La cache d’armes de 5.000 fusils de la CGT et l’attaque du gouvernement contre le dernier bastion

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Par Charles Sannat Modifié le 5 avril 2018 à 10h07
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2,25 %Les éditeurs de presse devront verser 2,25 % de leurs recettes durant 5 ans.

Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

L’histoire des relations sociales dans notre pays est très complexe, compliquée, et parfois, il fut très risqué aussi bien pour le patronat que pour nos différents gouvernements successifs de se battre contre la CGT, émanation syndicale en France du Parti Communiste et donc tête de pont ouvrière de l’ex-URSS.

Pour comprendre ce qu’il se passe aujourd’hui, il convient toujours de remettre les choses dans leurs perspectives historiques, et à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, le parti communiste était très puissant dans notre pays et la guerre froide était là. Nous avions peur qu’elle devienne une guerre chaude, c’était l’époque du blocus de Berlin, ou de la crise de Cuba.

À l’origine, le syndicat du livre, les NMPP et aujourd’hui Presstalis !

Laurent Joffrin (PDG de Libération) ou Nicolas Beytout (patron des Échos) dénoncent leurs méthodes – le premier a évoqué le jeudi 30 octobre 2008 sur France Inter des menaces physiques constantes, le second l’avait fait en juin lors d’une précédente grève.

Mais beaucoup d’autres se taisent : très susceptible, le livre peut bloquer la parution de leurs journaux et leur faire perdre des millions d’euros.

« Off the record » cependant, des patrons se répandent sur des méthodes qu’ils jugent «mafieuses», voire «terroristes» »… Rien que ça, et ce genre de propos n’est pas aussi outrancier que cela peut le sembler au premier abord.

Les NMPP, la plus grosse cache d’armes de France

Les NMPP c’étaient les nouvelles messageries de la presse parisienne. L’entreprise qui imprimait et distribuait les journaux, une entreprise aux mains de la CGT du livre. Devenue Presstalis aujourd’hui, pas grand-chose n’a changé ou presque à en croire les difficultés chroniques de cette entreprise.

Fin 1991, pas moins de 5.000 armes dormaient dans un entrepôt des NMPP à Saint-Ouen : fusils, carabines, armes de guerre et munitions ad hoc, toutes issues de la faillite de Manufrance dix ans plus tôt, et stockées là par des ouvriers CGT. Pourquoi ? Les ouvriers ont considéré les NMPP comme l’entreprise la plus sûre de France, car ils y ont entreposé des matériels d’un intérêt stratégique, voire révolutionnaire… Pour renverser le gouvernement et prendre le pouvoir, les communistes, la CGT et leur branche armée cachée sous le Syndicat du livre se préparait à la guerre civile, à l’insurrection armée, et cela ne choquait personne de stocker 5.000 fusils…

Finalement, le gouvernement négociera avec la CGT la remise de tout le stock d’armes contre l’impunité des auteurs. Discrètement transportées par des gendarmes, on les a retrouvées un beau matin dans un champ d’Eure-et-Loir… Gentils et bien aimables nos amis les gendarmes.

Un patron de presse demande une enquête parlementaire sur Presstalis

Rien n’arrive par hasard vous disais-je. Or on apprend, par un article du 4 avril du magazine Challenges, que le patron du journal Le Un et ex-directeur du Monde, Eric Fottorino, a demandé mercredi 4 avril l’ouverture d’une enquête parlementaire sur le naufrage de Presstalis, le principal distributeur de journaux en France. Presstalis (ex-NMPP) était (de nouveau) au bord du gouffre avant qu’un protocole d’accord ne soit signé en mars, impliquant de lourds versements des éditeurs de presse et de l’État, pour le sauver.

Alors que les éditeurs de presse, comprenez les journaux papiers, vont très mal (et ils ont également leur part de responsabilité), ils devront verser 2,25 % de leurs recettes durant 5 ans, alors que l’État, lui, accepte de remettre au pot 90 millions d’euros… pour renflouer la bête, et la bête qui se cache derrière la raison sociale Presstalis c’est évidemment l’un des derniers et des plus puissants bastions de la CGT.

La CGT a déclaré la guerre, Presstalis pourrait être liquidée

Les choses arrivent rarement par hasard, et les recours ont été déposés et les enquêtes demandées contre Presstalis au moment même où la CGT est entrée en guerre contre le gouvernement sur le statut des cheminots et des cheminottes (vous avez remarqué que maintenant il faut parler des cheminottes, ce qui est fort jolie comme mot mais un tantinet ridicule disons-le).

« Puisque rien ne bouge, nous demandons l’ouverture sans délai d’une commission parlementaire, qui fera la lumière sur ce scandale français », souligne Eric Fottorino dans le numéro du Un paru mercredi, qui consacre une longue enquête à Presstalis. En outre, le SAEP, syndicat représentant des petits éditeurs de presse indépendants, a indiqué à l’AFP avoir déposé mardi des recours auprès de la Cour d’appel de Paris contre les mesures exceptionnelles pour sauver Presstalis récemment décidées par le Conseil supérieur des messageries de presse (CSMP) et validées par l’Autorité de régulation de la distribution de la presse (ARDP). »

Presstalis, c’est 1.200 personnes, dont un énorme pourcentage d’encartés de la CGT.

En s’attaquant à Presstalis, le gouvernement Philippe envoie un message très clair à la CGT et à son secrétaire général Martinez : amusez la galerie 15 jours et rentrez faire chauffer les merguez pour la prochaine manif pour la forme, mais n’allez pas plus loin, sinon, l’État vous coupera les robinets de financements.

Le président Macron et le gouvernement Philippe veulent faire plier la CGT et casser les syndicats non-coopératifs.

Ils devraient y arriver et ces grèves, mal se passer. On a d’ailleurs vu certains mouvements de foule entraînant des chutes sur les voies. Il y a également une montée très forte, comme il était prévisible, des tensions entre salariés de la SNCF et les gentils usagers passablement énervés.

Nous ne sommes plus dans les années 90. La CGT n’a plus 5.000 fusils et ne fait plus trembler la République.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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