Banques centrales : prendre en compte les évolutions de l’environnement

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Par Hervé Goulletquer Modifié le 27 novembre 2018 à 12h17
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Brexit, Italie, indicateurs économiques mondiaux, banques centrales, voici les nouvelles des marchés.

Italie : vers une conciliation avec Bruxelles ?

La journée de lundi 26 novembre 2018 a été faste sur les marchés d’actions, avec des hausses des grands indices européens ou américains autour, voire supérieures, à 1%. Comment ne pas voir que le mouvement trouve son origine dans des perspectives politiques un peu moins anxiogènes ; au moins pour un temps ? Du côté du Royaume-Uni, la Première ministre continue courageusement et étape après étape ses « travaux d’Hercule ». Ira-t-elle jusqu’au bout ? On ne le sait évidemment pas. Dans tous les cas, le dossier avance et existe-t-il « là-bas et maintenant » une alternative économiquement et politiquement crédible à l’accord passé avec l’Union Européenne ?

Du côté italien, le gouvernement, après avoir montré sa détermination à délivrer une politique conforme aux promesses de campagne électorale, envoie des signaux faibles de davantage de conciliation avec Bruxelles. Jusqu’où est-il prêt à aller en matière de révision du projet de loi de finances pour 2019 ? Sans doute pas très loin ; mais il est plus compliqué pour les autorités européennes de « couper une main qui vous est tendue ».

Comment ne pas voir que tout ceci reste bien fragile. Surtout que dans le même temps les indicateurs économiques continuent de décevoir (en Allemagne l’enquête IFO de novembre et en Chine la production industrielle d’octobre) et que le Président Trump se met à « souffler le froid » en matière de relations commerciales sino-américaines : « si les négociations avec le Président Xi n’aboutisse pas à un accord, le plan d’alourdissement des taxes à l’importation sur les produits chinois sera poursuivi ». Bien sûr le propos n’est pas en contradiction avec les déclarations précédentes, qui insistaient sur la volonté des autorités de Pékin de trouver un terrain d’entente. La volonté de dramatiser l’enjeu apparait toutefois réelle.

Si la visibilité fait défaut du côté tant de l’économie que de la politique, on doit s’attendre à une approche plus ronde de la part des banques centrales. Au moins à une communication insistant sur les incertitudes du moment. Est-ce le cas ?

On a envie de répondre oui dans le cas de la BCE. Mario Draghi et Peter Praet se sont exprimés hier et ils ont insisté sur le maintien d’un réglage monétaire accommodant au lendemain de l’arrêt de la politique d’achat d’actifs (le Quantitative Easing), toujours prévu pour la fin de l’année. Et ceci grâce au réinvestissement des tombées et des coupons. Les deux dirigeants auraient pu ajouter que le maintien au niveau actuel des taux directeurs pour encore plusieurs mois participe de la même démarche.

Cela sera-t-il le cas aux Etats-Unis ? Les membres du Triumvir à la tête de la Fed s’expriment dans les prochains jours : Powell demain, Clarida et Williams, vendredi.Bien sûr, on est en droit de dire que la situation économique américaine n’est pas la même que celle régnant en Europe. L’avancée dans le cycle est plus marquée là-bas qu’ici et à ce titre la vigilance quant aux conséquences d’une sollicitation excessive des facteurs de production est plus élevée. Bref, un certain inconfort par rapport au risque inflationniste pourrait justifier une attitude différente de celle des banquiers centraux de la Zone Euro.

Disons deux choses en la matière. D’abord, un papier de recherche de la Fed de San Francisco, tout juste publié, vient nous rappeler que la normalisation sur le front des prix (la référence est le noyau dur du déflateur des dépenses de consommation), intervenue ces derniers mois, est le fait de la composante non-cyclique et pas de la cyclique. Comme si des forces structurelles arrivaient à neutraliser l’impact attendu du déroulé cyclique sur la formation des prix.

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Ensuite, les anticipations de marché paraissent déjà réagir tant aux messages d’incertitude envoyés par l’environnement économique et politique qu’aux implications en termes de valorisation des actifs risqués. L’ampleur de la hausse du taux directeur de la Fed, envisagée pour 2019, est revue à la baisse et la probabilité accordée à des relèvements de celui-ci, lors des rendez-vous de mars et juin prochains du comité de politique monétaire, décroit.

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Le message envoyé par les marchés va-t-il être conforté, au moins en partie, par les déclarations en provenance du
Triumvir ? On a plutôt envie de répondre oui.

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Hervé Goulletquer est stratégiste de la Direction de la gestion de La Banque Postale Asset Management depuis 2014. Ses champs d’expertises couvrent l’économie mondiale, les marchés de capitaux et l’arbitrage entre classe d’actifs. Il produit une recherche quotidienne et hebdomadaire, et communique sur ces thèmes auprès des investisseurs français et internationaux. Après des débuts chez Framatome, il a effectué toute sa carrière dans le secteur financier. Il était en dernier poste responsable mondial de la recherche marchés du Crédit Agricole CIB, où il gérait et animait un réseau d’une trentaine d’économistes et de stratégistes situés à Londres, Paris, New York, Hong Kong et Tokyo. Il est titulaire d’une maîtrise d’économétrie, d’un DEA de conjoncture et politique économique et diplômé de l’Institut d’Administration des Entreprises de Paris.

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