Chtchoukine, l’exposition-événement à ne pas manquer

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Par Philippe Herlin Publié le 28 octobre 2016 à 5h00
Collection Chtchoukine Louis Vuitton Paris
4 milliards €La collection de Chtchoukine vaudrait aujourd'hui entre trois et quatre millards d'euros.

La Fondation Louis Vuitton bénéficiait déjà d’un bâtiment hors du commun, grâce au génie de son architecte, Frank Gehry. Elle entre désormais dans la cour des grands avec une exposition qui constitue un véritable événement artistique international.

Nous avons déjà parlé de la baisse de qualité des expositions temporaires à Paris, notamment à cause des coûts croissants, spécialement d’assurance, induits par la hausse des prix sur le marché de l’art. Il y a aussi sans doute une baisse de niveau des directions artistiques si l’on en juge, par exemple, par l’indigente exposition Mexique 1900-1950 au Grand Palais, qui réunit des peintres de troisième catégorie faisant de la peinture officielle sans intérêt, ou si l’on regarde la programmation du Jeu de Paume qui sombre dans l’insignifiance et nous fait regretter les grandes expositions monographiques d’antan (Edward Steichen, Mimmo Jodice, Richard Avedon, Helmut Newton, etc.).

Raison de plus pour apprécier l’extraordinaire exposition que présente la Fondation Louis Vuitton : Icônes de l’art moderne, la collection Chtchoukine, jusqu’au 20 février. L’industriel russe Serguei Chtchoukine a amassé, entre 1898 et 1914, une collection de peintures modernes mythique, constituée quasi exclusivement de peintres français. Elle est considérée comme la plus importante du monde en art moderne (Matisse, Cézanne, Picasso, Gauguin), et elle regroupe aussi d’importantes pièces impressionnistes (Monet) et suprématistes russes (Malevitch, Rodtchenko). En tout 278 œuvres, dont 127 sont exposées à la Fondation.

Ces tableaux sont de plus réunis pour la première fois depuis 1948, date à laquelle la collection a été scindée entre le Musée Pouchkine de Moscou et l’Ermitage de Saint-Pétersbourg. La Fondation Louis Vuitton réalise ainsi un véritable exploit et, au passage, double les grands musées publics français et les plus prestigieuses institutions étrangères.

Serguei Chtchoukine, qui finira sa vie à Paris en 1936, loin de ses œuvres, après avoir fui le régime soviétique, avait incontestablement du flair : on estime qu’il a dépensé à l’époque l’équivalent de 15 millions d’euros, sa collection vaudrait aujourd’hui de 3 à 4 milliards d’euros, soit une multiplication par au moins 200 !

Vladimir Poutine devait inaugurer l’exposition, ainsi que le Centre orthodoxe russe (1 quai Branly, Paris 7e), mais l’inélégance et les gaffes de notre président ont fait capoter sa visite. Quoi qu’il en soit, voici incontestablement l’exposition à ne pas manquer à Paris. A noter qu’Arte diffuse dimanche 30 octobre à 17h20 un documentaire sur la vie du collectionneur russe.

Il est heureux de voir qu’une institution privée, sous l’impulsion de Bernard Arnault, remonte nettement le niveau par rapport à des institutions copieusement fournies en argent public, mais de plus en plus défaillantes.

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Philippe Herlin est économiste, Docteur en économie du Conservatoire National des Arts et Métiers, il a publié plusieurs ouvrages chez Eyrolles et rédige des chroniques hebdomadaires pour Goldbroker. Il écrit tous les vendredis un article sur l'art et la culture vus à travers l'économie, et intervient ponctuellement sur d'autres sujets. Son site : philippeherlin.com.

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