Chypre : l’accord enfin trouvé cette nuit prévoit de taxer jusqu’à 40% certains dépôts bancaires

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Par Laure De Charette Modifié le 25 mars 2013 à 3h22

Mieux vaut peut-être utiliser encore le conditionnel, tant les nouvelles se font et se défont ces jours-ci au sujet de Chypre, au fil des négociations. Officiellement, un accord a été trouvé cette nuit entre le président de Chypre, tout juste réélu, Nicos Anastasiades, et ses bailleurs de fonds internationaux. L'île va-t-elle pouvoir être sauvée et rester dans la zone euro ?! A priori oui.

Les autorités chypriotes devaient proposer un plan B sérieux et viable. C'est chose faite. Mieux, l'Eurogroupe l'a approuvé. En quoi consiste t-il ? Pour commencer, la première banque du pays, Bank of Cyprus, va devoir prélever jusqu'à 40% de l'argent présent sur les comptes en banque supérieurs à 100 000 euros (lesquels appartiennent en grande partie à des étrangers, et en particulier aux magnats russes). On est loin, très loin, de la taxe de 9,9% évoquée initialement ! Mais cela signifierait que les petits déposants sous 100 000 euros seraient épargnés, contrairement à ce qui avait été envisagé dans un premier temps.

Mais ce n'est pas tout : la deuxième banque du pays, la Popular Bank, va devoir mettre la clef sous la porte. Là encore, les épargnants possédant des comptes en banque d'un montant supérieur à 100 000 euros vont perdre une partie de leurs picaillons. Certains de leurs comptes « seront gelés et participeront à la recapitalisation nécessaire », dixit le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble. En revanche à ce stade, il est prévu que les petits épargnants de cette banque, fermée comme les autres depuis neuf jours, ne subissent pas de pertes.

Puisque Chypre devrait parvenir à réunir ainsi les 5,8 milliards d'euros nécessaires, la troïka (l'Union Européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international) va pouvoir débloquer le prêt de 10 milliards d'euros dont Chypre a besoin à tout prix pour éviter la faillite. Cette aide était conditionnée à une réforme massive du système bancaire, lequel est démesuré (les actifs des banques représentent 8 fois le PIB de Chypre !) et au bord de la faillite, après de très mauvais investissements réalisés en Grèce.

Les négociateurs se sont réjouis de l'accord enfin trouvé, après des mois de négociation, des nuits de tension et des jours d'impasse. Pas sûr que la population chypriote, et les gros épargnants locaux ou étrangers, partagent leur joie...

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.

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