Le « Minsky Moment » du S&P 500

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Par Christopher Dembik Publié le 6 août 2014 à 2h55

Ce fut un réveil douloureux pour les investisseurs ce 15 juillet 2014. Lors de son intervention devant le Congrès, Janet Yellen a fait part de son inquiétude par rapport à l'émergence de bulles spéculatives:

« Les valorisations des biotechs et des réseaux sociaux semblent tendues. »

Les mots étaient soigneusement choisis mais cette précaution fut superficielle. Les marchés ont décroché.

Etre dans une bulle est un phénomène économique normal, certainement inévitable en période quasi-généralisée de taux zéro.

Mieux, nous savons où ces bulles sont localisées : certaines valeurs internet, dont on doute du business model, les obligations des entreprises risquées ou encore celle des pays périphériques de la zone euro.

La question est de savoir si elles font peser un risque immédiat pour la reprise économique mondiale. Pour l'instant, non.

Le discours a été un électrochoc pour certains mais, depuis le début de l'année, le marché bruisse de rumeurs insistantes à propos des bulles. C'est d'ailleurs une bonne chose. L'absence d'opinions contradictoires serait le signe que la confiance est absolue...aveugle, oserions-nous dire.

Pour autant, cela ne signifie pas que le niveau des indices n'est pas préoccupant. Il l'est. En revanche, la hausse, dont l'amplitude pourrait être assez limitée, a encore de beaux jours voire de beaux trimestres devant elle avant que les bulles n'éclatent et ne disséminent l'aversion au risque à l'ensemble des marchés.

N'oublions pas que c'est en 1996 qu'Alan Greenspan évoquait la fameuse « exubérance irrationnelle » sévissant sur les indices. Elle dura encore quatre ans de plus.

Le « Minsky moment » n'est pas pour aujourd'hui. La « bullish mania » devrait continuer en fin d'année et peut-être même en 2015, ce qui n'exclut pas des phases de consolidation ou de correction pour que le marché reprenne son souffle. Le risque géopolitique, la fin du QE pourront être, dans cette perspective, les excuses trouvées par le marché.

Le vrai défi, c'est le deuxième semestre 2015 lorsque les taux commenceront à être relevés substantiellement au niveau mondial, par la FED et par de nombreuses autres banques centrales.

D'ici là, le marché devrait vivoter entre phases d'hésitation et phases d'optimisme. Mais, vu le rendement probable offert par le S&P 500 au cours des prochains mois, il ne faudra pas hésiter à se tourner vers les marchés émergents. Le MSCI Marchés Emergents a ainsi gagné plus de 12% en un an et son potentiel reste élevé. A condition d'avoir conscience des risques pris.

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Christopher Dembik est économiste chez SaxoBank.

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