Et Bruno Le Maire découvrit que capitalisme et respect des personnes ne vont pas de pair

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 31 mars 2020 à 6h44
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5 EUROSLe gouvernement a baissé les APL de 5 euros en 2018.

L’intervention de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, sur BFMTV le 30 mars 2020 fera partie de celles qui marqueront la crise du Covid-19. Le ministre y a en effet exprimé une thèse un peu particulière que nombre d’anticapitalistes ont déjà intégrée depuis des dizaines d’années dans leur manière de penser : capitalisme et « respect des personnes » ne vont pas de pair.

« Il faut un nouveau capitalisme »

Pas question pour Bruno Le Maire de remettre en cause toute la politique ultralibérale d’Emmanuel Macron en une seule phrase et, en plus, en temps de crise… mais c’est malheureusement pour lui ce qui va être retenu de son intervention du 30 mars 2020. Le ministre de l’Économie a appelé à un « nouveau capitalisme » et plus précisément un capitalisme « qui soit plus respectueux des personnes, qui soit plus soucieux de lutter contre les inégalités et qui soit plus respectueux de l’environnement ».

Le gouvernement semble donc avoir pris conscience d’une chose : le capitalisme tel qu’il est conçu en 2020 où l’argent fait la loi et les dividendes sont le seul objectif des entreprises, avec les salaires mirobolants des grands chefs d’entreprise, n’est pas compatible avec le respect des personnes, la lutte contre les inégalités et la lutte contre le réchauffement climatique. « Mieux vaut tard que jamais », dirait l’autre.

Bruno Le Maire se rêverait-il en socialiste ?

Alors qu’Emmanuel Macron a supprimé l’ISF, lancé le CICE et baissé les impôts des entreprises tout en baissant les APL, en cassant le Code du travail et en durcissant les droits au chômage, Bruno Le Maire semble prendre le contrepied de la politique du Président. La prochaine téléconférence entre les deux risque d’être quelque peu tendue.

Bruno Le Maire se rêverait-il en socialiste ? Serait-il, peut-être, en train de planter les graines d’une potentielle élection présidentielle en 2022 ? Difficile à dire. Ce qui est sûr, c’est qu’il a prévenu les entreprises : pas de dividendes si elles bénéficient des reports de charges sociales, de charges fiscales ou d’un prêt garanti. Et il a appelé, sans les y obliger pour l’instant, les entreprises qui bénéficient du chômage partiel à ne pas verser de dividendes non plus.

Un nouveau gouvernement après la crise du Covid-19 ?

L’équipe d’Emmanuel Macron semble commencer à flancher… ce qui pourrait bien entraîner un petit remaniement à la fin de la crise du Covid-19. Si Olivier Véran semble faire ses preuves, le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, a fait plusieurs interventions qui ont été par la suite démenties par les faits, comme l’annonce de la non-fermeture des établissements scolaires ou la date de leur réouverture. Bruno Le Maire, de son côté, prend un virage à gauche qui risque de ne pas plaire au Président. Et Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, enchaîne les bourdes et devient la risée d’Internet.

Cette crise pourrait donc entraîner, au sein du gouvernement, un remaniement. Une fois que tout est terminé, bien évidemment. Probablement en 2021, ce qui laisserait à Emmanuel Macron la possibilité, s’il le souhaite, de préparer les élections de 2022.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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