Le commerce transfrontalier de véhicules d’occasion dans le collimateur de l’ONU

Anton Kunin
Par Anton Kunin Modifié le 27 octobre 2020 à 16h42
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80%80% des véhicules exportés par les pays de l'Union européenne, les États-Unis et le Japon ont été acheminés à destination de pays en voie de développement.

L’exportation par les pays développés de vieux véhicules vers les pays pauvres est préjudiciable tant à la qualité de l’air qu’à la sécurité routière dans ces pays, pointe le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) dans un rapport sur le sujet.

Véhicules d’occasion importés : les citoyens des pays pauvres paient le prix

La vente à des pays en voie de développement de vieux véhicules, devenus inutilisables dans les pays occidentaux, est une pratique de longue date. Si de tels dispositifs permettent aux pays en voie de développement de se procurer des véhicules à bas prix, il ne faudrait pas oublier le nombre d’accidents provoqués par ces véhicules et la pollution atmosphérique qu’ils occasionnent, rappelle le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) dans un nouveau rapport.

En effet, une part considérable de ces véhicules n’auraient pas passé le contrôle technique en Europe, et leur niveau d’émissions très élevé ne leur permet pas de circuler sur les routes des pays occidentaux. À cet égard, ce commerce est contraire à l’éthique. S’il permet de satisfaire peu ou prou le besoin de mobilité dans ces pays, il est préjudiciable à la santé et à la vie de leurs citoyens.

Les pays en voie de développement appelés à se montrer plus exigeants vis-à-vis de leurs importations

Et il faut dire que c’est un marché de taille. Entre 2015 et 2018, 14 millions de véhicules légers ont été exportés par les pays de l’Union européenne, les États-Unis et le Japon. 80% de ces véhicules ont été acheminés à destination de pays en voie de développement, dont la moitié à destination de l’Afrique. Pour prendre les exemples les plus saillants, les véhicules importés par la Gambie étaient en circulation depuis 18,8 ans en moyenne au moment de l’importation, et ceux importés par le Nigéria l’étaient depuis 20 ans en moyenne. Il existe d’ailleurs une corrélation entre l’âge de ces véhicules et les taux d’accidentalité et de mortalité routière. Il se trouve que les pays les moins exigeants vis-à-vis des véhicules qu’ils importent (dont le Malawi, le Nigéria, le Zimbabwe et le Burundi) sont également ceux où l’accidentalité est la plus élevée.

Mais les chosent bougent. 15 pays africains ont récemment mis en place des exigences minimum en termes d’émissions des véhicules importés. Ces pays, réunis au sein de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest, viennent d’interdire l’importation de véhicules légers mis en circulation il y a plus de 5 ans. Ils ont par ailleurs fixé l’objectif de doubler l’efficacité du carburant des véhicules importés d’ici 2030. Le Maroc, l’un des rares pays africains à avoir mis en place des exigences élevées et donc « bon élève », autorise l’importation de véhicules mis en circulation il y a moins de 5 ans maximum et correspondant à la norme européenne d’émissions EURO4 au moins.

Anton Kunin

Après son Master de journalisme, Anton Kunin a rejoint l'équipe d'ÉconomieMatin, où il écrit sur des sujets liés à la consommation, la banque, l'immobilier, l'e-commerce et les transports.

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