La BCE vient de dépenser 1 000 milliards d’euros…

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Par Charles Sannat Publié le 8 septembre 2016 à 10h21
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2%La BCE a pour objectif de faire remonter l'inflation aux alentours de 2 %.

Mille milliards de mille sabords ? Non 1 000 milliards d’euros, et c’est nettement moins cocasse que les répliques de notre truculent capitaine Haddock (un homme alcoolique et fumeur qui est loin des standards politiquement corrects de notre époque d’ailleurs), pourtant le montant est absolument aussi phénoménal que sans précédent dans l’histoire de notre banque centrale européenne !

En effet, la BCE « vient de passer le jalon des 1 000 milliards d’euros, dans le cadre du programme d’assouplissement quantitatif qui a été lancé en mars 2015 pour relancer la croissance ».

C’est quoi un assouplissement quantitatif ?

En gros, il s’agit de créer de la monnaie à partir de rien et de l’injecter dans le système économique via le rachat de titres de dettes.

Voici la définition parfaitement juste qu’en donne le journal L’Express : « L’assouplissement quantitatif, ou “quantitative easing” (QE), consiste à acheter à grande échelle des bons du Trésor détenus par des banques, afin de donner une nouvelle source de liquidités à ces dernières, pour leur faciliter l’octroi de crédits. En clair, comme la BCE donne de l’argent aux banques en échange de ces titres, celles-ci disposent de plus de fonds pour accorder des prêts aux entreprises et aux ménages, et contribuer ainsi à la relance de la consommation et des investissements. De cette manière, les banques centrales espèrent déclencher la reprise économique. »

Est-ce que cela fonctionne ?

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Comme le montre ce graphique, la réponse est, hélas, factuelle et très facile à donner : non, cela ne fonctionne pas.

La ligne verte c’est le total du bilan de la BCE qui explose à la hausse car la BCE dépense de l’argent qu’elle n’a pas en le créant pour racheter tous les titres que nous évoquions plus haut.

La ligne bleue montre l’augmentation des commandes de l’industrie européenne : on ne peut pas dire que ce soit fameux.

Quant à la dernière, la ligne rouge, c’est l’inflation qui reste désespérément atone et montre bien que l’économie européenne est plongée dans une véritable dépression économique.

Pourquoi ça ne marche pas ?

Vous lirez dans cet article de L’Express, si vous voulez, leur explication à mon sens totalement vaseuse.

La réalité c’est que l’économie est dans une phase de « déflation larvée » car les facteurs structurant nos économies sont par nature déflationnistes.

Déflationniste la mondialisation puisque nous fermons nos usines ici pour faire produire moins cher là-bas.

Déflationniste l’immigration puisque nous exploitons de la main-d’oeuvre peu chère en abondance, ce qui permet d’éviter les augmentations de salaires liées aux tensions sur les disponibilités de main-d’oeuvre.

Déflationniste encore le vieillissement de la population et l’arrivée à la retraite de la génération des baby-boomers partout dans le monde.

Déflationniste toujours l’Europe et ses directives sur la libre-circulation des travailleurs avec les travailleurs détachés par exemple.

Déflationniste aussi les accumulations de dettes qu’il va bien falloir finir par rembourser à moins que nous choisissions la faillite…

Déflationniste les progrès technologiques, informatiques ou robotiques qui entraînent un moindre recours aux salariés…

Bref, la BCE comme la FED veulent lutter contre des facteurs déflationnistes qu’elles cultivent elles-mêmes et qui sont la conséquence de nos choix politiques et économiques.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, je peux vous assurer qu’aucune politique de la BCE ne pourra fonctionner car injecter de l’argent c’est comme injecter de la morphine. Certes cela peut nous épargner quelques douleurs, mais cela ne soignera pas le mal.

Le mal c’est la déflation et ce qu’il faut soigner, ce sont les causes de la déflation. Peu de gens le comprennent, encore moins nombreux sont ceux susceptibles d’apporter les bonnes solutions.

On peut donc prédire sans grand risque de se tromper que la crise a encore de très beaux jours devant elle, pour notre plus grand malheur à tous.

Il est déjà trop tard. Préparez-vous !

Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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