Brexit : Bye Bye Fintech, I love you not

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Par Cédric Teissier et Arthur de Catheu Publié le 2 juillet 2016 à 5h00
Brexit Fintech Entreprises France Angleterre
51,7 %Les Britanniques ont voté à 51,7 % en faveur d'un Brexit.

La décision britannique de sortir de l’Union Européenne marque la fin d’un règne pour les startups londoniennes spécialisées en Finance. Jusqu’ici en position dominante elles devront entâmer une processus d’acquisition massif ou céder la place au Fintech parisiennes en pleine ascension.

« Si les britanniques choisissent le Brexit, le Royaume Uni souffrira, et l’Europe aussi », déclarait jeudi 23 juin, Taavet Hinrikus, co-fondateur et CEO de la plate-forme de changes TransferWise, une des Fintech londoniennes les plus prometteuses d’Europe. Il se faisait là le porte parole de près de 80% de ses consoeurs, nombreuses donc, à s’être réveillées aujourd’hui avec la gueule de bois. Clairement, pour les startups londoniennes, cette sortie sonne la fin d’un règne avec l’arrivée de nouveaux obstacles assez conséquents. Tout d’abord une européanisation fortement remise en question. Les petites anglaises seront effectivement confrontées à de nouvelles contraintes réglementaires, forcées d’ouvrir des filiales, d’obtenir de nouveaux agréments, etc. « Les fintech britanniques pourraient, comme le rappelait Philippe Gelis, CEO de Kantox, la semaine dernière à MoneyConf, avoir besoin de nouveaux sièges sociaux dans les autres pays de l’Union Européenne. » D’autre part, d’un point de vue macro-économique, un contexte volatile, incertain et complexe ne peut pas faire de bien à ce marché, déjà truffé d’embuches. Enfin, l’effet domino est largement redouté, particulièrement au sein des pays d’Europe du Nord et d’Europe Centrale.

Paris, future place de référence de la zone euros ?

Côté français, le ministre des finances Michel Sapin souhaite ainsi faire de Paris « la place de référence de la zone euro » pour les financements de marchés des entreprises de « la finance dite intelligente ». En d’autres termes la finance verte, les investissements socialement responsables ou encore le financement de projets d’infrastructures. « Tous doivent trouver à Paris des financements adaptés et performants », a-t- il indiqué. Le ministre a ensuite souhaité rappeler l’importance du développement à Paris des Fintech (sociétés qui développent des technologies innovantes dans la finance) et « des initiatives technologiques en dialoguant avec les nouveaux entrants, en identifiant de façon active d’éventuelles limites réglementaires non justifiées. » Enfin, Bercy souhaite que la place financière parisienne fournisse « aux entreprises et aux intermédiaires financiers les infrastructures de marché et les fonctions support les plus performantes possible. » Le lancement prochain du Forum Fintech sous la supervision de l’Autorité des marchés financiers et de l’Autorité de contrôle prudentiel et de révolution, et qui réunira l’ensemble des acteurs publics et privés du secteur, devrait permettre de dynamiser rapidement le marché français, et accroître rapidement l’attractivité de Paris pour l’écosystème mondial.

Une vague de consolidation à prévoir

Historiquement, les startups londoniennes ont bénéficié de financements supérieurs à celles d’autres pays en vue d’obtenir une position dominante en Europe. Avec ce résultat, il est facilement imaginable que la solution la plus rapide soit d’entrer dans une phase de rachats de sociétés locales. Nul doute que certaines des sociétés françaises de crowdlending vont devenir rapidement des cibles évidentes pour des acteurs tels Funding Circle, Zopa ou Ratesatter. Et cette perspective semble d’autant plus imminente pour les acteurs du paiement, qui pour la plupart ont besoin d’une capacité réglementaire à opérer dans plusieurs juridictions. Attendons-nous à ce qu’une vague gigantesque d’acquisitions transfrontalière ait lieu durant les 24 prochains mois, période pendant laquelle une zone de flottement pré-sortie risque de s’installer.

L’important ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage

Mais, in fine, l’important reste la raison même des sociétés Fintech : proposer de nouveaux services, plus simples, plus lisibles et plus accessibles aux clients. Qu’ils soient consommateurs ou entreprises. Et c’est là que la question se complique. Quel impact une telle décision aura sur la capacité de ces jeunes acteurs à faire bouger durablement les lignes sur un vaste territoire ? On pense notamment à leur capacité à lever des fonds, à recruter des talents, à ouvrir des antennes locales à moindre frais, etc. Pour les vainqueurs, le parcours n’en sera que plus ardu, et les perdants seront bien plus nombreux qu’on ne l’espérait. Mais dorénavant, une chose est sûre : les vainqueurs ne seront certainement plus les anglais !

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Cédric Teissier et Arthur de Catheu, dirigeants fondateurs de Finexkap

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