Mon conseil aux Gilets Jaunes : interpellez Macron sur le réchauffement climatique

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Par Philippe Herlin Publié le 20 décembre 2018 à 5h21
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25 MILLIARDS €Les éoliennes en mer, dont le coût initial était de 40 milliards d?euros, a été ramené à 25 milliards.

Le mouvement des Gilets Jaunes semble à un tournant : faut-il continuer d’occuper les ronds-points ou faut-il trouver de nouveaux modes d’action ? Comment se positionner par rapport aux annonces du gouvernement ? Voici une suggestion.

Transition énergétique : une contradiction qui annule les faibles gains des Gilets Jaunes

Les Gilets Jaunes ont obtenu en partie satisfaction avec l’annulation des augmentations de taxes sur les carburants prévues pour 2019, accompagnée de quelques autres gratifications concernant le SMIC et les petites retraites. Mais, comme s’il leur fallait s’excuser de cette avancée, ils proclament aussitôt leur attachement à la transition énergétique. Ne voulant surtout pas endosser l’étiquette infamante de pollueurs, ils affirment partager entièrement la politique du gouvernement dans ce domaine. Il y a ici une contradiction qui fera plus qu’annuler leurs faibles gains. Disons-le clairement : si les Gilets Jaunes acceptent sans discussion la transition énergétique, ils s’appauvriront et leur mouvement n’aura servi à rien.

Car la facture de la transition énergétique va exploser dans les années à venir et il faudra bien la payer d’une façon ou d’une autre. Emmanuel Macron a annoncé le 27 novembre lors de la présentation de la Programmation pluriannuelle de l'énergie pour les dix ans à venir le triplement du nombre d’éoliennes, la multiplication par cinq de l’électricité photovoltaïque, et la volonté d’investir « 7 à 8 milliards d'euros » par an dans les énergies renouvelables. Cette électricité ainsi produite est plus coûteuse que le prix de marché, la différence est payée par le consommateur à travers deux taxes qu’il paye sur sa facture, la CSPE (Contribution au service public de l’électricité) et le TURPE (Tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité). Les éoliennes en mer, dont le coût initial était de 40 milliards d’euros, a été ramené à 25 milliards en faisant financer le raccordement par RTE, qui se rattrapera par une augmentation du TURPE... Cette énergie est aussi intermittente, ce qui oblige à maintenir en activité des centrales thermiques classiques. Et accessoirement, le passage de 8 000 à 24 000 éoliennes défigurera le paysage français. Les Gilets Jaunes ont évité une hausse des taxes sur le carburant, mais ils seront étranglés par une facture d’électricité qui grimpera d’année en année…

Ce renchérissement de l’électricité dégradera la compétitivité des entreprises françaises, alors que jusqu’ici, grâce au nucléaire, c’était pour elles plutôt un point fort. D’autres effets collatéraux surgiront : par exemple, dans une voiture électrique, les batteries représentent 40% de la valeur ajoutée totale, or celles-ci proviennent de Chine, notamment parce qu’elle exploite 90% de la production mondiale de terres rares nécessaires à leur fabrication, en conséquence leur développement conduira un effondrement de l'emploi dans l'automobile et chez les sous-traitants.

Des efforts insignifiants

Et qu’en est-il de cette « urgence » à réaliser la transition énergétique ? C’est un mensonge. L’Accord de Paris sur le climat signé lors de la COP21 en 2015 permet à la Chine, à l’Inde et aux pays émergents de continuer à augmenter leurs émissions de CO2 jusqu’en 2030, avec l’engagement non contraignant de commencer à les diminuer ensuite. Les efforts que fera la France, qui ne pèse que 1% des émissions de CO2 dans le monde, seront insignifiants et complètement engloutis par cet accroissement. L'urgence consisterait plutôt à retrouver une croissance économique plus forte, une baisse du chômage et un assainissement des comptes publics, ce qui permettra alors de financer – sans peser sur l’activité – une transition énergétique qui s’imposera de toute façon face à l’inéluctable épuisement des ressources fossiles.

Mais il faut aller plus loin et remettre en cause la réalité du réchauffement climatique provoqué par l’Homme. Rappelons d’ailleurs que le principal accusé de ce réchauffement, le CO2, le dioxyde de carbone, dû à la combustion des énergies fossiles, n’est pas un polluant mais la nourriture de la végétation, via la photosynthèse, avec l’eau et les minéraux qu’elle puise dans le sol, sans CO2 il n’y a plus de vie sur terre. En l’espace d’un siècle, le taux de CO2 dans l’air est passé de 0,03% à 0,04%, soit de 3 à 4 molécules sur 10.000 dans l’air que nous respirons. C’est tout. Voici l’objet du délit. Cette augmentation, selon le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), va nous conduire à l’apocalypse, à une hausse des températures de 4 à 5 degrés d’ici 2100, générant toute une série de catastrophes (désertification, montée des eaux, cyclones, etc.). Il est impératif, pour l’organisme international, de limiter l’augmentation de la température à 2 degrés en réduisant les émissions de CO2 « de 40 à 70% entre 2010 et 2050 ».

Un débat nécessaire

Cette analyse fait l’objet d’un « consensus scientifique » nous dit-on. Mais, comme le fait justement remarquer François Gervais dans son livre L’urgence climatique est un leurre (Editions l’Artilleur, 2018), et dont sont tirés les chiffres suscités : « mettre en avant un consensus est un aveu d’absence de preuve ». L’enseignant-chercheur et médaillé du CNRS s’est lui-même livré à une comptabilisation des publications sur le sujet dans le monde et il dénie tout consensus, loin de là. Il n’y a pas de preuve, uniquement les modèles du GIEC dont François Gervais conteste, avec d’autres, leur adéquation avec les températures relevées.

Pourquoi cette théorie a-t-elle un tel succès ? C’est à se demander si le réchauffement climatique ne constitue pas un véritable don du ciel pour tous les responsables politiques interventionnistes et étatistes, une justification « scientifique » à intervenir comme jamais dans la vie quotidienne des gens et des entreprises, à mettre en place planification envahissante et un capitalisme de connivence à un niveau jamais vu…

Bref, il faut un débat sur cette question qui pèse plusieurs dizaines de milliards d’euros. Les climato-fanatiques nous mènent à la ruine, on peut quand même les interroger sur les fondements de leur croyance ! Les Gilets jaunes doivent aller au bout de leur action et de leur réflexion, sans tabou. Comment ? En posant la question, tout simplement, au président et au gouvernement, en demandant des preuves, des chiffres, des faits, qui justifient cette "transition" menée à marche forcée. De cette façon ils peuvent vraiment changer la donne sur la fiscalité et la prospérité de notre économie, et sur le pouvoir d’achat de tous les Français.

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Philippe Herlin est économiste, Docteur en économie du Conservatoire National des Arts et Métiers, il a publié plusieurs ouvrages chez Eyrolles et rédige des chroniques hebdomadaires pour Goldbroker. Il écrit tous les vendredis un article sur l'art et la culture vus à travers l'économie, et intervient ponctuellement sur d'autres sujets. Son site : philippeherlin.com.

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