Non, la France n’augmentera pas son PIB avec la Coupe du monde de football

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Par Daniel Moinier Modifié le 14 juillet 2018 à 9h51
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500 000La chaîne BeIN Sports a gagné 500 000 abonnés depuis l'avant la Coupe du monde 2018.

Depuis que la France a atteint et même gagné sa demi-finale, des économistes, experts sont convaincus que la France va profiter des retombées économiques et augmenter son PIB de 0,1 point, voire plus, soit passer de 1,8 prévu à 1,9.

Suivant l’économiste en chef de Euler Hermes, la Coupe du monde rapporterait 0,2 point de consommation en plus à la France, soit 0,1 point de croissance supplémentaire. La croissance de la consommation passerait de + 1,1 à 1,3% en 2018. La croissance du produit intérieur brut passerait de + 1,8 à + 1,9%. Un dixième de point en plus représenterait approximativement 2 milliards d’euros dans l’économie !

Pourquoi en serait-il ainsi ?

Il est comparé 2018 à 1998, année où la France a gagné la Coupe du monde. Mais la différence est importante puisque la compétition se passait en France. La Russie, ce n’est pas à côté.

Quelles retombées pourrait-il y avoir ?

Quels produits vont être les plus boostés par cette compétition ? Les supporters vont se retrouver en nombre dans tous les bars qui ont mis en place des grands écrans pour diffuser les matchs. Le chiffre d’affaires peut être facilement doublé voire beaucoup plus, hardi les bières et autres boissons, champagne si la France gagne. Mais aussi par les paris sportifs attisés par cette Coupe. C’est aussi le cas chez soi entre copains, copines, famille et toute la consommation qui suit ; biscuits apéritifs, chips, pizzas… et la météo très favorable a aussi son mot à dire dans l’augmentation des boissons fraîches !

Aux dernières nouvelles, les fournisseurs de biens d’équipement du logement annoncent déjà une hausse de 1,2% entre mai et juin surtout par l’achat de téléviseurs. Les magasins qui vendent des produits électro-domestiques et notamment les téléviseurs ont vu leurs ventes augmenter de 64% en juin par rapport à 2017 avec des pointes à 140% vers la fin juin. C’est surtout les écrans de grande taille associés aux nouvelles technologies qui ont boosté les ventes avec la forte communication liée aux promotions et la diffusion de certains matchs en 4K ultra haute définition.

Il existe aussi un effet confiance, enthousiasme, euphorie, avec les soucis mis provisoirement au placard qui permettent une augmentation des dépenses, déplacements dus aux achats et regroupements pour suivre les matchs, y compris sur les écrans géants.

Les spectateurs, supporters ont fait aussi le bonheur des chaînes de télévision programmant les matchs. TF1 qui a acquis, pour près de 70 millions d’euros les 28 des meilleurs matchs de la compétition, devrait, selon les prévisions, empocher 58 millions d’euros de recettes publicitaires et de plates-formes numériques. France-Belgique, malgré ses 19,1 millions de spectateurs, n’a pas pour autant dépassé les audiences de la Coupe d’Europe de 2014 diffusés il est vrai, tous en prime time à 21 heures. La chaîne quatarie BeIN Sports, qui ne communique pas ses recettes, a vu son audience battre ses records lors du match Espagne-Russie en huitième de finale, diffusé en exclusivité avec 1,468 million de spectateurs en moyenne. La chaîne a gagné 500 000 abonnés depuis l’avant compétition.

Autre dépenses, l’achat de maillots et surtout celui des bleus. En mai c’était 30% de plus de vendus à l’effigie d’équipes de sports collectifs en France. C’est Nike qui en tire le plus de profits puisqu’il est équipementier officiel de la Fédération de football depuis 2008.

Les magasins de sport annoncent une hausse de plus de 40% des ventes en valeur sur les produits relatifs à cette compétition.

Alors est-ce que tout cela va booster notre économie ?

Provisoirement, c’est possible, mais uniquement sur le court terme. Il ne faut pas oublier qu’en matière de consommation, on ne dépense que ce que l’on a dans la poche. Sauf emprunter, mais de toute façon il faudra rembourser et avec intérêts. Ce qui a été dépensé aujourd’hui ne le sera pas demain, ce qui veut dire que la hausse de PIB possible momentanée sera compensée par une baisse dans les mois qui suivent. En 1998, le pouvoir d’achat supplémentaire était en très grande partie du aux supporters étrangers, leurs familles, les journalistes, les billetteries, les transports, les hôtels, les consommations, les transports, les achats touristiques et j’en passe…

Pour véritablement augmenter le PIB, il est nécessaire que le pouvoir d’achat augmente pour booster celui-ci. Il est fondamental de gagner plus, non pas en augmentant instantanément le SMIC ou les salaires, comme le souhaite les syndicats et une partie de la gauche, ce qui provoquerait une perte de compétitivité de nos entreprises, mais en augmentant les heures travaillées (payées). Nous avons un déficit énorme de temps de travail par rapport à la durée de vie qui augmente constamment, je ne cesse de le marteler, de plus de 7 heures par jour, de 23 années depuis la dernière guerre ! Soit moins 11 500 heures sur une vie de salariés.

Le niveau du PIB est proportionnel aux nombre d’heures travaillées. Et contrairement à une hausse des salaires, une augmentation des temps de travail hebdomadaire et sur la durée de vie réduirait le coût horaire du travail, réhausserait les marges des entreprises, la compétitivité, y compris au niveau international ; nous en avons bien besoin. Cela boosterait les rentrées de charges sociales, retraite, maladie, Assedic…et surtout augmenterait immédiatement le niveau de vie par le bas de plus de 10% sans supplément d’impôt, y compris sans aucune autre mesure de l’État pour diminuer ses dépenses.

Et oui, plus le PIB augmente, plus le pourcentage de dépenses diminue, c’est mathématique. Il serait possible de passer de 57% de dépenses d’État à largement moins de 50%, rien que par cette augmentation du temps de travail.

Alors, il faut pousser nos gouvernants pour faire passer cette unique loi qui est la seule qui puisse sortir notre pays de son déficit et endettement progressif insupportable. Ceux-ci n’ont cessé de compenser la baisse de pouvoir d’achat par un nombre d’aides insupportables pour nous faire croire moins pauvre que d’autres pays !!!

www.danielmoinier.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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