Ça passe ou ça casse

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Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 27 décembre 2016 à 13h03
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47 %47 % des personnes interrogées étaient favorables au retour au franc

Inutile de tourner autour du pot. Tout ceux connaissant l’état de santé réel de la France et de son économie, savent qu’il est déjà trop tard pour sauver l’arbre entier. Il faudra couper plusieurs branches pour sauver le tronc et ce que l’on pourra de sa ramure.

Quand je prenais le risque de tirer la sonnette d’alarme en 2006, il y a donc plus de dix ans, sur notre dette, sur le déficit de notre balance commerciale, sur le déficit de la Sécu et des systèmes de retraite, etc , je me faisais, au mieux, brocarder, au pire, agresser.

47 % des personnes interrogées étaient favorables au retour au franc

De la même manière, quand, en 2006, Economie Matin, avait commandé un sondage sur les Français et l’euro, qui révélait que 47 % des personnes interrogées étaient favorables au retour au franc (contre 46 %), le chroniqueur économique de France Info, Jean-Louis Gombaud, avait commenté ce sondage à l’antenne en commençant par « à poser des questions imbéciles, on obtient des réponses idiotes ».

Et pourtant, aujourd’hui, à défaut d’un consensus, la plupart des économistes et des éditorialistes conviennent, admettent, reconnaissent, affirment que la monnaie unique est un problème pour la France et nous a coûté beaucoup plus cher qu’elle ne nous a apporté. Tout le contraire des allemands, qui, eux, en ont largement profité, l’euro n’étant finalement qu’un mark dopé. De la même manière, un homme politique est parvenu à séduire les électeurs de droite en présentant un bilan de santé de la France à peine éloigné de la réalité, tout en proposant un programme fait « de sang et de larmes », comme le condamnent ses adversaires de tout bords.

Oui, les prochaines années seront déterminantes pour notre « modèle » social.

Il est évident que le salariat est un accident dans l’histoire de l’Humanité et du travail humain. D’autres formes de création de valeur et de rémunération du « temps homme », qu’il soit manuel ou intellectuel, sont à inventer, au delà de l’auto-entreprenariat.

La Sécurité Sociale, l’Assurance maladie, le système mutualiste sont voués à disparaître

Il tombe également sous le sens que la Sécurité Sociale, l’Assurance maladie, et le système mutualiste dans son ensemble, sont voués à disparaître à court ou moyen terme, en tout cas sous la forme qu’on leur connaît actuellement. Leurs déficits structurels, dans le « monde réel », les auraient conduits depuis longtemps à la faillite, et à la reconstruction schumpetérienne. Pour prendre un seul exemple, comment accepter durablement que des assurés puissent délibérément s’abimer la santé en fumant, alors que le rapport cotisations/ prise en charge est tellement défavorable à la Sécu qu’il lui coûte, tous les ans, 47 milliards d’euros, contre 15 milliards de recettes ?

Il faudra aussi accepter l’idée que le plein emploi est impossible, tout au moins dans certains pays ayant pris trop de retard sur les autres. Accepter qu’une natalité en berne se payera dans 20, 30, 50 ans, au prix fort, avec un 3e et un 4e âge représentant entre 25 % et un tiers de la population... donc, à sa charge. Ou pas. Je saute allégrement à pieds-joints au dessus de l’indispensable et évidente transition énergétique, sans parler de la crise migratoire majeure que l’Occident va affronter, sachant que l’épisode actuel n’a même pas le statut de préliminaires, pourtant déjà fort désagréables.

2017 va marquer un tournant dans l’histoire de notre pays

Oui, 2017, avec, en France, la désignation d’un nouveau Président mais surtout, le choix d’une nouvelle route, va marquer un tournant dans l’histoire de notre pays. Les présidentielles de 2007 et 2012 devaient se jouer sur les programmes économiques des candidats. Au lieu de cela, ce sont des promesses intenables qui les ont départagés, ou bien exclus du jeu. On ne peut qu’espérer qu’enfin, cette fois, les Français puissent et choisissent de se prononcer, en fonction de la feuille de route à laquelle ils adhéreront le plus. On ne peut qu’espérer que les candidats s’affronteront sur des « bilans vérité » et des mesures audacieuses.

Et pour cela, la maîtrise, et la compréhension de, allez, quoi, 10 à 20 % des mécanismes et données économiques qui régissent notre monde et notre pays sont indispensables. Avant de décider pour qui voter, forgez-vous une opinion sur les grands sujets évoqués plus haut.

Nous n’avons plus les moyens de faire l’impasse, car nous y sommes déjà, et tout au fond encore !

Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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