PIB français : La désagréable surprise du week-end du 15 août

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Par Christopher Dembik Publié le 16 août 2014 à 3h02

Etant donné les chiffres qui ont parsemé ces dernières semaines, la contre-performance de l'économie française au deuxième trimestre n'est pas surprenante.

Notre scénario de base pour l'année 2014 est compris entre 0.4% et 0.5%, la situation économique ayant toutes les chances de rester aussi défavorable au deuxième semestre.

Les PMI pour juillet n'indiquent en aucune façon le début d'un rebond durable. Ce qu'il y a de plus inquiétant encore, c'est le niveau quasi-record des faillites et la très faible rentabilité des entreprises dans le pays, comme le souligne magistralement le graphique ci-dessous.

Le plus important graphique pour l'économie française pour l'année 2014

Il apparaissait évident que l'exécutif n'avait pas d'autre choix que de revoir sensiblement à la baisse son objectif de croissance. Ce fut une décision certainement stratégique que de le faire à l'approche du week-end du 15 août, au lieu d'attendre la rentrée de septembre.

L'impact politique devrait être infime tant le discrédit du gouvernement est déjà important. Il y a fort à parier, en revanche, que le soldat Sapin entame une nouvelle tournée européenne pour essayer de gagner du temps et de desserrer l'étau qui pèse sur le pays en termes de réduction du déficit.

Vu l'indulgence dont a fait traditionnellement preuve Bruxelles à l'égard de la France, on peut craindre que Paris obtienne un délai supplémentaire pour atteindre les 3%. C'est regrettable car, sans pression forte de la part de l'Europe et / ou des marchés financiers, la France ira à reculons dans les réformes. La meilleure chose qui pourrait arriver au pays serait pourtant d'avoir une forte tension des taux obligataires avec une remontée du 10 ans à 3%.

L'horizon n'est manifestement pas tragique pour l'économie française. Nulle grave récession en vue, pas même une forte poussée du taux de chômage, seule la stagnation économique nous guette.

Les discussions récemment ouvertes dans l'Hexagone à propos de l'exclusion des dépenses militaires du calcul des déficits publics ne sont pas illogiques mais, au regard du contexte, c'est interprété comme une fuite en avant qui traduit une incapacité structurelle de la France à respecter ses engagements européens.

Ce débat pourrait tout à fait pourtant être élargi, incluant par exemple les dépenses en investissement ou encore l'éducation, mais celui-ci intervient trop tard. Ce n'est pas une France affaiblie et isolée diplomatiquement qui a la crédibilité nécessaire pour relancer et porter cette ambition à Bruxelles.

La séquence politique que pouvait jouer l'exécutif était à l'été 2012, dans la foulée de la victoire, et non pas à l'été 2014 alors que les mauvaises nouvelles sur le front économique s'accumulent.

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Christopher Dembik est économiste chez SaxoBank.

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