Le calendrier, seul fil conducteur pour se positionner sur les marchés

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Par Hervé Goulletquer Modifié le 3 octobre 2018 à 10h29
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2,4%Le gouvernement va peut-être revenir sur sa projection d?un déficit budgétaire de 2,4 % de PIB en 2019.

L'incertitude règne quant à la situation italienne. Mais des rendez-cruciaux sont prévus dans les semaines à venir. Dans le cas du Brexit, là aussi le calendrier livrera ses vérités.

Situation en Italie : le calendrier, seul repère fiable pour les marchés

Le marché financier continue de questionner la situation italienne. Il cherche à tirer un fil qui conduirait à une perspective un tant soit peu claire. Mais l’écheveau est trop serré pour que le geste puisse être effectué. Le gouvernement et sa majorité ne veulent pas sortir de l’ambiguïté qu’ils ont mise en place et savamment gérée depuis leur arrivée au pouvoir à la fin du mois de mai dernier. N’entendait-on pas hier le Président de la commission du budget de la Chambre basse du Parlement, Claudio Borghi, dire que tout serait plus facile si l’Italie avait sa propre monnaie et l’un des deux Vice-présidents du Conseil, Luigi di Maio, affirmer que le gouvernement ne reverrait pas à la baisse, ne serait-ce que d’un millimètre, sa projection d’un déficit budgétaire de 2,4 points de PIB en 2019 ? Mais durant la nuit la presse italienne fait état d’un atterrissage possible de l’impasse des comptes publics à l’horizon 2021 à 2 points de PIB. On avait compris auparavant que la cible était de 2,4 points pour les trois années prochaines. Et le rendement des titres d’Etat de monter ou de baisser au rythme de ces nouvelles.

A quoi s’accrocher dans ce nécessaire exercice de recherche de clarification auxquels les marchés s’obligent ? Aux éléments de calendrier, même s’ils ne peuvent être entièrement considérés comme des points fixes. Dans les prochains jours, le gouvernement doit envoyer au Parlement le détail de son projet de loi de finances. Il sera alors rendu public. En milieu de mois, une copie du document est aussi transmise à la Commission européenne. Si le Parlement a normalement jusqu’à la fin de l’année pour voter le budget, le tempo est plus rapide concernant la réaction de Bruxelles. La Commission, une fois le document reçu, a une semaine pour demander des explications et deux semaines de plus pour décider ou non d’adopter une opinion négative et demander alors au Cabinet italien de « revoir sa copie ». Celui-ci a trois semaines pour proposer une révision du projet. S’il refuse d’« entendre » les arguments de Bruxelles, une procédure pour déficit excessif peut être ouverte par Bruxelles. Le tout nous amène vers la mi-novembre. De quoi encore louvoyer du côté de la majorité politique au pouvoir en Italie et encore tanguer du côté des marchés.

Des rendez-vous cruciaux à venir aussi pour le dossier du Brexit

Le calendrier est sans doute aussi le seul fil conducteur à disposition pour se positionner par rapport au dossier du Brexit. La conférence du Parti conservateur britannique se termine aujourd’hui et on y attend l’intervention de la Première ministre. Jusqu’à maintenant ses adversaires ont été critiques, mais n’ont pas cherché à créer les conditions d’un départ de Theresa May. Peut-être n’en n’ont-ils pas simplement Hic et Nunc les moyens. Ce qui signifie que le processus de discussion puis de ratification va se poursuivre. Rappelons-en les grandes étapes.

Dans les prochains jours, le secrétaire au Brexit, Dominic Raab, se rend à Bruxelles pour tenter de faire avancer le dossier de la frontière entre les deux Irlandes. La semaine prochaine, les ambassadeurs des 27 auprès de la Commission se réunissent pour préparer le Conseil européen des 18 et 19 octobre. La réunion a longtemps été considérée comme celle qui verrait se forger un consensus sur le texte à la fois de séparation du RU de l’EU et de balisage des relations futures. Le risque (réel) est que cela ne soit pas possible. Dans ce cas, une réunion d’urgence serait sans doute convoquée en novembre. Et puis, il y a le dernier Conseil de l’année, les 13 et 14 décembre. Il s’agit de la date au plus tard pour signer l’accord d’une séparation devenant effective au 29 mars de l’an prochain.

On entrera alors dans la double démarche d’approbation par le Parlement britannique et de ratification sur le Continent. Le processus d’approbation peut réserver des difficultés, au double titre d’une possible fronde à l’intérieur du groupe conservateur et du refus affiché par le Parti travailliste de voter tout texte sur le Brexit présenté par le gouvernement. De quoi prolonger le moment des interrogations sur le devenir du Royaume-Uni jusqu’au début de l’an prochain.

Bien sûr, « patience et longueur de temps font plus que force ni que rage » ; mais ce n’est pas facile à vivre !

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Hervé Goulletquer est stratégiste de la Direction de la gestion de La Banque Postale Asset Management depuis 2014. Ses champs d’expertises couvrent l’économie mondiale, les marchés de capitaux et l’arbitrage entre classe d’actifs. Il produit une recherche quotidienne et hebdomadaire, et communique sur ces thèmes auprès des investisseurs français et internationaux. Après des débuts chez Framatome, il a effectué toute sa carrière dans le secteur financier. Il était en dernier poste responsable mondial de la recherche marchés du Crédit Agricole CIB, où il gérait et animait un réseau d’une trentaine d’économistes et de stratégistes situés à Londres, Paris, New York, Hong Kong et Tokyo. Il est titulaire d’une maîtrise d’économétrie, d’un DEA de conjoncture et politique économique et diplômé de l’Institut d’Administration des Entreprises de Paris.

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