Du Big Data à la Beautiful Data : la donnée n’a de sens qu’à travers l’humain

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Par Stéphane Labartino Modifié le 7 novembre 2019 à 17h14
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Beaucoup ne jurent ces derniers temps que par le Big Data. Une infinité de données disponibles, d’où devrait jaillir, comme par magie, la Vérité ! C’est une illusion ; une illusion dangereuse. Les données sont trompeuses si elles ne sont pas éclairées par l’analyse humaine, l’expertise et le talent. Il est urgent de passer de l’ère du Big Data à celle de la Beautiful Data, afin de redonner du sens à l’exploitation de la donnée.

Le culte du Big Data est évidemment né des avancées technologiques qui ont permis, au cours des vingt dernières années, d’emmagasiner, de consulter, et de traiter de manière automatisée d’immenses quantités de données, dont l’analyse donne des réponses statistiquement irréfutables (ou qu’on cherche à nous faire passer pour telles). Le meilleur exemple de cette réalité est l’algorithme Google, dont chacun de nous dépend dans sa vie de tous les jours.

La donnée ne peut pas remplacer le talent, la compétence et la connaissance du contexte

Mais la tendance à abandonner tout raisonnement au Big Data a également des sources conjoncturelles, notamment dans le monde de l’entreprise. Depuis la crise de 2008, les consultants en communication, en stratégie, en marketing, et dans bien d’autres domaines, sont devenus des « commodities » : des produits interchangeables dont les coûts doivent toujours être réduits. En faisant jouer une concurrence mondiale délocalisée d’abord, puis en remplaçant la créativité et le talent par des algorithmes. Une réalité qui touche désormais d’autres fonctions de l’entreprise, notamment les Ressources humaines, avant peut-être bientôt de s’appliquer à la gouvernance d’entreprise dans son ensemble.

C’est cette réalité, trop souvent tue, qui est devenue insupportable pour de nombreux acteurs du monde de l’entreprise. Cette tension constante, où les créations de valeur ajoutée humaine sont niées et méprisées au bénéfice de la donnée. Une donnée aveugle et souvent arbitraire qui sert régulièrement de justification pour de nouvelles coupes budgétaires… mais qui ne saurait donner un cap à l’entreprise et du sens au travail de l’ensemble de ses collaborateurs.

Car au-delà de toute considération morale, la principale conclusion du monde de l’entreprise tel qu’on le vit depuis 2008, c’est que la donnée ne peut pas remplacer l’humain, et qu’il est urgent d’inventer un système où les bénéfices de temps et les capacités de traitement de l’information que nous offrent les logiciels d’intelligence artificielle sont exploités par les Hommes au service des Hommes. C’est tout le concept de la Beautiful Data.

Beautiful Data : de la donnée ciblée et construite pour éclairer la prise de décision

Beautiful Data ? De la donnée, certes traitée de façon automatisée par un algorithme fondé sur l’analyse sémantique, mais qui a été au préalable sélectionnée par des professionnels pour sa pertinence au regard des besoins spécifiques de leurs interlocuteurs. Plutôt que de rechercher l’exhaustivité des sources et de la matière, la Beautiful Data provient d’un ciblage, d’une segmentation et de questions ouvertes, pour libérer la parole, générer de l’écoute, et arriver à produire des analyses riches et porteuses de sens.

Le pari de la Beautiful Data, c’est celui de la contextualisation et de la prise en compte de l’écosystème. L’une des pires folies de ces dernières années a consisté à penser que tout pouvait être délocalisé, et que des équipes éclatées aux quatre coins du globe pouvaient avoir une réflexion stratégique pertinente sur les enjeux et les défis auxquels font face des entreprises implantées sur un territoire, sur un marché, et qui doivent satisfaire des clients qui ne sont pas globaux.

C’est aussi le piège du Big Data. Le globalisme de l’économie devenu un gloubi-boulga de la donnée, qui permet de tout justifier, et qui génère in fine de la donnée déstructurée qu’aucune compétence humaine n’a travaillée pour lui donner du sens. C’est un peu comme se jeter dans une botte de foin dans l’espoir d’y trouver une aiguille… sans même savoir au préalable s’il y a réellement une aiguille dedans. C’est une logique totalement absurde et dont il faut sortir.

Le monde de l’entreprise a besoin de compétences et de talents. Talent et compétences de femmes et d’hommes capables d’apporter des regards nouveaux et des idées fraîches. La donnée n’est pas un monstre ou une idole. C’est un outil qu’il faut s’approprier pour lui donner du sens. Un outil qui éclaire la prise de décision, mais qui ne peut pas, et ne doit pas, se substituer à l’arbitrage humain.

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CEO de Comongo, startup qu’il a fondée après 20 années d’expérience dans le domaine de la communication stratégique et managériale, en France et dans la Silicon Valley.

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