposition, au bas mot un demi milliard d'euros. Où se trouve la vérité?

Un coût dérisoire...

A en croire le ministre des Finances, Michel Sapin, le coût de l'accueil de dizaines de milliers de réfugiés sur notre territoire ne sera pas très élevé. C’est "une question de quelques millions" d’euros, a-t-il expliqué récemment, en précisant que cela "ne se fera pas au détriment d’autres politiques".

Au mois de juin dernier, le "Plan migrants" qui a été adopté chiffrait en année pleine l’accueil des migrants à 70 millions d’euros. Jusque-là, pas de quoi ruiner les comptes de la sixième puissance économique mondiale!

Mais les chiffres pourraient vite grimper. On estime que chaque place dans un hébergement coute environ 1 000 euros. Or la France pourrait accueillir cette année environ 100 000 personnes.

La France s’est en effet engagée à accueillir 24 000 réfugiés supplémentaires sur deux ans, essentiellement en provenance de Syrie, d’Irak et d’Erythrée. Ce contingent s’ajoute aux 69000 clandestins qui viennent chaque année frapper aux portes de la France pour demander l’asile.

Soit une facture d’environ 100 millions d’euros, rien que pour l’hébergement (incluant les frais de fonctionnement, d’administration, de nourriture, etc).

"Nous faisons un geste à la hauteur de la générosité nécessaire", a souligné le ministre Michel Sapin sur BFMTV. "C'est totalement à la mesure de ce que nous pouvons faire".

Aides au logement, CMU, RSA

Ensuite, l’Etat devra financer les aides versées aux réfugiés, une fois leur demande d’asile déposée. Selon les cas, chacun reçoit 340,50 euros par mois (s’il n’est pas accueilli dans un centre d’hébergement) ou entre 91 et 718 euros par mois (s’il est accueilli en centre), selon les prestations fournies par le centre, les ressources du demandeur d’asile et la composition du foyer familial.

A cela il faut rajouter le coût inhérent à la couverture maladie universelle dont chaque demandeur d’asile bénéficie, et à la scolarisation de leurs enfants.

Une fois le statut de réfugié obtenu, les intérressés peuvent recevoir des prestations familiales et des aides au logement, sous conditions de ressources. Les réfugiés de plus de 25 ans peuvent en outre bénéficier du revenu de solidarité active (RSA), sans condition de résidence de 5 ans en France, comme l'explique le site Immigration.gouv.fr.

Tout cela fait dire à Roger Karoutchi, sénateur "Les Républicains", que l’accueil de 40 000 migrants devrait coûter, calculette à l’appui, un demi-milliard d’euros par an.

En avril dernier, la Cour des comptes s’alarmait du coût de l’accueil et de l’hébergement des réfugiés en France. Et chiffrait le coût global de l’asile aux alentours de 2 milliards d’euros par an pour environ 66.000 demandes faites en 2013.

Reste qu’à terme, les migrants travaillent, paient des impôts et des cotisations sociales et participent au développement de l’économie de leur pays d’accueil.

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.

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