Le mythe du pouvoir de la communication dans la modernité

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Par Jawad Mejjad Publié le 25 août 2013 à 4h58

Rappelons nous que dans le second Testament, Dieu fabrique Eve à partir d'une côte d'Adam, parce que ce dernier n'arrivait pas à communiquer avec les animaux et qu'il fallait quelqu'un avec qui parler. Rappelons nous aussi la Tour de Babel où pour punir l'homme de son arrogance, Dieu le mit dans une situation de non communication par la multiplication des langues. Communiquer est ainsi cette donnée structurelle de notre psyché, pour signifier le besoin de vivre socialement, dans un monde ordonné.

Or qui dit ordre, dit implicitement relations de pouvoir. Pendant longtemps l'humanité a trouvé normal de régler les conflits par des relations de force, autrement dit de guerre. Le pouvoir s'acquérrait par la guerre, et l'on trouvait cela non seulement normal, mais noble. Or la caractéristique principale de la modernité est d'éviter le conflit, la guerre étant le mal à éviter. Et la médiation de la communication a ce rôle essentiel dans la modernité : éviter le conflit. Ainsi, le mythe de la communication va se retrouver au service des relations de pouvoir dans les sociétés de la modernité, et où donc le pouvoir sera plus l'apanage du communicant que du guerrier, et que même le guerrier pour asseoir son pouvoir, usera en dernier recours de communication.

Pour comprendre cet état de faits, nous allons nous poser la question de la genèse de cette situation, et surtout de sa signification, autrement dit identifier le processus historique et social, qui dans les soubassements des valeurs de la modernité, ne pouvait mener qu'à une société où communiquer est une obligation. Auparavant, nous allons constater l'omniprésence de la communication dans notre société aujourd'hui et même son diktat, en pointant ses paradoxes, ce qui est toujours une manière féconde de réfléchir.

Une société se définit par ses valeurs, et plus encore par ses pratiques. Et c'est quand ses pratiques deviennent d'une évidence telle qu'elles constituent, sans que forcément cela soit clairement formulé, des impératifs catégoriques, que nous pouvons parler de doxa. Un élément fondamental de la doxa qui régit notre société aujourd'hui est la communication. Quelque soit la difficulté rencontrée, la réponse est dans la communication : vous avez un problème dans votre couple, avec votre patron, vos collègues, le gouvernement peine à faire passer une réforme, l'équipe de France ne gagne pas, ne cherchez plus, c'est un problème de communication. Or tout ceci est très récent et démarre de fait à partir des années 1950. Notre société est devenue une société de communication, subrepticement mais sûrement.

Nous allons donc constater quelque chose d'évident. Et le plus souvent, c'est ce qui est évident que nous ne voyons pas. A l'instar de la lettre volée d'Allan Edgar Poe : rappelons-nous cette nouvelle où un éminent professeur est soupçonné de complot, et la preuve implacable de sa culpabilité serait une lettre qui serait cachée chez lui. Le commissaire et ses sbires cherchent partout, retournent toute la maison, et en fait, la lettre était posée juste là, sur le bureau. Nous sommes plus (dé)formés à traquer la vérité derrière les choses, alors qu'elle est souvent juste devant nous. Ainsi de la communication et de son omniprésence.

Vivre c'est communiquer

Bien sûr communiquer est de prime abord une activité naturelle, d'ailleurs les animaux aussi communiquent, et même les végétaux. Bien sûr aussi nous sommes envahis par la publicité, et par les images véhiculées par toutes formes d'écrans. Bien sûr encore, au travail notamment, nous passons une bonne partie de notre temps soit en réunion, soit à rédiger ou répondre à des mails. Il est inutile de nous abreuver de statistiques sur le nombre d'heures passées devant la télévision, ou Internet, ni le nombre de mails moyen reçu, ni le temps passé dans les réunions, pour nous convaincre du temps passé chaque jour dans des activités dites de communication. Ce n'est pas cette évidence qu'il s'agit de pointer.

Quand nous parlons de l'omniprésence et de l'évidence de cette omniprésence de la communication que l'on ne voit pas, c'est la communication comme idéologie de notre société, presque une religion. Religion, parce que c'est un acte de foi au fond. Si on nous demandait pourquoi nous communiquons, nous serons bien en mal de nous expliquer. D'ailleurs on ne l'explique pas. Au mieux on donnera des synonymes : pour échanger, pour informer, pour expliquer, ...

En fait, comme précisé en préambule, communiquer est devenu la solution à tout problème : si vous aviez mieux communiqué, le problème aurait été résolu. La communication est devenue l'alpha et l'oméga, pour ne pas dire Dieu, pour résoudre tous les problèmes. Communiquer est une qualité discriminante, et qui permettra de hiérarchiser presque exclusivement autant les hommes politiques, que les managers ou que même les gardiens de prison. La seule qualité que l'on exigera d'un manager est de savoir communiquer. Chacun est sommé de communiquer. Sans préciser quoi. Communiquer est devenu un verbe intransitif, et donc la communication est devenue une fin. C'est cette transformation de moyen en fin qui est une évidence devant nos yeux, et que ne voyons pas.

Nous identifions notre régime par sa liberté de communiquer : sa liberté de la presse, la liberté d'expression, la diversité des opinions, ... A contrario, à un régime autoritaire, nous reprocherons en priorité, (avec le non-respect des droits de l'homme, mais il a y un lien que nous préciserons plus loin), l'absence de communication. Et nous attendons de nos gouvernants qu'ils réagissent avec véhémence lors de leurs visites dans ces pays contre cette situation inacceptable. Qu'Internet soit bloqué dans un pays, qu'un opposant soit emprisonné parce qu'il a exprimé son opinion, qu'un journaliste soit censuré, et notre sang ne fait qu'un tour.

La norme est de communiquer.

Ne pas communiquer fait de vous un hérétique.Une réaction rapide est de dire que c'est normal, car il faut vivre avec son temps. Le développement technique est tel que l'on est obligé de communiquer. La communication est partout parce que la technologie nous a envahis ; les téléphones portables, Internet, le wi-fi, les VOD, ... Nous pouvons dire que chaque société développe la technologie qui sert son idéologie, et non l'inverse. Si ces outils ont été développés, c'est parce que le besoin de les utiliser les a précédés. Mais la question est d'importance, et notamment Marshall MacLuhan, un des grands théoriciens de la communication, avait décrété que les grandes étapes de l'histoire de l'humanité ont directement découlé des innovations dans le domaine des techniques de la communication. Qui de la poule, qui de l'œuf ? Effectivement, Gutenberg avec l'imprimerie a contribué au développement de la modernité, mais c'est oublier que l'imprimerie avait été inventée en Chine mille ans auparavant sans rencontrer le même succès, car la structure sociale de la Chine à l'époque n'avait pas ce besoin.

Par ailleurs, la valeur positive de la communication semble indiscutable. Mais est-ce si sûr ? Il serait légitime de se demander « que provoque, concrètement, l'impératif existentiel qui nous affirme que si nous communiquons plus, quelque soit le contenu, tout ira mieux [1] ». Regardons les choses de plus près. La première impression est que notre société est une société de communication, avec pléthore d'informations. Mais nous avons aussi un autre ressenti : nous ne communiquons plus dans notre société. D'accord on tchatche avec son correspondant virtuel en Patagonie, mais on ne connaît pas son voisin de pallier, on va envoyer un mail à son collègue dans le même open-space plutôt que d'aller lui parler, les métros sont pleins de gens qui à peine se regardent, ... Dominique Wolton parle de solitudes interactives, et précise par ailleurs qu'il ne suffit pas d'informer pour communiquer (« l'information est devenue abondante, la communication rare ») [2] . Philippe Breton parle d'une société fortement communicante et faiblement rencontrante [3].

Nous voyons par là que les bienfaits de la communication ne sont forcément limpides. D'ailleurs le sens même du mot communiquer est-il vraiment si évident ? Que veut dire communiquer ? Je suis responsable politique et il y a des tensions sur le marché. Je communique bien quand je dis que les temps sont graves et qu'une crise est imminente, ou quand je dis que tout va bien et qu'il faut avoir confiance ? Je communique bien quand je donne l'information brute ou quand je l'enveloppe dans un discours signifiant ? Je communique quand je parle, ou quand j'écoute ? La relation entre communication et morale est loin d'avoir été tranchée.

En fait la vraie question est pourquoi je communique ?

A quoi sert la communication ?

Disons le d'emblée, le rôle de la communication est d'éviter le conflit. Je communique pour ne pas entrer en guerre. Et si notre société donne autant d'importance à la communication, c'est en proportion de son aversion au conflit. Le mal absolu de la société libérale est la guerre. Pour expliciter cela, une large perspective historique s'impose.

Deux croyances sous-tendent la manière dont nous vivons notre monde social. La première est que notre monde social est là depuis toujours et la seconde est que notre société est moderne, c'est-à-dire que les autres sont archaïques, que nous sommes devant, sur l'autoroute de l'histoire et du progrès, et qu'ils sont derrière. Avec l'angoisse actuelle que nous sommes en train d'être rattrapés par les Chinois, les Indiens, les Brésiliens, ...

De fait, c'est faux et c'est l'idéologie même de la modernité (en effet nous sommes modernes, mais dans le sens de porteurs des valeurs de la modernité), qui porte en elle celle du progrès. Les périodes sociales ont une durée de vie, et se succèdent dans l'histoire. Chaque société vit selon des représentations et des valeurs qui lui sont propres : son épistémè pour reprendre le terme de Michel Foucault. Autrement dit l'idée centrale autour de laquelle une société se dit et s'organise : un corpus de valeurs indiscutables et indiscutées qui sous-tendent le lien social et permettent l'être ensemble.

Ainsi, pour les Anciens (les Grecs et les Romains), l'activité noble par excellence est la guerre, car c'est là que se trouve la gloire. Il faut être glorieux, et une vie brève mais louée pour sa bravoure, est de loin préférable à une vie longue sans gloire. C'est la gloire qui donne un écho éternel aux actions dignes d'être retenues par l'Histoire, et vous confère l'immortalité. La guerre loin d'être discrédité et fuie, est au contraire la noblesse même.

La Chrétienneté, notamment à travers la valeur d'humilité, va prendre le contrepoint total de la gloire, et si la guerre n'est pas forcément rejetée, elle n'est pas non plus recherchée. Ensuite, le point de départ de la modernité se situe au 16è siècle, siècle de troubles et de guerres civiles, où les valeurs jusque-là en cours ne font plus sens. Le décalage fondamental est celui entre les paroles et les actions de l'Eglise, entre la vie sociale et la parole chrétienne. A l'idéal d'humilité de la parole chrétienne, se heurte la richesse ostentatoire de l'Eglise et la vie dissolue des Papes. La Réforme est en réaction contre cette contradiction et abolit l'Eglise comme corps séparé visible, pour établir un rapport direct entre le croyant et Dieu, sans médiation.

A cette contradiction entre paroles et actions au 16è siècle et avec l'objectif de recherche de solution à la situation de chaos de l'époque, plusieurs pistes de réflexion ont été ouvertes : susciter un autre type d'action : Machiavel ; développer une parole d'un genre nouveau : Montaigne ; chercher l'issue dans une foi d'un nouveau genre : Luther ; identifier un langage objectif : Galilée. L'ensemble de ces réflexions aboutira à la modernité. La modernité est donc datée : elle démarre à la Renaissance et succède à la conception chrétienne. Et elle trouve son origine dans la recherche d'une solution aux guerres de religion : c'est donc génétiquement que la modernité est contre le conflit. La césure principale est celle l'avènement de l'individualité : un sujet qui s'affirme sans passer par l'altérité. Ce qui va guider le sujet, ce sera son intérêt et ses droits. D'où une société fondée sur l'économie et le droit. C'est la formule des Descartes qui est souvent utilisée comme la première pierre de l'édifice moderne : « Je pense donc je suis ». Avec l'utilisation ostentatoire du je, elle insiste sur le fait qu'il n'y a de pensée qu'individuelle. On y retrouve aussi la prégnance du raisonnement causal, à travers la conjonction « donc ». La réforme de Luther, comme nous l'avons mentionné, introduit également cet individualisme à travers la notion de libre-arbitre, qui est l'expression d'un rapport individuel qu'un « je » va établir directement avec Dieu. La société va donc devenir un agrégat d'individualités cherchant leurs intérêts. Or tous les hommes veulent gouverner mais ne peuvent le faire (Pascal, Fragment 677). C'est le constat aussi de Hobbes : le désir du pouvoir est naturel, mais avec des conséquences dangereuses, c'est-à-dire la guerre de chacun contre chacun : « Aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tient en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, la guerre de chacun contrechacun.»

Pour Hobbes, l'homme est un loup pour l'homme, et seule une autorité surplombante peut empêcher cette guerre : l'Etat. A remarquer que pour Montaigne, le moi est coupable de ce désir et seule la foi peut le sauver. Pour Hobbes, et l'école anglaise, comme l'a bien montré P.Manent, le self est un rapport à soi moralement neutre, et ils valorisent la cupidité et la concupiscence en fonction de leurs effets. A l'inverse des Français (Montaigne, Pascal, Rousseau), pour qui les désordres de l'âme sont un prix trop élevé à payer pour les bienfaits de la société moderne. On sait aujourd'hui que c'est la vision anglaise qui a gagné. La modernité est donc fondée sur des individus cherchant à satisfaire leurs envies, et ce sont les satisfactions égoïstes individuelles qui vont créer le bienfait général. C'est la première fois dans l'histoire de l'humanité qu'une civilisation se fonde non sur les vertus mais sur les vices. Ce que nous retrouvons dans « La fable des abeilles » de Mandeville en 1714 (les vices privés font le bien public). L'homme moderne est condamné dès lors à aller de désirs en désirs, sans jamais s'arrêter. D'où notre société de consommation et de marketing. Un bon citoyen est un bon consommateur.

Ainsi donc la modernité a mis en avant la satisfaction des besoins, et donc le commerce pour leur permettre d'être assouvis. Or rappelons-nous l'analyse de Montesquieu quand il dit dans le chapitre 2 du livre XX de L'Esprit des Lois, qui s'intitule « De l'esprit du commerce », que « l'effet naturel du commerce est de porter à la paix. » Du mois entre les nations, il est plus circonspect en ce qui concerne les individus. Doutes que balaiera Adam Smith, quand il développera sa théorie qui va fonder la vison économiste, et la régulation par la main invisible du marché. Notons que dès le début, avec les Physiocrates, les premières dispositions, comme le montre Armand Mattelart [4], ont été de permettre la circulation des biens par des grands travaux. La communication alors signifiait les réseaux de communication, et plus particulièrement fluviale et par la route. Les réseaux de communication sont envisagés comme créateurs de lien social, car ils relient des membres disjoints. Aux grands travaux du 17è siècle et 18è siècle, d'abord pour la navigation fluviale, puis les routes et ensuite le chemin de fer, se sont ajoutés les percements du Canal de Suez en 1869 et de Panama en 1914. On voit par là que dès le départ, le gène de la communication fait partie du code génétique de la modernité. D'ailleurs, même si cela se dit moins, commerce et communication sont en un sens synonyme, par exemple dans la phrase : « un homme d'un commerce charmant ».

Les théories de la communication elles-mêmes n'ont démarré qu'après la seconde guerre mondiale. Choqués par ce qui venait de se passer, plusieurs théoriciens américains ont développé le projet d'abord secret de la cybernétique, avec à leur tête Wiener. Avec la vision politique de sauver le monde par les théories de l'information. Ce qui comptait c'était la quantité d'informations véhiculées qui stabilisait un système, et qui pour une société devrait lui donner les conditions de la paix. Dans son sillage, se sont développées plusieurs théories de la communication, et notamment l'interactionnisme symbolique et à sa suite l'Ecole de Palo Alto, qui a mis au centre de ses intérêts la problématique de la communication.

Revenons à aujourd'hui

Que constatons-nous ? Une situation à tous égards proche de celle du 16è siècle. Des valeurs qui ont perdu de leur prégnance, et un chaos qui ne dit pas son nom, et se cache sous la notion trompeuse de crise. En vérité nous sommes à une période charnière de l'histoire, où la modernité se meurt et où une postmodernité latente est en train d'éclore. Les valeurs de la modernité sont des étoiles mortes, leur lumière continue à nous arriver, mais pour combien de temps encore ? La parole politique qui en principe doit nous organiser n'a plus de crédibilité. Tout le monde sait que nous vivons sous le règne de la nécessité et de la contingence. Il n'y a plus de vérité transcendante, et dès lors toutes les opinions se valent. Ceci porté par une des deux valeurs suprêmes de la modernité : l'égalité.

D'où le développement du politiquement correct et le psittacisme généralisé. Ne surtout pas entrer en conflit, éviter les sujets qui fâchent, rechercher le consentement, Le politiquement correct est mal nommer les choses exprès. Or comme l'a dit Camus, mal nommer les choses, c'est ajouter au chaos du monde. Et de fait le politiquement correct est une injonction contradictoire : voir les choses et ne pas les nommer. Approuver sans accepter. C'est ce qui génère la schizophrénie de notre société.

Ainsi l'Autre est en même temps mon égal et mon concurrent. Je dois le respecter et dans le même et dans le différent. Les choses étaient plus simples chez les anciens où l'Autre était soit ami soit ennemi, et l'on s'associait avec les amis pour combattre les ennemis. Ce que l'on convoitait chez l'autre, on lui prenait par la force et la chose était entendue. La modernité a mis un terme à cette conception des relations avec autrui, mais avec une complication inattendue : non seulement je ne peux me réaliser qu'en assouvissant mes envies, mais ces envies se trouvant être celles de l'autre (il n'y a de désir que le désir de l'autre, comme l'a si bien montré René Girard à travers notamment son concept du désir mimétique), je dois composer avec autrui, et cette composition se fait à travers la communication. Je ne peux obtenir de l'autre qu'il réagisse de manière à ce que moi, je réalise mes désirs, que par la communication. Tout autre moyen est à bannir dans la conception de la modernité. Le pouvoir de la communication devient donc majeur et sans autre équivalent. C'est le communiquant qui, dans la modernité, a le pouvoir, et qui aboutit à une représentation de soi comme « machine communicante [5] ». Et c'est ainsi que notre société est devenue une société de communication, à travers tous les avatars de société de spectacle, de masse et de consommation. Avatars largement critiqués notamment par l'école de Francfort, et plus particulièrement Adorno, Horkheimer, Marcuse et plus tard Habermas à travers leur dénonciation de l'omniprésence de la technique et marchandisation des rapports humains et de l'autoritarisme de l'industrie de la culture qui repose sur les médias de masse. La culture de masse, autrement dit la communication à outrance comme moyen à la disposition du Pouvoir, est considérée comme un bombardement permanent de loisirs qui affectent le jugement et endorment la raison. Elle conduit au silence des masses et à leur abrutissement, dans une société où la communication est conçue « comme mode d'organisation du monde [6] ».

La société actuelle se caractérise par des individus isolés, que seule la communication, en tant qu'idéologie, peut relier. Comme il n'y a plus de communion, il nous faut la communication. Communiquer est à comprendre comme trouver la bonne distance, à l'instar de deux hérissons par un temps froid : trop proches, ils se piquent, trop éloignés ils ont froid.

Notes

1] P.Breton, L'utopie de la communication, La Découverte, 1997, p. 11.

2] D.Wolton, Informer n'est pas communique, CNRS Editions, 2009, pp. 18.

3] P Breton L'utopie de la communication, La Découverte, 1997, p. 12.

4] A.Mattelart, L'invention de la communication, La Découverte, 2011, p. 42-70.

5] P.Breton, L'utopie de la communication, La Découverte, 1997, p. 156.

6] A.Mattelart, L'invention de la communication, La Découverte, p. 11.

Article paru sur https://www.magma.analisiqualitativa.com

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Jawad Mejjad est docteur en sociologie, chercheur au CEAQ-La SORBONNE, enseignant et responsable pédagogique au CNAM et Directeur Administratif et Financier.

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