Des barrières et des gestes !

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Par Didier Meillerand Publié le 9 mai 2020 à 9h05
Psychologie Cognitive Mbti Personnalites
35%Plus de 35% des Français ont souffert de détresse psychologique à cause du confinement.

Déjà plusieurs semaines que nous sommes confinés seul ou avec nos proches ; le sentiment que cela dure depuis 25 ans ! Le temps d’une génération ? Fermez les yeux, vous vient-il l’image d’une barrière ? Que se passe-t-il derrière la barrière ? Quels sont les gestes à adopter ? Comment la franchir ?

Une génération aux barrières.

Comme si nos libertés n’avaient eu de cesse d’être entravées au cours de ces dernières décennies, sans que nous n’ayons la capacité, remplis d’espoir, de franchir les barricades. Dans les années 80, une barrière se dresse dans notre sexualité. Le latex perturbe nos élans de vie face à la contagiosité du VIH. Nous avons dû apprendre à vivre avec ce premier geste barrière. Les années 90 révèlent la barrière de l’emploi avec le risque du chômage[1]. Les plus fragiles sont exclus par la violence de la globalisation : délocalisation, robotisation, hausse de la précarité[2], pression croissante dans les entreprises, suicides . Au fil des années 2000, les attentats contre les TWIN TOWERS et ceux qui suivront font naitre d’autres barrières terrifiantes dans nos vies quotidiennes. Il faut sécuriser les paisibles promenades après qu’un camion fou ait massacré des personnes en balade. La crise des subprimes fait émerger de façon criante la barrière de l’argent, il y a ceux qui jouent avec des milliards et affichent le bling-bling et il y a ceux qui crèvent de faim, toujours avec le même regard. Partout dans le monde, la tentation d’ériger des barrières entre les communautés fait rage. En France, des barrières se dressent aussi autour du foulard, du mariage pour tous, des gilets jaunes et des grèves … Ces chocs brutaux, ces messages et les images qui leur sont associées ont créé des traumatismes auprès de cette génération « barrière ». Le risque pour notre santé psychique devient un enjeu majeur de santé publique : douze millions de personnes dans notre pays, sont concernées par une maladie psychique[3].

Des gestes « barrières » et des solidarités.

Confrontés à l’épidémie du Covid19, nous devons créer des distances sociales ; il nous faut restreindre la convivialité qu’il nous restait à vivre ensemble : au travail ou avec nos proches... Les réseaux sociaux martèlent des messages, dictés par des médecins qui dirigent nos élus : #restezchezvous. Le télétravail s’installe comme pratique quotidienne dans nos échanges professionnels. Nous perdons des sources de liens alors que nous sommes des êtres sociaux. Nous souffrons car nos relations aux autres perdent de leur chaleur devant notre ordinateur qui n’est qu’une machine. Alors que nous sommes confinés, nous prenons une nouvelle fois conscience de notre fragilité et des risques psychiques. Nous avons peur. Nous devons sortir couverts, cette fois de tissu ou de papier sur le visage, pour aller faire nos courses et bientôt dans les transports. Le repli sur soi est propice aux états anxieux et dépressifs. Remplis d’incertitudes sur notre mode de vie, notre travail, la situation économique ou nos prochaines vacances, les nouveaux gestes barrières COVID entrent dans nos vies et appuient sur des plaies encore douloureuses : réforme des retraites, gilets jaunes, l’incendie de Notre Dame...Que ce soient des barrières virales, communautaires, économiques ou sociales, elles nous mettent à mal et sont des épreuves pour notre santé mentale. C’est mieux de reconnaitre la douleur, me direz-vous ? Elle est plus facile à prendre en charge. Les soignants le savent bien. Ils sont applaudis chaque soir pour leur engagement. Mais, la solidarité ne remplit pas leurs chariots de courses au supermarché !

La résilience au cœur.

Chacun d’entre nous, chaque Homme politique, aura-il la force de considérer la personne à sa juste valeur ?

Par exemple :
payer correctement celles et ceux qui travaillent à l’hôpital public, les personnels des hôpitaux psychiatriques en premier lieu. Ils prennent en charge les plus grandes détresses et travaillent dans des conditions déplorables avec des salaires toujours indignes. Ils ne demandent ni des stock-options ni parachutes ! Opération résilience : saluons notre armée qui fait comme toujours preuve de courage. Eux aussi, nous pouvons les applaudir comme les pompiers, les équipes du SAMU, les policiers, les éboueurs et les caissiers… Ces métiers sont soudain éclairés parce que nous sommes dans la M …Partout, la solidarité s’est exprimée, nous l’avons bien vue avec la plateforme #je veux aider. Nous savions les français généreux : ils tissent des liens sociaux avec plus de 1,5 million d’associations[4]. Alors, Il faut préserver les dispositifs du mécénat pour financer le tissu associatif qui nous aide même quand ça va mal … La résilience ? Option un : Dès 2021, on ré - enfouit dans le déni toutes les « barrières » que nous connaissons bien. On repart à fond les ballons dans le jeu et les codes de la globalisation. Même pas peur ! Option deux : ça va être un nouveau monde ! Cette épidémie est une formidable opportunité pour construire un autre modèle économique. Il suffit de faire de grands gestes et de pousser la barrière que chacun voit et tel un effet de domino toutes les autres vont s ’écrouler. Option trois : Pensons !

Nous avons une occasion unique de tester le cogito de Descartes, « je pense donc je suis ». Face aux responsabilités, dès le 11 mai, faisons chaque jour, un exercice simple, sans place pour l’arrogance, en particuliers vous chefs d’Etats, ministres, élus, chefs d’entreprises, responsables syndicaux. Asseyez-vous deux minutes, les mains sur les cuisses, aucun geste, les yeux fermés et laissez apparaitre l’image de la barrière et surtout ne faites rien. Observer la barrière : Quelle matière ? Quelle couleur ? Quelle hauteur ? Et autour ? Etes-vous dans cette image ? Quels gestes faites-vous ?

OUVREZ LES YEUX !

Pour en savoir plus et faire un don : psychodon.org

[1] Taux de chômage en France : 1980 : 5,1 % - 1994 10,2 % source INSEE

[2] En 2017, 14,1 % en dessous du seuil de pauvreté, soit 60% du revenu médian en France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage dont le revenu déclaré au fisc est positif ou nul et dont la personne de référence n'est pas étudiante - INSEE

[3] Clefs d’Actions en Santé Mentale – FONDATION FALRET MALAKOKK HUMANIS – COMISIS – OPIONWAY – MAI 2018

[4] Nombre d’associations en France : 1,5 million - Chiffre 2017, source INJEP - Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire, qui porte le service statistique ministériel chargé de la jeunesse, de la vie associative et du sport.

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 Délégué Général du Psychodon et auteur du livre "La Poire en Bois : Grandir avec un frère schizophrène".

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