Quantitative easing : la BCE doit maintenant trouver des vendeurs

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Par Pascal Bernachon Modifié le 23 janvier 2015 à 15h07
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60 milliards €La BCE va racheter 60 milliards d'euros de dettes souveraines par mois jusqu'en 2016.

La Banque centrale européenne va donc racheter les dettes souveraines des Etats membres. En revanche, aucune nouvelle baisse des taux de la part de la BCE qui n'a donc pas opté pour baisser son taux de dépôt de -0.25 % à -0.50 %. Ce fut donc la conférence de presse qui était le plus attendu.

Bien entendu, les investisseurs savent que le programme d'achat de la BCE ne peut avoir autant d'effet que celui qu'avait fait la FED : ne serait-ce par les effets richesses qu'il induit au regard à la fois d'un marché immobilier qui ne fut pas, à l'exception de certains pays (Espagne), sinistrés comme aux Etats-Unis et aussi de la moindre importance de l'effet valorisation des actifs financiers dans l'épargne des ménages.

L'effet psychologique d'un rachat de dettes souveraines

Mais n'ignorons pas que l'effet psychologique a aussi une importance et s'ajoute aux effets positifs de la baisse de l'euro et des prix de l'or noir pour la zone. Enfin, M. Draghi se devait d'agir après avoir communiqué de nombreux mois sur ce Quantitative Easing au risque de perdre de la crédibilité. La question est bien de savoir si ce programme d'achats de dettes trouvera des vendeurs désireux d'apporter ce type d'actif à la banque centrale. Rappelons que les institutionnels, fonds de pension, assureurs, banques sont structurellement acheteurs de dettes souveraines soit pour des raisons de ratios de solvabilité soit par obligations structurelles. La BCE serait alors acheteuse des émissions souveraines y compris (peut- être) l'intégralité de la dette à émettre par l'Allemagne.

Rachat de dette ne signifie pas laisser aller pour les Etats membres

Enfin, la BCE dans ce programme ne veut en aucun cas dispenser les Etats de poursuivre les réformes structurelles et en aucun cas donner un blanc-seing à certains pays pour se "laisser aller". Mme Merkel, en direct du Forum de Davos, s'est exprimée sur ce sujet. Il a donc été décidé un achat de 60 milliards par mois de dettes souveraines et ce jusqu'en septembre 2016 soit légèrement supérieur au 1000 milliards annonces préalablement. Mais la limite est néanmoins à 25 % de chaque émission et à hauteur de 33 % de la dette de chaque émetteur. Les risques de perte seront partages pour 20% par mutualisation car l'absence d'un organisme Trésor Européen face à des Trésors nationaux justifie que les pertes éventuelles soient prises par les banques nationales et non pas la seule BCE.

Un rachat de dette majoritairement apprécié

Cette explication détaillée de M. M Draghi est importante car cela aurait pu laisser entendre que la BCE réinstaure une fragmentation de la zone euro à contrario du message fort de l'été 2011. M. Draghi a aussi insisté sur les objectifs de cette politique monétaire soit en donnant de la liquidité supplémentaire aux banques qui pourraient alors dispenser du crédit et aussi de modifier à terme les anticipations d'inflation des acteurs économiques. Bien entendu, s'il n'y eut pas d'unanimité de ce programme, Le Président indique que la majorité était très confortable et n'a pas nécessité de vote.

En attendant la reprise du crédit et de l'investissement des entreprises

Sans analyser la technicité de ce programme complexe dans la répartition des acteurs, Banque centrale européenne et banques centrales nationales, il est évident que M. Draghi aura fait plus que son travail. Reste néanmoins donc à l'amélioration du sentiment des affaires et la poursuite des réformes pour que les travaux de la BCE se transforment en une réalité : la reprise du crédit et l'investissement des entreprises. Pour autant, reconnaissons que la faiblesse de l'euro est déjà en partie un contributeur d'une reprise potentielle me? Me si 51 % des exportations sont intra zone euro et bien entendu maintenir pour une durée encore longue les taux d'intérêt a? 10 ans au plus bas. C'est à minima une baisse de la charge de la dette à défaut de ne pas voir diminuer la dette en elle-même.

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directeur de la gestion au sein de KBL Richelieu Gestion

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