Le bonheur en boîte

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Par Christelle Pradier Publié le 12 septembre 2018 à 5h00
France Entreprise Bonheur Travail
3,2 millionsLa France compte 3,2 millions d'entreprises.

À l’image de l’espérance ou de la liberté, le bonheur est une notion philosophique intangible. Lorsqu’on le cherche, on ne le trouve pas. Et, c’est souvent a posteriori qu’on le constate.

Ce caractère impalpable le rend presque impossible à qualifier. Dans ce sens, l’expression « le bonheur au travail » apparaît d’autant plus paradoxale. C’est un peu comme essayer de mettre un dauphin dans un petit aquarium, quelque chose de vaste et d’insaisissable dans un cadre extrêmement défini, normalisé et pragmatique. Toutefois, cette notion traduit une réalité : les cloisons entre vies privée et professionnelle s’effacent. De même que l’on peut invoquer un droit au travail, en va-t-il de même pour le bonheur ?

Le bonheur au travail : une notion mesurable

Bien que parfois antinomique, l’expression « le bonheur au travail » a pourtant du sens, puisque contrairement à la vie privée, le travail – de par son cadre tangible – est un espace où tout le monde partage une même réalité, déterminée par les attributs du quotidien, on peut aisément définir les conditions nécessaires à l’un épanouissement professionnel. Parler de « bonheur au travail », c’est aussi soumettre ce concept à une notion de résultat mesurable. Ainsi, il est possible d’estimer la satisfaction de ses collaborateurs en observant le taux d’absentéisme, de turn over ou encore en les interrogeant au travers de questionnaires.

Au niveau individuel, on peut dès lors définir le bonheur au travail par le creux (l’absence de stress ou de surcharge de travail…) ou par le plein (comprendre sa contribution au succès de l’entreprise, se sentir impliqué dans une équipe…). Il est aussi possible de l’entendre par ce que l’individu projette dans ses missions et la capacité qu’a l’entreprise de l’accompagner dans son ambition première : la réalisation de soi.

Plus qu’une tendance, une exigence !

Dans une organisation, le bonheur acquiert donc une dimension rationnelle. La nouvelle génération exige d’ailleurs que l’entreprise crée les conditions de son épanouissement, que celles-ci soient matérielles (le cadre de travail, les espaces de détente…) ou immatérielles (l’écoute, le partage, le sens, ou encore la collaboration…). L’entreprise est encouragée à mettre en place un système de management permettant aux individus de se sentir à l’aise, d’apprendre à gérer leurs émotions, d’échanger sur ce qu’ils vivent au quotidien. L’apparition des Chief Happiness Officer, ces agents du bonheur, découle de cet impératif.

Si les anciennes générations s’estimaient satisfaites d’être payées pour leur labeur et se contentaient de trouver le bonheur ailleurs que dans leur activité professionnelle, il semblerait donc que le rapport au travail ait considérablement évolué. Aujourd’hui, nous sommes entrés dans une ère où l’entreprise est perçue comme l’élément d’un tout et non plus comme un monde à part ; ce qui nous rendait heureux hier n’est plus ce qui nous rend heureux aujourd’hui, ni ce qui nous rendra heureux demain.

Attention toutefois à ce que l’entreprise ne devienne pas le seul espace de réalisation, car si le bonheur en entreprise est quantifiable, il peut être tentant de s’en contenter et de surinvestir cet aspect de la vie. Or, par définition, le travail seul ne peut permettre d’être heureux et de se réaliser pleinement. Le bonheur au travail n’est donc qu’un élément maîtrisable du bonheur, qui lui-même reste tout aussi insaisissable et personnel dans toutes les autres dimensions de la vie.

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Christelle Pradier est Directrice du Recrutement chez Sopra Steria.

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