La chance du gouvernement : un contexte international très favorable

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Par Daniel Moinier Modifié le 29 novembre 2022 à 10h07

Malgré une gestion calamiteuse depuis 2 ans, le gouvernement français a une chance inouïe d'être très aidé par un contexte international très favorable.

Cela avait déjà était le cas avec le gouvernement Jospin qui avait bénéficié d'un environnement très favorable fin des années 90, gâché en grande partie par cette mise en place néfaste de diminution du temps de travail. En espérant que l'histoire ne se répète pas !

Chômage :

Depuis l'élection de François Hollande, le chômage a progressé de 21%, soit près de 600.000 personnes en plus. L'année 2014 vient de s'achever, mais elle aura été encore pire que celle de 2013. Les mauvais chiffres de novembre : + 0,8% soit 27.400 chômeurs, pour un total France hors métropole de 3.488.300 (3.751.900 avec les DOM) personnes sans emploi. Avec les 3 catégories (A,B,C) nous avons 5,13 millions de personnes en recherche d'emploi. C'est plus 1% pour les plus de 50 ans, 0,5% chez les jeunes, 5,9 % pour le chômage longue durée sur un an. Et cela malgré les 44.500 contrats aidés et 50.00 bénéficiaires du dispositif jeunes (en cours).
Alors que le Président a longtemps annoncé la fin de la hausse du chômage, l'année 2014 aura été la deuxième plus mauvaise année du quinquennat avec déjà à fin novembre, 174.800 chômeurs de plus.
Les jeunes à fin octobre étaient 784.000 sans emploi, les seniors 1.140.000, les plus de 1 an de chômage à 2.221.00 et ceux de 3 ans à 683.000.

Tout cela est la résultante d'une nation qui se porte de moins en moins bien. Un PIB qui stagne à + 0,3% (annoncé en hausse en 2015), un déficit de moins 4,4% malgré toutes les annonces de redressement, une dette publique 95,4% du PIB, certainement très proche des 100% en 2016, une faillite des entreprises à son plus haut niveau et de 63.100 fermetures. Et des prélèvements toujours très forts à 44,7% du PIB.

Mais heureusement, la chance semble arrivée de l'extérieur !

Le Pétrole est à son plus bas niveau à 55,8$, égal à celui de mars 2009 ou juin 2005, ce qui augmente sans rien faire, très substantiellement le pouvoir d'achat des ménages, diminue les coûts des transports routiers, de l'énergie.
Pour les ménages, pour tout ce qui a trait au pétrole ; carburants, chauffage et tout produit issu de celui-ci. Avec une baisse de 20 dollars, l'inflation diminuerait de 0,5% la première année, 0,7 la deuxième année et 1,2 point la suivante. C'est autant de pouvoir d'achat de gagné. Cela pourrait normalement permettre de créer 100.000 emplois. Le PIB selon l'OFCE, devrait augmenter de 0,1% à chaque diminution de 20 dollars du baril la première année, de 0,3 % la deuxième et de 0,4% la troisième.
Pour l'industrie le bénéfice est estimé à 2 milliards de gain par an, autant que le CICE (Crédit d'Impôts Compétitivité). L'excédent d'exploitation quant à lui pourrait s'estimer à 1,2% avec une hausse de 2,9 % de bénéfices.

L'euro également est à son plus bas depuis 2004, à 1,21$. C'est une très bonne nouvelle pour les exportateurs et sur le plan économique.
La nouvelle politique de la Banque de France a fait reculer le cours de l'euro de plus de 10% par rapport au dollar et plus de 7% par rapport à la livre sterling. Même si la valeur de l'euro par rapport au panier de monnaies étrangères n'est en replie que de près de 6% depuis le début de l'année, l'impact est très positif.
Cette baisse devrait avoir un effet positif sur le PIB d'environ 0,2% la première année et de 0,6% la deuxième selon l'économiste Jean-Christophe Caffet de chez Natexis. Mais il faut toutefois prévoir un effet à retardement car il faut environ six mois pour que les bienfaits d'un recul du taux de change se fassent ressentir, estime Mathieu Plane, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Par contre les inconvénients peuvent être de deux sortes :
- L'affaiblissement d'une monnaie est aussi un appauvrissement relatif d'un pays par rapport au reste du monde.
- Les biens importés vont surenchérir le coût de la facture du consommateur. Car une dépréciation du taux de change est toujours un transfert de valeur des consommateurs qui achètent des produits importés vers les entreprises exportatrices.
Mais toutefois, les avantages d'une dépréciation de l'euro dépassent largement les inconvénients.

Autre avantage, non négligeable, des taux d'intérêts extrêmement bas grâce à la politique monétaire accommodante de la BCE. Ceux-ci influent directement sur la distribution de crédits par les banques et jouent de suite sur le niveau des prix et toute l'économie. Pour cette raison, les banques vont payer moins cher pour se refinancer auprès de la Banque Centrale. Elle a également baissé son taux de prêt marginal, celui qui se répercute sur le taux des guichets automatiques.
Cela agit très favorablement aussi sur l'économie. Puisqu'avec un taux bas, ce sont plus de crédits possibles et donc une relance économique par l'emprunt des ménages et des entreprises.

Autre élément favorable pour l'état, le taux historiquement bas des emprunts souverains.
C'est la conséquence du discours du Président de la Banque Centrale Européenne, Mario Draghi. « Nous sommes prêts à recalibrer le rythme, l'ampleur et la composition de nos achats si nécessaire et sans délai ». Le Président essaie par touches successives de ramener le bilan de la BCE à son niveau de 2012. Mais serait-ce suffisant ? Les économistes en doutent et attendent encore de nouvelles mesures accommodantes dans les prochains mois.
Mais la hausse du prix des obligations souveraines lui complique quelque peu la tâche.

Dernière répercussion très favorable pour la France, la bonne tenue des économies anglo-saxons : USA, Angleterre.
Aux Etats-Unis,
Au troisième trimestre la croissance de l'économie américaine a fortement progressé. Son PIB a augmenté de 5 % de juillet à septembre 2014. Son niveau se situera environ à 2,4% pour l'année 2014.
Le pays connaît ainsi son plus fort taux de croissance depuis 2003, et ce, grâce à une hausse de la consommation des ménages. A elle seule, c'est 2,2% de croissance du PIB.
A cela s'ajoute la baisse du prix de l'essence, qui a en outre participé au rebond de l'économie, notamment à partir du mois de juin.

Au Royaume-Uni,
Même si en cette fin d'année l'économie britannique donne quelques petits signes d'essoufflement, elle va réaliser en 2014, après les +1,9% de 2013, un chiffre record pour les grands pays de l'UE, de 2,7% de croissance.
George Osborne, le chancelier de l'Echiquier s'est vanté d'une progression plus rapide que dans tous les pays développés. C'est du jamais vu depuis 2007. Même si la prévision de la banque d'Angleterre devait être de 3,4%, c'est un résultat très honorable. Les prévisions 2015 sont un peu moins favorables à 2,3% et envisagées ensuite sur un rythme de 2,6%.

Alors tous ces éléments très favorables, vont-ils être les boosters de notre économie ?
Cela devrait être le cas. Si cela ne l'était pas, c'est que nous serions réellement empêtrés dans une gestion antinomique, bloquée par décisions antérieures et nouvelles, contradictoires, idéologiques, confuses dans leur intension et leur direction.
Pour avoir une croissance suffisante et pérenne, il manquera toujours des mesures prenant en compte l'augmentation de la durée de vie et celles des temps de travail et d'activité. A quand le grand saut ?

www.livres-daniel-moinier.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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