L'heure est à la relance de la consommation des ménages, un pilier qui doit permettre à l'économie de repartir du bon pied, et aux entreprises d'éviter de licencier. En Allemagne, le choix a été fait de réduire temporairement la TVA. Et en France ?
L'Allemagne va réduire la TVA de 19% à 16%, et le taux réduit de 7% à 5%. Une baisse qui durera six mois, et qui représente un coût de 20 milliards d'euros pour le second trimestre. Cette recette avait été utilisée au Royaume-Uni, avec un certain succès, pour soutenir la consommation après la crise financière de 2008. En France, le ministère de l'Économie n'est pas convaincu du bien-fondé d'une telle mesure : « Nous avons quelques expériences par le passé qui montrent qu'une baisse de TVA pouvait surtout être utilisée pour reconstituer des marges plutôt que pour baisser les prix et encourager la consommation », a expliqué le ministère à l'AFP. La baisse de la TVA dans le secteur de la restauration en 2009 avait effectivement davantage profité aux restaurateurs qu'à leurs clients.
Le précédent du secteur de la restauration
Des économistes s'inscrivent en faux contre cette lecture, soulignant que des marges supérieures pour les entreprises facilitent l'emploi. Bercy veut également croire que l'épargne « forcée », celle engrangée par les Français alors qu'ils ne pouvaient consommer durant le confinement, va maintenant servir à acheter des biens. Les épargnants ont mis de côté 100 milliards d'euros pendant la période. Cela n'empêche pas la mise en place de mesures ciblées, comme dans l'automobile où les pouvoirs publics ont relevé le plafond des primes à la conversion et au bonus écologique.
Une mesure qui risque de profiter aux importations
La TVA représente une source importante des revenus de l'État, 45% des recettes fiscales en France, contre 30% pour l'Allemagne et les Länder. À Paris, les caisses sont vides, tandis qu'à Berlin, les excédents budgétaires ont permis de financer sans trop d'encombres les mesures de soutien aux salariés et à l'économie. Enfin, Bercy souligne qu'une baisse de la TVA profitera beaucoup aux importations : « La part des biens d'équipement importés en France est de 70 % et donc il y a une forte probabilité pour que ça bénéficie surtout aux importations ». Or, il s'agit d'abord d'aider les entreprises françaises.
