Le chapeau de Nicolas Hulot

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Par Patrick Crasnier Modifié le 28 août 2018 à 15h30
Nicolas Hulot
200 EUROSParmi les mesures décidées lors de la rencontre Macron et les chasseurs, la baisse du prix du permis de chasse de 400 à 200 euros.

Nicolas Hulot avait déjà mangé toute sa collection de chapeaux, la casquette de chasse n’est pas passée !

Un enthousiasme en berne, une démission logique de Nicolas Hulot

Depuis longtemps maintenant nous connaissions les hésitations de Nicolas Hulot, ministre de l’environnement, pour rester au gouvernement. Les différentes opérations de séduction des écologistes, les atermoiements sur les dossiers les plus sensibles, les reculades permanentes de Bercy et de Macron sur les sujets graves avaient eu raison de l’enthousiasme du ministre.

Le nombre de chapeaux qu’il avait été obligé de manger, jusqu’à l’indigestion, lui avaient fait envisager son départ du gouvernement à l’été 2018. Sans vraiment y croire la presse avait fait ses choux gras de ces hésitations. Décrivant le ministre comme un « maitre chanteur à la démission » pour faire avancer ses dossiers.

L’été fut chaud et les attaques en pleine face de Brigitte Bardot furent certainement assez déplaisantes pour Nicolas Hulot. Traité de trouillard, ses réponses n’avaient pas été à la hauteur. Il s’était contenté d’affirmer que tous ses dossiers étaient bloqués par le président, ce qui avait profondément déplu au château. Mais en pleine affaire Benalla, ce petit différend avait été passé par pertes et profits.

Le projet sur la chasse a été la goutte d'eau pour Hulot

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est tombée hier. Emmanuel Macron dans une réunion à l’Elysée entre le président des fédérations de chasse et le ministre de l’environnement n’a pas été du goût de Nicolas Hulot. Déjà que cette approche aimable du monde des chasseurs par le président n’était pas forcement appréciée de ceux qui voulaient un Hulot défenseur de la biodiversité, mais en plus Emmanuel Macron avait invité un lobbyiste des chasseurs en la personne de Thierry Coste.

Les annonces électoralistes qui ont été faites après cette réunion ont un peu mis le feu chez les amis de Nicolas Hulot, à commencer par la ligue de défense des oiseaux. Surtout que ce projet chasse est arrivé comme un cheveu sur la soupe, à un bien mauvais moment. Un mauvais Timing diraient les spécialistes de la communication. Un projet dont tous les journaux se sont emparés alors qu’il est beaucoup moins important qu’on a bien voulu le dire. Mais communication oblige, Macron recherche les voix partout ou il peut et les chasseurs (ou ce qu’il en reste) sont un électorat a part.

C’est donc avec une colère rentrée que Nicolas Hulot a quitté l’Elysée ce lundi 27 août 2018, le dernier chapeau, la casquette de chasseur, n’est pas passé, la digestion nocturne a laissé des traces. Invité par France Inter dans sa matinale, lieu où les personnalités en vue s’étalent dans toutes les radios, Nicolas Hulot a surpris tout le monde. Après quelques phrases et quelques réponses à cette interview, tout à trac et sans aucune précaution, Hulot a lâché le mot. «  Je quitte le gouvernement ! »

Même lui n’en est sans doute pas revenu, démissionner en direct a la radio, je ne me souviens pas l’avoir déjà entendu. Nous avions bien eu Chevènement qui avait eu cette phrase restée célèbre « un ministre ferme sa gueule ou démissionne » Mais là, sans en avoir parlé à personne, au cours d’une interview, c’est incroyable. Une bombe lâchée dans toutes les rédactions en quelques minutes et le porte parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, en même temps a la radio chez Bourdin sur RMC en est resté bouche bée.

Alors nous attendions une rentrée dure, une reprise des affaires, un réveil du peuple contre les mesures anti sociales de Macron. Nous aurons d’abord une crise politique majeure qui obligera le président à un remaniement dans l’urgence. Une belle rentrée comme on les aime en quelque sorte.

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Patrick Crasnier est diplômé en sciences humaines 3eme cycle en psychopathologie, après de longues années passées en cabinet libéral comme psychanalyste, blessé lors d’un attentat terroriste cesse cette activité en 1995. Continue comme photojournaliste, journaliste radiophonique (activités menées conjointement avec celle de psychanalyste depuis 1983) puis comme journaliste rédacteur au journal Toulousain et à l’écho des entreprises. Actuellement photojournaliste correspondant pour l’agence de presse panoramic et rédacteur dans plusieurs revues.

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