COP26 : Comment financer la transition écologique ?

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Par Rédacteur Modifié le 2 novembre 2021 à 14h57
Ecologie Climat Relance Verte
250 MILLIARDS $Le coût du réchauffement climatique est estimé entre 50 et 250 milliards de dollars par an.

Contenir l’augmentation de la température à + 2 °C, voire + 1,5 °C à la fin du siècle. Un objectif ambitieux qui en implique un autre : mobiliser la finance à l’échelle mondiale.

La COP26 permettra-t-elle de sceller « un accord à la hauteur de l’urgence », comme le souhaite Emmanuel Macron ? Le doute est permis. La conférence internationale organisée chaque année par les Nations unies s’est ouverte à Glasgow sur fond de vives tensions entre le Nord et le Sud.

Un tiers des Etats insulaires du Pacifique ont dû renoncer à y participer face aux difficultés engendrées par les restrictions de voyages liées à la pandémie. Sept pays d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud se trouvaient quant à eux dans la « liste rouge » de la circulation de la Covid-19, qui oblige les ressortissants des pays y figurant à s’isoler pendant dix jours à leur arrivée en Grande Bretagne. Enfin, à la veille de l’ouverture de l’événement, la moitié des délégués africains n’avaient « pas la certitude de pouvoir se rendre en Ecosse ».

Or, une présence amoindrie des pays du Sud à Glasgow serait de nature à remettre en cause la légitimité et l’efficacité des engagements pris à l’issue de cette COP26. Elle contribuerait en outre à aggraver le « grand manque de confiance des pays du Sud à l’égard de ceux du Nord sur les enjeux de solidarité », comme le souligne Sébastien Treyer, directeur exécutif de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).

Les enjeux sont pourtant forts, notamment celui de « mobiliser la finance », qui figure en troisième position parmi les quatre objectifs fixés par les organisateurs. Ce n’est pas un hasard si Mark Carney, ancien patron de la Banque d’Angleterre et chantre de la finance verte, a été nommé parrain de cette grand-messe de l’environnement.

Efforts insuffisants

Pour l’OCDE, 6 900 milliards de dollars par an seront nécessaires d’ici à 2030 pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris (neutralité carbone en 2050, maintien de la hausse des températures sous les 1,5 °C…).

Or, si la place financière « a pris des engagements », ils restent insuffisants. C’est en tout cas l’avis de Bruno Le Maire, qui, lors du Climate Finance Day (26 octobre), a appelé les acteurs financiers à respecter et même dépasser leurs engagements.

« Les six plus grandes banques françaises se sont engagées à arrêter dès 2022 le financement des projets d’exploitation de pétrole de schiste, de gaz de schiste, de sables bitumineux. C’est très bien, mais ce n’est pas suffisant », a affirmé le ministre de l’Economie tout en pressant le secteur de s’engager dans une trajectoire crédible, transparente avec un calendrier contraignant.

Les inquiétudes de M. Le Maire sont largement partagées par les experts. Pour la Banque de France, « le secteur financier a un rôle déterminant à jouer […] en raison du montant important de ressources qu’il gère. Il peut donc participer activement à l’orientation des investissements vers des projets favorisant la transition énergétique ».

Seulement, les institutions financières font partie des plus émettrices de CO2, précisément à travers les émissions produites par les entreprises présentes dans leurs portefeuilles (ce qu’on appelle émissions indirectes ou émissions de scope 3).

« Trouver des solutions collectives »

D’après un rapport du Carbon Disclosure Project (CDP), les émissions indirectes des institutions financières sont 700 fois supérieures à leurs émissions directes. Une estimation qui pourrait se révéler faible, « trop peu d’institutions financières [étant] suffisamment transparentes sur ces informations », comme le regrette le CDP.

Pourtant, ces dernières années, les banques, assurances et sociétés gestionnaires d’actifs ont pris des engagements pour décarboner leurs portefeuilles. Mi-octobre, les grandes banques françaises se sont engagées à ne plus financer les « projets dédiés aux hydrocarbures non conventionnels » et les « entreprises dont la part d’hydrocarbures non conventionnels dans l’exploration et la production serait […] au-delà de 30 % de leur activité ».

La Banque postale et les assureurs Maif et Ircantec se sont quant à eux engagés à ne plus financer les entreprises prévoyant de nouveaux projets de production de pétrole et de gaz.

A l’échelle mondiale, 43 banques internationales se sont engagées, sous l’égide de l’ONU, à être neutres en carbone d’ici à 2050. On compte parmi elles les françaises BNP Paribas, Société générale et la Banque postale.

Ce qui ne devrait pas surprendre. « Pionnières dans leur gestion du risque climatique », les banques françaises sont décidées à « trouver des solutions collectives » afin que leur transition « soit celle de toute l’économie ». Un engagement qui pourrait en inspirer d’autres au sein de cette COP26.

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