Immigration clandestine : les passeurs empochent au moins 5 milliards d’euros par an

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Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 8 octobre 2014 à 5h07

C'est un peu comme l'évaluation du chiffre d'affaires de la Mafia (+ de 50 millliards d'euros) ou l'évaluation du poids du trafic de drogues dans le PIB mondial (243 milliards d'euros !) : on procède par recoupements, on extrapole, en ajoutant un peu de doigt mouillé et d'intuition. Mais au final, le chiffre veut dire quelque chose : c'est intolérable.

Les deux réseaux de passeurs d'immigrés clandestins d'Afrique vers l'Europe et d'Amérique du Sud vers l'Amérique du Nord, les deux eldorados, génèrent plus de 5 milliards d'euros de chiffre d'affaires d'après l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Et encore ne s'agit-il que d'une estimation partielle, qui ne prend pas en compte le trafic en provenance des pays d'Asie ! Celui-ci, contrairement aux deux autres, est beaucoup plus structuré, contrôlé par des organisations puissantes, et par conséquence, capables de faire les choses "bien" et discrétement. Même le financement du passage est organisé en Asie, celui-ci pouvant se faire à crédit, le migrant étant condamné à rembourser sa dette pendant des années, sa famille ou ses parents restés "au pays" servant de garantie et risquant des représailles s'il arrête de payer.

Le trafic en provenance d'Afrique vers l'Europe est au contraire le fait de milliers de "micro-réseaux" opportunistes et faiblement dotés en moyens pour atteindre leur objectif. Il n'y a qu'à voir l'état des rafiots sur lesquels certains tentent la traversée de la méditérannée, qu'il s'agisse de vieux bateaux de pêche dont c'est le dernier voyage, ou de bateaux pneumatiques antédéluviens. Pourtant, un passage vers l'Europe est facturé 10 000 euros, mais certains, faisant miroiter une "réussite assurée", parviennent à extorquer jusqu'à 30 000 euros au migrant, qui pour réunir cette somme s'est souvent endetté auprès de toute sa famille, voire de tout son village. Le prêt avec la famille pour caution est aussi très pratiqué.

Le trafic de migrants est qui plus est un excellent business, car faiblement réprimé. Les passeurs sont rarement inquiétés et lorsqu'interpellation il y a, ce sont les exécutants du bout de la chaîne, ceux qui accompagnent les migrants lors de la tentative de franchissement d'une frontière ou d'une mer, qui sont appréhendés... et le plus souvent rapidement expulsés sans autre forme de procès ! Pendant ce temps là, les têtes des réseaux sont tranquillement installés au pays en train de compter leur argent...

Natursports / Shutterstock.com

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Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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