Réflexions sur la Collection Courtauld à la Fondation Louis Vuitton

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Par Philippe Herlin Publié le 22 février 2019 à 6h04
Fondation Vuitton
110La Collection Courtauld présente 110 peintures et ?uvres graphiques, de Manet à Cézanne, de Seurat à Renoir, de Degas à Monet

Nouvelle exposition-événement à la Fondation Louis Vuitton. Deux "collections" se font face, qu’en penser ?

Le retour de la Collection Courtauld en France

Le niveau ne baisse pas à la Fondation Louis Vuitton, chaque exposition constitue un événement : la superbe Collection Courtauld, dédiée essentiellement à l’impressionnisme, n’était pas venue en France depuis 1955 ! 110 peintures et œuvres graphiques sont présentées au niveau -1 et tous les grands noms sont là, de Manet à Cézanne, de Seurat à Renoir, de Degas à Monet… Un rendez-vous, bien sûr, incontournable (jusqu’au 17 juin).

Les étages supérieurs présentent une nouvelle sélection d’œuvres de la collection de la Fondation Louis Vuitton. Les titres des deux expositions se font écho : "Le parti de l’impressionnisme" versus "Le parti de la peinture", comme si Bernard Arnault voulait se mesurer, à distance, avec Samuel Courtauld (1876-1947), lointain descendant de huguenots. Ce dernier aussi a fait fortune, dans le textile (avec la viscose), et il a constitué une admirable collection que l’on peut voir à Londres (justement pas en ce moment puisque le musée est en rénovation).

La collection de la Fondation Vuitton semble ne rien vouloir manquer

La comparaison s’arrête là. Dans l’avant-propos du catalogue, Suzanne Pagé, la directrice artistique de la fondation Vuitton, déplore que « son goût ne le mènera jamais aux expressions radicales du fauvisme et du cubisme […], il n’a jamais vraiment adhéré ni à Matisse ni à Picasso. » Courtauld petit joueur, croit-on lire entre les lignes. Bah oui, une collection c’est un choix, une sélection, un regard. C’est le produit d’une personnalité, d’une histoire.

La collection de la Fondation Vuitton, telle qu’on peut la voir par séquences depuis 2014, semble, elle, ne rien vouloir manquer : grands classiques (Basquiat, Warhol), grands noms français (Christian Boltanski, François Morellet, Annette Messager, etc.) et étrangers (Gerhard Richter, Marina Abramovic, Takashi Murakami, etc.), le top des ventes aux enchères (Christopher Wool, Richard Prince), sans oublier la Chine et l’Afrique, comme s’il fallait appliquer le slogan de la Samaritaine (« On trouve tout etc. »), une autre possession d’Arnault. Mais quel est le point de vue ? L’originalité ? La personnalité ?

Bref, cela s’éclaircira peut-être dans les prochaines expositions. En attendant, "Le parti de la peinture" présente des grands formats abstraits un peu froids, moins imaginatifs que le sublime bâtiment conçu par Frank Gehry et que l’on a toujours plaisir à admirer.

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Philippe Herlin est économiste, Docteur en économie du Conservatoire National des Arts et Métiers, il a publié plusieurs ouvrages chez Eyrolles et rédige des chroniques hebdomadaires pour Goldbroker. Il écrit tous les vendredis un article sur l'art et la culture vus à travers l'économie, et intervient ponctuellement sur d'autres sujets. Son site : philippeherlin.com.

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