La Banque Centrale Européenne navigue à vue

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Par Michel Delapierre Modifié le 11 mars 2019 à 13h34
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Après la réunion du conseil d'administration de la Banque Centrale Européenne (BCE) le 7 mars, les inquiétudes à moyen terme des analystes financiers quant aux perspectives de la zone euro en 2019 ont été confirmées.

La BCE encore une fois à la rescousse des marchés

Le Président de la BCE, Mario Draghi, a ainsi annoncé qu’une hausse des taux ne serait probablement pas envisagée avant 2020. La prévision de croissance du PIB de la zone euro pour l'année prochaine a été réduite de 1,7% à 1,1% et la BCE lance un nouveau programme de prêt aux banques appelé TLTRO-III (prêts d'une durée de deux ans aux meilleures conditions du marché, en réalité gratuits). En elles-mêmes, ces annonces n’ont pas surpris les marchés qui ne s’attendaient à aucune bonne nouvelle, mais à moyen terme, elles ne sont guère encourageantes. En effet, elles signifient que même si une récession forte est exclue des scénarios, la zone euro reste très vulnérable.

La question liée aux taux de la BCE est un révélateur de son niveau d’inquiétude face au ralentissement de la croissance économique en Europe sur 2019. La BCE a aujourd’hui de multiples raisons de ne pas toucher aux taux d'intérêt. En premier lieu, la menace d'un Brexit dur. Ensuite, les négociations entre les États-Unis et la Chine qui n’ont pas encore abouti à un accord commercial. Enfin, certaines institutions bancaires européennes (dont Deutsche Bank et Raiffeisen) ont été fragilisées en raison de problèmes liés à des affaires de blanchiment de capitaux.

Bien que la BCE ne qualifie pas formellement son annonce sur les taux de nouvel assouplissement de sa politique monétaire, elle s’évertue à tenir un discours qui ne soit pas trop anxiogène pour les marchés.

En résumé, selon la BCE, la situation actuelle de l’économie mondiale évolue sans pertes directes importantes pour l’Europe. L’effet réel de la guerre commerciale entre les États-Unis et de la Chine serait ainsi neutre, la gravité de la crise des réfugiés est en train de s'atténuer, les prix du pétrole sont modérés. Enfin, les différences entre les économies au sein de l'Union Européenne ne sont pas des conflits majeurs pouvant affecter directement les marchés.

Parallèlement, la BCE a abaissé ses prévisions d'inflation dans la zone euro pour les trois prochaines années, soulignant que l'économie de l'UE se dirigeait toujours vers un objectif de 2%.

La BCE tente de rassurer

Tout cela maintient les économistes dans un état de vigilance sur la situation européenne mais n’engendre pas un sentiment de panique. Pour 2019, tout est envisageable, le bon comme le pire.

Au final, Mario Draghi a tenté d'ajouter une touche de consolation à son discours : le problème du chômage dans l'UE est considéré comme "structurel", aucun des membres du conseil d'administration de la BCE ne croit en une récession rapide dans la zone euro et les décisions ont été prises à l'unanimité. Le problème, selon M. Draghi, reste « une faiblesse universelle et une incertitude généralisée ». Croisons donc les doigts pour que le gouvernement britannique et l’Europe parviennent à signer un accord sur le Brexit.

Le 7 mars, après les déclarations de M. Draghi, l'euro a chuté de 0,9% face au dollar, passant sous la barre des 1,12 USD (dollar américain), atteignant un niveau comparable à celui de 2015. Au lundi 11 mars, il est remonté à 1,1243 USD. L’Europe devrait-elle faire sienne la devise de la ville de Paris, « fluctuat nec mergitur » ?

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