CAC40 : coup d’arrêt à 4500 pts

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Par Alexandre Baradez Modifié le 9 mai 2014 à 9h13

Après un test des 2500 points au moment de la crise des subprimes aux Etats-Unis, puis un autre test des 2700 pts au moment de la crise de la dette en zone euro, l'indice français s'est sensiblement repris à partir de l'été 2012 lors de la fameuse intervention du président de la BCE qui a déclaré qu'il était prêt à tout pour sauver l'euro en ajoutant « et croyez-moi ce sera suffisant ».

Dès lors le CAC40 a entrepris un solide rally haussier qui l'a fait passer de la zone des 3000 points à près de 4500 points il y a quelques jours. Mais cet élan haussier a sensiblement ralenti en avril, la zone des 4500 points empêchant toute nouvelle progression à la hausse.

Le marché ne s'est pas arrêté dans cette zone par hasard. En observant un graphique long terme on constate que cette zone a été testée plusieurs fois par le marché comme support mais également comme résistance que ce soit au moment de la formation puis de l'éclatement de la bulle internet mais également lors de la chute liée à la crise des subprimes aux Etats-Unis. Il s'agit donc d'une zone technique importante qui revêt un caractère psychologique particulier.

Autre élément important : une partie de la hausse récente du CAC40 s'est faite sur les anticipations d'une intervention de la BCE, anticipations accrues par l'évolution de l'inflation en zone euro. Malgré un petit rebond de 0.5% à 0.7% récemment, les niveaux de prix sont toujours largement en-dessous des objectifs de stabilité des prix de la banque centrale fixés à 2%. L'absence de signaux de hausse des prix en amont comme les prix à la production ou à l'importation dans les pays « cœurs » de la zone euro renforce également le sentiment que la hausse de l'inflation mettra du temps à se dessiner. Même si Mario Draghi répète depuis plusieurs mois que l'inflation fera son retour en même temps que la croissance, il est confronté à la hausse de l'euro face au dollar qui bloque les effets de l'inflation importée. Face à une demande toujours atone en zone euro (chômage élevé) et à un marché du crédit peu dynamique (période d'examen des actifs bancaires par la BCE), difficile d'anticiper une hausse rapide de l'inflation dans ces conditions.

Face à cette situation qui dure depuis des mois, les marchés ont en partie anticipé dans les prix une action d'assouplissement monétaire supplémentaire de la BCE après les LTRO de 2011 et 2012 et les baisses de taux successives depuis l'arrivée aux commandes de Mario Draghi. Force est de constater que le panel d'outil de la BCE reste large : baisse de taux, taux négatif sur les dépôts, nouveau LTRO, mise en place d'un plan d'achat d'actifs, revitalisation des ABS/titrisation. Mais jusqu'à présent son président s'est contenté de conserver une rhétorique dissuasive sans pour autant activer de nouvelles mesures accommodantes provoquant ainsi la stagnation des indices actions (CAC40, DAX notamment) qui avaient capitalisé sur une intervention.

D'autres paramètres expliquent également ce blocage du CAC40 à 4500 points : plusieurs indicateurs macro-économiques européens se stabilisent après plusieurs mois d'amélioration, ne surprenant ainsi plus le marché (PMI manufacturier et services, taux de chômage toujours élevé dans plusieurs pays du sud de la zone euro, indicateurs de confiance des consommateurs, ventes au détail, etc...) sans oublier plusieurs déclarations de membres du Conseil des gouverneurs de la BCE qui ont partiellement refroidi les ardeurs des investisseurs en déclarant successivement qu'ils n'anticipaient pas de risque déflationnistes en zone euro.

Enfin, les derniers chiffres de l'emploi aux Etats-Unis ont également ont également installé le doute : bon chiffre des créations d'emplois non agricoles en avril (288k alors que le marché tablait sur 215k) et baisse du taux de chômage à 6.3% mais en parallèle baisse du taux de participation à la population active et stagnation du salaire horaire moyen (laissant craindre pour la consommation). Les marchés US ont sanctionné les chiffres...et les marchés européens également par effet de corrélation.

La Chine a fini d'enfoncer le clou lundi avec un PMI manufacturier ressorti une nouvelle fois contracté, confirmant les craintes du ralentissement de la Chine, sans oublier les évènements géopolitiques en Ukraine et l'absence de désescalade des tensions, faisant craindre une montée en puissance des sanctions impactant négativement la Russie avec des dommages économiques collatéraux.

Dans ce contexte, le CAC40 cède du terrain et une absence d'intervention de la BCE jeudi ou une intervention jugée insuffisante pourrait affecter plus fortement la tendance avec un retour dans la zone des 4350 points puis 4200 points.

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Diplômé de l’ESCE (Ecole Supérieure de Commerce Extérieur), Alexandre Baradez débute sa carrière chez EBG FINANCES en 2003 en tant que consultant spécialisé en défiscalisation immobilière. Il intègre le département Gestion Privée de BNP PARIBAS en 2005 où il assure la gestion et le suivi d’un portefeuille de 400 clients. En 2008, il rejoint Banque Robeco Gestion Privée où il a en charge la gestion d’un portefeuille de 650 clients. Il délivre un conseil sur OPCVM, la constitution et la gestion d’un patrimoine en exploitant l’actualité macro et micro-économique. En octobre 2009, il rejoint Saxo Bank en tant que Sales Trader et devient en 2011 Analyste Marchés de la banque dont il est l’interlocuteur privilégié auprès des medias français. Aujourd'hui, Alexandre Baradez est Responsable Analyses Marchés chez IG France.

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