Le budget 2018 arrive à l’Assemblée, l’ISF va crisper les tensions

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 17 octobre 2017 à 6h32
Programme Macron France Economie Croissance
15 MILLIARDS €Le gouvernement vise les 15 milliards d'euros d'économies en 2018.

Alors que la popularité d’Emmanuel Macron est en baisse et que l’entretien accordé à TF1 dimanche 15 octobre 2017 dans la soirée n’a pas convaincu les Français, voilà que la loi de Finances pour le Budget 2018 arrive mardi 17 octobre 2017 à l’Assemblée nationale. C’est le premier Budget du nouveau Président et il arrive avec son lot de réformes tendues. La suppression de l’ISF, notamment, ne plaît ni à gauche, ni à droite.

1 200 amendements pour le projet de loi de Finances 2018

Le premier Budget de l’ère Macron va concentrer les tensions sur une réforme en particulier : la suppression de l’ISF et sa transformation en IFI. Une réforme qui est critiquée à droite comme à gauche et pour laquelle de nombreux amendements ont été déposés. Au total, 1 200 amendements ont été déposés au projet de loi des Finances.

Le gouvernement peut compter sur sa majorité absolue grâce à ses 308 députés, si toutefois ils sont tous présents. Car sur certains points, dont l’ISF, même ses alliés ne sont pas convaincus. C’est le cas notamment du Modem et de ses 42 députés : ils ne veulent pas la suppression de l’ISF et ont déposé un amendement en ce sens visant essentiellement à en réduire l’assiette plutôt qu’à la changer complètement.

La gauche critique un cadeau aux riches, la droite une réforme incomplète

Si la suppression de l’ISF et sa transformation en IFI ne plaisent ni à gauche ni à droite, ce n’est pas pour les mêmes raisons. La gauche, par exemple, estime que cette réforme, qui coûtera près de 3 milliards d’euros à l’État, est un cadeau fait aux riches. Le scandale des biens ostentatoires comme les voitures de luxe ou les yachts, sortis du projet initiale, pourrait être calmé par l’ajout d’une taxe su ces biens ainsi que sur les métaux précieux, mais cette taxe n’apporterait que 50 millions d’euros de recettes supplémentaires, un goutte d’eau.

Du côté de la droite, sans surprise, on regrette le maintien d’une taxe : l’IFI (Impôt sur la Fortune Immobilière).

Des milliards d’économies qui ne passent pas

Autre problème, cette fois pour la gauche, les coupes prévues dans le budget de l’Etat : le gouvernement veut réaliser 15 milliards d’euros d’économies, en réduisant notamment les aides sociales, les dépenses de la Sécurité Sociale et le budget des collectivités locales. Des coupes qui seront votées alors que la suppression de l’ISF et la flat tax sur les revenus du capital réduiront de 4,5 milliards d’euros par an les recettes de l’État.

Mais le gouvernement compte ainsi réussir son objectif et réduire sous la barre des 3 % le déficit public comme le réclame Bruxelles. Un objectif réalisable puisque la croissance, selon les dernières estimations de l’Insee et de la Banque de France, pourrait atteindre 1,7 % voire 1,8 % en 2017, du jamais vu depuis des années.

Sauf que le budget 2018 est déjà mis à mal par la censure, de la part de la CJUE et du Conseil d’État, de la taxe sur les dividendes votée en 2012 et appliquée sous le quinquennat Hollande. L’État risque de devoir rendre aux entreprises près de 10 milliards d’euros à court terme alors que le gouvernement espérait ne devoir rendre que moins de 5 milliards d’euros et pouvoir étaler le paiement.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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