Comptons nos forces : le management organique

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Par Daniel Martin-Gelot Publié le 25 mars 2017 à 5h00
France Entreprises Management Organique Effectifs
3,1 millionsLa France compte 3,1 millions de PME.

Avec la force des flux et celle des individus, nous disposons de l'énergie de base. C'est une masse d'énergie brute qu'il reste à orienter. Sa tendance naturelle est à l'entropie, la dispersion, la diversification.

L'amplifier stimule en même temps cette propension à l'éparpillement. Nous allons nous employer à la focaliser en utilisant les deux forces suivantes.

La force du leader

C'est évidemment au leader d'incarner une vision, un sens qui oriente l'action, massivement. C'est un lieu commun plus souvent évoqué qu'il n'est concrétisé. Chiffres, procédures, règlement et planning tiennent plus souvent lieu de sens, quand ce n'est pas la peur de la hiérarchie. Le gestionnaire a remplacé le visionnaire. De temps en temps, une grand-messe ou une cérémonie des vœux se charge de colorier l'horizon. Puis chacun rentre chez soi et pense à autre chose. Porter du sens ce n'est pas écrire des plaquettes ni faire des prêches. C'est incarner une vision au plus près du terrain : là où on peut rappeler les essentiels de façon massive et répétitive, là où on peut s'imprégner des réalités, de celles qui peuvent challenger la vision.

Le sens ne va pas dans les détails : il immobiliserait tout le monde. Il laisse de la marge de manœuvre, où chacun peut se projeter. D'ailleurs, un bon leader se reconnaît à la multiplication des leaders qu'il catalyse autour de lui. Ce sont autant de relais porteurs de sens, qui n'ont aucune raison de coïncider strictement à la structure hiérarchique. À condition de savoir les reconnaître.

La force du cœur de métier

Le cœur de métier n'est pas une résultante de l'activité du moment. C'est au contraire une force d'orientation imposée dès la fondation par une volonté créatrice. C'est à partir de ce cœur de métier que l'entreprise se développe, en le renforçant en retour. Il représente un point d'équilibre qu'il est extrêmement risqué de rompre, une force homéostatique qu'il faut se garder d'affaiblir. C'est à la fois une colonne vertébrale et un moteur. Pourtant, dès l'origine, par le jeu des pouvoirs et des intérêts, des opportunités et des crises, le cœur de métier a une tendance chronique à échapper à ses créateurs, comme le Golem…

Appliqué à tout va, le vertueux mantra de Jean Bodin « Il n'est de richesses que d'homme » a fini par faire oublier le rôle structurant des organisations et de leurs systèmes. À ne pas distinguer le « véhicule » des humains qui l'habitent, on soumet la pérennité de l'entreprise aux contingences de ses occupants du moment. On obtient une créativité de surface, qui tourne vite au fébrile et au désordonné en s'affranchissant de la force structurante du cœur de métier.

À ce titre, certaines diversifications de métier peuvent représenter de dangereuses dérives. Le cœur de métier est le juge absolu des décisions stratégiques. Toute décision est bonne tant qu'elle renforce le cœur de métier ; hasardeuse quand elle s'en éloigne.

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Daniel Martin-Gelot, président d'Aerial et auteur de l'ouvrage "Repenser le Management : Une urgence à l'ère du numérique"

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