Ce dont nous avons besoin pour trouver un emploi

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Par Louis Garcia Modifié le 14 mars 2013 à 0h50

Hormis pour les slashers* ou pour ceux qui cherchent un emploi à vie, la compréhension du rapport que l’on a avec l’entreprise constitue la meilleure préparation aux différentes étapes du recrutement. Pour trouver un emploi, vous pouvez suivre les conseils en ligne de sites internet ou d’ouvrages référents ou bien suivre ces quelques étapes de découverte de soi et du rapport que vous entretenez avec l’entreprise.

Admettez que l’Entreprise n’a pas besoin de vous :

Difficile à admettre pour certains, il suffit de lire les brochures de Grandes Ecoles ou les statistiques sur les emplois rares (toujours les mêmes) pour renforcer cette croyance selon laquelle tel cursus vous donnera un statut social et une situation enviable. Face à vous, pendant l’entretien d’embauche : un recruteur professionnel ou un patron de PME suivra un processus basé sur le même principe. Au travers de questions il compare ce qu’il ressent de vous (plus que vos diplômes et cursus) avec une description de fonctions ou une simple idée de poste à pourvoir. Si le poste existe, il tentera de vous imaginer à la place de l’ancien titulaire ; en cas de création au mieux, il se laissera guider par son intuition, et au pire, il vous fera exprimer des qualités et expériences qui vont le rassurer et coller le plus possible à la description du poste. L’embauche se fera sur cette « impression » que vous vous intègrerez le plus harmonieusement possible avec l’organisation existante ou imaginée par le manager.

Admettre que l’Entreprise n’a pas besoin de vous, c’est adopter une position « basse » : celle de celui qui veut comprendre. C’est admettre que l’entreprise peut, au gré des rencontres avec les candidats, changer son fusil d’épaule, modifier la perception de son besoin. C’est admettre que, pour l’entreprise, l’embauche, c’est aussi le risque de modifier des équilibres fragiles de son organisation. Pour vous, c’est vous renforcer, ne pas tout attendre d’un entretien, ne pas vous sentir rejeté en cas de refus et tendre vers un objectif majeur : découvrir le vrai besoin de l’entreprise.

Découvrez le vrai besoin de l’entreprise. Posez plus de questions que l’on vous en pose :

Considérez l’Entreprise comme un client que vous devez convaincre de l’adéquation de votre candidature au poste recherché. Ne pas uniquement questionner sur les salaires, avantages divers ou prestations du CE, car il s’agit là de l’expression d’un besoin de sécurité, d’une attitude autocentrée. Les bonnes questions portent sur les liens hiérarchiques, la place du poste dans l’organisation, les missions principales, la délégation de responsabilité dans l’entreprise, les raisons du départ du titulaire précédent ou le sens de cette création de poste dans le projet de l’entreprise, les liens fonctionnels, l’existence de travaux en équipe ou par projet. Vous devrez répondre aux questions du recruteur, mais appliquez-vous à faire préciser, par des questions ouvertes ou des reformulations, ce dont l’entreprise a vraiment besoin, au delà des apparences et des titres de l’offre d’emploi.

L’utilité de ces questions sera de montrer votre intérêt et votre envie de connaître le cadre de votre futur travail. Vous faites ainsi « dessiner » par votre futur employeur par des mots ou mieux, via des schémas, la place et le rôle du poste dans l’organisation. Cet exercice a plusieurs intérêts : au mieux, l’employeur commencera à vous imaginer dans ce poste ; au pire, cela l’aidera à préciser l’idée qu’il a de ce poste, le modifier ou l’adapter à la réalité du marché**.

Adopter une position « basse » ne signifie pas se mettre en infériorité. Il s’agit de ne pas apparaître comme « référent » dans son domaine, de ne pas écraser, de son intelligence supposée ou de son savoir, son interlocuteur, de ne pas « étaler » ses connaissances. Un bon vendeur n’est pas un « étalagiste ». Comme vous devez malgré tout vous vendre, tachez de bien comprendre et faire préciser le besoin de « l’acheteur » avant de proposer vos services.

L’exercice n’est pas facile, d’autant que les recruteurs disposent d’une batterie de questions clés auxquelles vous pouvez vous préparer. Oser poser des questions est indispensable car, plus vous en saurez, mieux vous pourrez positionner votre projet personnel par rapport à celui de l’entreprise, comprendre, avant de se faire comprendre. Ne faire que répondre, c’est accepter à l’avance de se mettre en infériorité. Poser plus de questions qu’il vous en est posé, c’est rechercher une parité dans la relation « recruteur / recruté » ; c’est montrer que vous n’êtes pas encore convaincu, que vous avez le choix entre plusieurs postes possibles.

Instaurer une relation de parité. Chassez vos pensées toxiques :

Souvent, les entretiens échouent avant même d’avoir débuté. Ce que les recruteurs appellent la découverte de talents, se résume à des questions destinées à faire se découvrir les candidats.

Les questions du style :

- Dans quelle mesure vous estimez-vous ou pas l’homme de la situation à pourvoir ?

- Quelle est votre valeur ajoutée professionnelle ?

- Comment conciliez-vous vie personnelle et vie professionnelle ?

- Que recherchez-vous à quitter ou à trouver en changeant de situation ?

- Quelles sont les raisons qui doivent m’inciter à vous recruter ?


- Quels sont les éléments qui feraient que vous n’accepteriez pas de venir chez nous ?

- Pensez-vous que votre personnalité est en phase avec la culture de notre entreprise ? etc...

Elles ne sont pas forcément en relation directe avec l’emploi à occuper. Elles servent à déterminer votre estime de soi et/ou l’opinion que vous avez de vous-même et des autres. Le manque d’estime de soi représente la cause principale de l’échec en entretien de recrutement, comme dans la conduite d’une carrière professionnelle. Ce qui est redouté par les recruteurs tourne autour de ces peurs de l’échec, du manque de maîtrise de soi en situation conflictuelle, du manque total de sens à donner à son existence ou à son projet professionnel, à la peur d’échouer et donc à l’excès de prudence, aux personnalités ayant des pensées négatives sur elles-mêmes ou sur les autres, aux personnalités trop craintives ayant peur de faire front ou de savoir dire non. La liste des peurs est longue. Il s’agit de les connaître et d’y remédier.

La plus grande pensée toxique est celle du « syndrome de l’imposteur ». Ce discours intérieur et répétitif est le fait de penser que l’on n’est pas à sa place, que l’on usurpe la place de quelqu’un de plus doué, de plus compétent ou de mieux formé. Selon les psychologues, 77 % de ce que nous pensons, est négatif. Il y a donc urgence à bien se connaître et à décrypter ce qui, dans nos perceptions, peut empoisonner notre existence et entrainer des échecs à répétition. Les professionnels de l’accompagnement peuvent aussi nous aider dans cette recherche de sens et donc à mieux vivre, en conscience, ce que nous faisons ou ce que nous pensons de nous-mêmes. Nous sommes contrôlés par ce dont nous n’avons pas conscience, nous contrôlons ce dont nous avons conscience. Savoir ce qui nous gouverne, « la petite voix intérieure », peut grandement nous aider à nous gouverner et à renforcer notre estime de soi. Trouver un emploi, c’est peut être se trouver soi-même.

* Slashers ou génération Y : «…ce sont des jeunes actifs qui s’auto construisent une identité aux multiples facettes et prônent le cumul des emplois comme mode de vie professionnelle… la carrière ne s’envisage plus de façon linéaire et séquentielle. On passe d’une logique de contrat à long terme à la renégociation permanente d’engagements multiples », extrait d’un Rapport commandé en 2011 par le Ministère du Travail.

** Cet exercice de description de poste aboutit souvent à la recherche du « mouton à 5 pattes », trop de qualités, trop de compétences sont demandées, traduction d’un manque de clarté dans le projet et l’organisation de l’entreprise.

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Louis GARCIA fait du conseil en management, du coaching et organisation de l'entreprise. Il est directeur de BCLG et Coach chez NEOCOACH France. Avant d’occuper cette fonction, il a été responsable de la politique de prévention des risques chez PSA Peugeot Citroën et responsable du conseil social du Groupe.

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