La collection Al Thani entre à l’Hôtel de la Marine

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Par Philippe Herlin Publié le 18 novembre 2021 à 6h43
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20 MILLIONS €Un accord entre la fondation Al Thani et le Centre des monuments nationaux d'une valeur supposée de 20 millions d'euros a été conclu.

Pour parachever la restauration de l’Hôtel de la Marine, un mini-musée y prend place, avec des pièces exceptionnelles.

Après sa splendide renaissance, l’Hôtel de la Marine s’enrichit d’une partie muséale avec la Collection Al Thani, plus exactement de Hamad ben Abdullah al-Thani, âgé de 39 ans, cousin de l’émir du Qatar. Déjà mécène pour la restauration (il a notamment acquis une commode de Riesener pour 1,2 million de dollars), il expose une partie de sa collection d’objets d’art (plus de 5000 pièces). Jusqu’ici uniquement montrée lors d’expositions temporaires à travers le monde, elle trouve à Paris un lieu d’exposition permanent constitué de quatre galeries d’une surface totale de 400 mètres carrés. L’émirat, très implanté en France, prolonge ainsi son «soft power», après le PSG voici l’art et la grande culture. On aurait pu imaginer un musée dédié au mobilier français, pour l’ancien garde-meuble de la royauté, mais bon, pourquoi pas un musée à vocation internationale.

On ne boudera pas notre plaisir, des pièces exceptionnelles sont présentées, comme par exemple cette «Contemplatrice d’étoiles» en marbre blanc, une figure féminine stylisée datant de -3300-2500 avant J.C., la «Tête d’une figure royale» en jaspe rouge d’Egypte du Nouvel Empire, un masque en mosaïque de pierres précieuses de la culture Maya, un buste d’Hadrien en calcédoine réalisé en Italie au XIIIe siècle, des rhytons (vase en terre cuite ou métal, ici, pour contenir du vin lors des cérémonies) de la Grèce antique et de l’Iran sassanide, une plaque en or du Tibet représentant un cavalier en train de tirer à l’arc, un brûle-encens en forme de lion venant d’Iran, un perroquet recouvert de pierres précieuses (diamants, rubis, émeraudes) du nord de l’Inde de l’époque moghole, ... Un luxueux catalogue est édité pour l'occasion. Des joyaux du patrimoine mondial, incontestablement, accessibles avec la visite de l’Hôtel (13 euros pour les salons et la loggia, 17 pour le «Grand tour»). À ne pas manquer.

Nous formulerons cependant une interrogation, une inquiétude. Le parti-pris de la présentation est le syncrétisme, c’est-à-dire le mélange des différentes civilisations et des époques, de façon à faire ressortir les similarités, les proximités, et c’est très bien ainsi. Une approche complémentaire de ce que l’on peut voir dans les musées plus classiques comme le Louvre et dans lesquels les objets sont présentés dans leurs aires civilisationnelles. Mais ici ce syncrétisme ne concerne pas les arts de l’islam, qui bénéficient de leur propre galerie, et qui ne se mélangent pas aux autres arts dans les trois autres galeries. On peut comprendre l’existence d’une salle dédiée à l’islam compte tenu de l’origine du mécène, mais pourquoi une séparation étanche ? Serait-il impur de mélanger les arts de l’islam avec ceux des autres civilisations ?

Quoi qu’il en soit, cette collection d’objets d’art exceptionnels apporte une raison supplémentaire de découvrir l’Hôtel de la Marine et d’y passer un moment agréable et raffiné. Sans oublier de prendre un chocolat chaud (excellent !) au Café Lapérouse.

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Philippe Herlin est économiste, Docteur en économie du Conservatoire National des Arts et Métiers, il a publié plusieurs ouvrages chez Eyrolles et rédige des chroniques hebdomadaires pour Goldbroker. Il écrit tous les vendredis un article sur l'art et la culture vus à travers l'économie, et intervient ponctuellement sur d'autres sujets. Son site : philippeherlin.com.

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