La cote de popularité du Président Trump remonte !

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Par Hervé Goulletquer Modifié le 26 février 2019 à 11h41
Chine Donald Trump Commerce 1
60 $Donald Trump souhaite une stabilisation du prix du baril de pétrole américain entre 50 et 60 dollars.

Un président américain attentif à la croissance et aux marchés ; l’écho chez les citoyens est positif. Y a-t-il ici un fil à suivre en termes d’initiatives de politique économique à l’horizon des prochains mois ? Sans doute et il s’agit d’un vrai enjeu pour les Européens.

Peut-être que l’information la plus importante de la journée d’hier est le commentaire du président Trump sur le prix du pétrole. Celui-ci est trop élevé pour une économie mondiale fragile. L’OPEP doit intervenir. Dans le sillage du propos, le cours du WTI, le pétrole de qualité américaine, a reculé de plus de 1,5 USD par baril (à moins de 56 dollars). Il a remonté un peu par la suite. Sans doute doit-on comprendre que le locataire de la Maison Blanche souhaite une stabilisation du prix du baril de pétrole américain dans la partie basse de la fourchette comprise entre 50 et 60 dollars.

Pourquoi une telle intervention ? Assurément pour prévenir un mouvement haussier, jugé excessif car ponctionnant le pouvoir d’achat des ménages et risquant d’entrainer un ralentissement non souhaité de l’économie. Par ricochet, le marché des actions pourrait souffrir. Attention alors à l’enclenchement d’un cercle vicieux entre bourse et croissance toutes les deux mal orientées.

On a envie de mesurer à cette aune les initiatives en cours du président Trump. La recherche d’un compromis avec la Chine ne s’inscrit-elle pas dans le cadre des turbulences boursières et des questionnements sur l’économie, intervenus au cours du quatrième trimestre 2018 ?

De fait, la démarche semble « payer ». Le cours des actions remonte et, même si ce n’est pas encore complétement fait, la confiance des entreprises et des ménages devrait se reprendre. Reste le troisième panneau du triptyque : la cote de popularité du chef de l’exécutif. Il faudrait qu’elle remonte. Eh bien c’est le cas ! Elle est actuellement à 44, contre 41 à la fin du mois de janvier. En sachant que la moyenne depuis le début du mandat est de 41,6 et que l’écart-type est à 2. Bref, il y a une vraie amélioration.

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Le mouvement correspond assurément à une démarche délibérée de la Maison Blanche. Après le signal négatif envoyé par l’environnement économique et financier en fin d’année dernière, il fallait « reprendre la main » en termes de politique économique, afin de créer les conditions permettant au président d’aborder dans les meilleures conditions possibles la campagne pour les élections de 2020. Sachant que celle-ci a quasiment démarré du côté du Parti démocrate. Qui plus est d’une façon indirectement favorable à Donald Trump. Ne voit-on pas une concentration de candidats aux élections primaires, affichant un positionnement très à gauche ? Ce qui laisse un espace au centre que les équipes du Président ont sans doute envie d’investir.

Bien sûr, le niveau actuel de popularité de Donald Trump est encore trop bas, pour donner une probabilité élevée de succès pour l’élection de novembre 2020. Mais une inflexion est intervenue. Il reste à cultiver la dynamique apparue. Comment faire ? Faut-il focaliser à la fois sur l’économie et les marchés (faire en sorte que la croissance se maintienne à un bon niveau et que la bourse se porte bien), tout en pointant la dangerosité de Démocrates flirtant avec le socialisme ? Business as usual par rapport à la situation actuelle, en quelque sorte. Ou doit-on essayer de « doubler la mise » en « tentant un coup » ? S’offrir par exemple une victoire sur le front de la politique extérieure. Pourquoi pas alors « tordre le bras » aux Européens sur les questions de l’importation d’automobiles et de l’exportation de produits agricoles ?

Peut-être ; mais il y a un aspect « quitte ou double » dans cette approche. L’Union européenne réagira assurément à toute augmentation des droits de douane par une action similaire. Avec quelles implications sur la bourse américaine et sur la confiance des entreprises et des ménages ? Celles-ci seront sans doute négatives. Alors, le jeu en vaut-il la chandelle ? Peut-être pas. Et si le besoin que la cote de popularité du Président Trump était une assurance de non-agression pour les Européens ?

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Hervé Goulletquer est stratégiste de la Direction de la gestion de La Banque Postale Asset Management depuis 2014. Ses champs d’expertises couvrent l’économie mondiale, les marchés de capitaux et l’arbitrage entre classe d’actifs. Il produit une recherche quotidienne et hebdomadaire, et communique sur ces thèmes auprès des investisseurs français et internationaux. Après des débuts chez Framatome, il a effectué toute sa carrière dans le secteur financier. Il était en dernier poste responsable mondial de la recherche marchés du Crédit Agricole CIB, où il gérait et animait un réseau d’une trentaine d’économistes et de stratégistes situés à Londres, Paris, New York, Hong Kong et Tokyo. Il est titulaire d’une maîtrise d’économétrie, d’un DEA de conjoncture et politique économique et diplômé de l’Institut d’Administration des Entreprises de Paris.

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