François Hollande, Manuel Valls, les femmes et la crise (3/6)

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 23 décembre 2014 à 9h11

FICTION

Montebourg avait donc obtenu de François Hollande qu'il lui confia un super ministère. Sur le perron de l'Elysée, à la date anniversaire de l'élection de François Hollande à la tête de ce que l'on appelle désormais la zone France, devant les caméras du monde entier, le secrétaire général François Fillon annonça sans ciller en première position "Monsieur Arnaud Montebourg, Ministre d'Etat, en charge de l'Education et du redressement éducatif, la Santé, des affaires sociales et de l'assainissement des comptes sociaux, de l'Industrie, du Plan, et du redressement productif".

François Hollande, le regard vide

En son for intérieur, Fillon ne regrettait pas d'avoir remplacé au pied levé Jean-Pierre Jouyet – bêtement tombé à cause d'un compte off-shore aux îles Caïmans- sachant que la route de l'Elysée par la "voie normale" lui était désormais barrée.

Le président du Nouveau Sénat, Jean-Pierre Raffarin, toujours deuxième personnage de l'Etat d'après les institutions de la VIe République, tout ravi d'avoir enfin obtenu le job qui lui avait été refusé à deux reprises, souriait béatement sur la photo aux côtés de Christine Lagarde.

François Hollande, jouxtant statutairement désormais le poitevin, flottait littéralement dans son costume, le teint jaunâtre, le regard vide.

Il faut dire que sa séparation d'avec Sophie Marceau l'avait profondément affecté. Comment, lui, le personnage le plus important du pays, celui qui avait eu le courage de mettre à bas cette Ve République, avait-il pu être abandonné, presque répudié, par l'actrice préférée des Français, ambassadrice du charme et de l'élégance française ? Elle avait eu l'audace, oui, l'audace, de se faire inviter au 20 heures de TF1, pour dire devant 15 millions de téléspectateurs qu'elle et lui, c'était fini. Ou plutôt : "cela n'aurait jamais du commencer, d'ailleurs, cela n'a jamais commencé, cette histoire n'existe pas". Sophie se tenait le visage dans la main, tapotant sa joue nerveusement avec ses doigts. Elle fait ça quand elle est vraiment, vraiment énervée.

Nabila et l'oukaze présidentiel

Mufle, goujat, menteur : la presse internationale s'était déchainée pendant tout le mois de juin, commentant la rupture entre le président qui courait obsessionnellement après les femmes du grand comme du petit écran, et Sophie Marceau, la seule vraie star de son tableau de chasse. Après Julie Gayet, dont on disait encore en 2014 qu'il allait l'épouser bientôt, alors qu'il n'avait jamais eu autre chose que la gaudriole avec elle en tête, Hollande avait fêté le réveillon avec Nabila, opportunément sortie de prison par un oukaze présidentiel. Au point où il en était, il pouvait tout se permettre. Non mais allo quoi ? S'amusait-il à textoter, pour toute réponse aux SMS des ministres qui osaient le déranger pendant ses vacances à Brégançon, pour l'alerter de l'imminence du naufrage. Hollande flirtait, loin des caméras, avec Nabila. Le déficit de 100 milliards d'euros, la balance commerciale au 36e dessous, les 5 % de déficit, les -0,3 % de croissance depuis le début de l'année, tout ça, c'était à Valls de gérer.

Le cap des six millions de chômeurs, franchi à l'été 2015, Hollande l'avait fêté avec une actrice de la série La vie est belle. Personne n'avait retenu son nom, mais tout le monde avait noté qu'elle aussi avait trente cinq ans de moins que le chef de l'Etat. Trente cinq kilos, aussi.

Et puis il y avait eu Sophie. Avait-elle été grisée par le grand déballage de moyens déployés par le Président pour la séduire ? Invitée par l'Elysée lors d'une séquence humanitaire au Mali, pour l'anniversaire du crash d'Air Algérie survenu en juillet 2014, l'ambassadrice de l'UNICEF avait été impressionnée par ce Président qui semblait si soucieux du sort des enfants d'Afrique. Pendant des mois, on avait vu François Hollande, surnommé "l'Africain" par la presse américaine non sans malice, s'agiter devant les caméras dans tous ces pays où la France semblait pouvoir maintenir l'ordre avec quelques VAB fatigués. Il avait même fait le coup du sac de riz, raillant d'avance ceux qui moqueraient le geste médiatique d'un autre. Elle l'avait cru sincère.

C'était à Valls de gérer

Grâce à Sophie, la courbe de popularité de François Hollande avait grimpé en flèche. Les Français aimaient Sophie, donc, si Sophie avait choisi François, il ne pouvait pas être totalement mauvais. La cour d'Angleterre n'avait plus qu'à bien se tenir : le nouveau couple people était né ! L'actrice et le président écumaient toutes les réceptions, tous les rendez-vous de la Jet Set. La courbe de popularité de François grimpait, parallèle à celles de l'augmentation du nombre de chômeurs, de la dette (dépassant les 100 % du PIB fin 2015), du déficit de la balance commerciale, et, nouveauté, des taux d'intérêts auxquels la France empruntait sur les marchés. De tout cela, le Président s'en moquait, c'était à Valls de gérer.

Valls ? Cela faisait bien longtemps qu'il ne textotait plus avec Hollande. Lui connaissait la situation. Comme Fillon avant lui. C'est bien de cela que les deux Premiers ministres, l'ancien, et le nouveau, parlaient lors de leurs conciliabules secrets en 2014 et 2015. Chaque fois qu'un nouveau feu passait au rouge, ou plutôt, au violacé, Valls et Fillon se rencontraient discrètement.

Les observateurs aguerris avaient également remarqué que Christine Lagarde, pourtant directrice générale du FMI, était bien souvent de passage à Paris. Avait-elle la nostalgie du pays ? Si seulement...

Hier : L'Europe crée des milliards artificiellement (2/6)
Demain : Christine Lagarde, la VIe République et la disparition de l'euro (4/6)

Sophie Marceau et François Hollande, c'est fini

Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

Suivez-nous sur Google News Economie Matin - Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités.

Aucun commentaire à «François Hollande, Manuel Valls, les femmes et la crise (3/6)»

Laisser un commentaire

* Champs requis