La Covid balaye l’économie portugaise et met fin au modèle des exilés fiscaux à la « Ibiza ».

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Par Pascal de Lima Publié le 4 mars 2021 à 6h00
Covid Economie Portugal Exiles Fiscaux
8%Durant la période 2015-2018, le taux de chômage ramené à 8% contre 17% lors de la période précédente.

Le Portugal vient d'élire son nouveau Président de la République. Rappel des enjeux économiques et politiques.

La Période 2011-2015

Voit Anibal Cavaco Silva (PSD de centre droit) à la Présidence de la République pour la seconde fois (2011-2016) avec un gouvernement de Centre droit porté par le premier Ministre Pedro Passo Coelho (2011-2015). C’est l’époque de la Grande austérité terrible sur le plan économique pour le Portugal et qui avait vocation à obtenir les financements de la Troïka et la crédibilité des marchés financiers : privatisations, gel des salaires de la fonction publique, tous les portugais se souviennent encore de cette période qui a vu le taux de pauvreté de la population exploser.

La Période 2015-2018

Voit Anibal Cavaco Silva se faire remplacer en 2016 par le très populaire Marcelo Rebelo de Sousa, PSD. Mais surtout, l’Europe va connaître une Révolution en matière de politique économique : c’est une coalition de gauche menée par Antonio Costa (PS) qui remporte les élections législatives en 2015 et qui va bouleverser la politique économique en Europe. Dans le jargon de la politique internationale on appelle cette coalition (jusqu’aux communistes et bloc de gauche libertaire) la Geringonça que l’on peut traduire par « alliance inattendue ». Cette période a été euphorique pour le Portugal : Taux de croissance supérieurs à ceux de l’Allemagne, réglage du déficit avec une politique ultra axée sur la demande, taux de chômage ramené à 8% contre 17% lors de la période précédente, excédents de la balance des biens et services, investissements productifs, amélioration des conditions des étudiants, fin de la désinflation compétitive (avec comme concurrents les pays de l’est) et montée en gamme de l’économie. Bref, le Portugal est un exemple de réussite d’une politique de demande parfaite et porte un coup fatal à Merkel et l’Europe endoctrinée par l’orthodoxie et l’austérité.

La période 2018-2021

Est celle du Président Marcelo Rebelo de Sousa et d’Antonio Costa réélu en 2019. Mais le Portugal connaît un virage économique surprenant. Le Portugal décide de faire de son pays un Ibiza pour attirer les capitaux étrangers via de multiples exemptions fiscales en tout genre (visas dorés…) et des facilités en matière d’investissement immobilier. Mais en plus de cela s'ajoute une politique économique extrêmement favorable au tourisme qui pèse maintenant 15% du PIB, du jamais vu en Europe en passant par le développement du commerce, de l’hôtellerie, de la restauration…C’est l’erreur fatale de vouloir attirer les capitaux de cette manière sans construire une économie solide dans ses fondements, surtout en prenant un virage inapproprié cassant la dynamique lancée par la « Geringonça ». Certes on a réagi mais bien trop tard et en pleine crise sanitaire.

En effet, la crise de la Covid a accéléré la prise de conscience qu’un virage à la « Ibiza », pour faire du Portugal un paradis fiscal structuré autour du Tourisme-Restauration-Commerce-Hôtellerie est extrêmement fragile. Aujourd’hui, plus que tout autre pays en Europe, le Portugal connaît une récession profonde dont on se demande encore comment il s'en sortira. Certes, un ultime espoir avec le dernier plan de relance qui ressemble sensiblement au Plan français : investissement dans les infrastructures publiques, l’éducation, la transition énergétique et pas uniquement les bars et les restaurants que l’on apprécie au demeurant.

Reste que la crise sanitaire a été grave au Portugal du fait des vacances d’été et du variant britannique et une crise politique n’est pas à négliger malgré la grande popularité du Président. En plus d’une crise sanitaire et économique, le Portugal pourrait aussi connaître une période d’instabilité politique.

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Chef économiste, Economiste de l'innovation, knowledge manager des cabinets de conseil en management (20 ans). Essayiste et conférencier français spécialiste de prospective économique, mon travail, fondé sur une veille et une réflexion prospective, porte notamment sur l'exploration des innovations, sur leurs impacts en termes sociétaux, environnementaux et socio-économiques. Responsable de l'offre "FUTURA : Impacts des innovations sur les métiers de demain". Vision, Leadership, Remote of Work, Digital as Platforms...secteurs Banque Finance Assurance, PME TPE, Industrie et Sport du Futur. Après 14 années dans les milieux du conseil en management et systèmes d’information (Consultant et Knowledge manager auprès de Ernst & Young, Cap Gemini, Chef Economiste-KM auprès d'Altran - dont un an auprès d'Arthur D. Little...), je fonde Economic Cell en 2013, laboratoire d’observation des innovations et des marchés. En 2017, je deviens en parallèle Chef Economiste d'Harwell Management. En 2022, je deviens Chef économiste de CGI et Directeur de CGI Business Consulting. Intervenant en économie de l'innovation à Aivancity, Sciences po Paris, ESSEC, HEC, UP13, Telecom-Paris... et Conférenciers dans le secteur privé, DRH, Directions Métiers... J'ai publié plus de 300 tribunes économiques dans toute la presse nationale, 8 livres, 6 articles scientifiques dans des revues classées CNRS et j'interviens régulièrement dans les médias français et internationaux. Publication récente aux éditions FORBES de « Capitalisme et Technologie : les liaisons dangereuses – Vers les métiers de demain ». Livre en cours : "La fin du travail" Site personnel : www.pascal-de-lima.com

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