La planche à billets, une solution pour l’Europe ?

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Par Jean-Yves Archer Modifié le 21 juin 2012 à 6h49

La situation financière de la zone Euro est marquée au fer rouge du mot dette. En effet, tant les Etats que certaines banques sont confrontées à des exigences et à des montants de créances qu'ils ne peuvent assumer.

Alors que Monsieur Rajoy affirmait n'avoir besoin d'aucune aide, moins de quinze jours après il plaidait pour l'urgence d'une aide de 100 milliards d'Euros pour sauver Bankia et les autres banques en mal de recapitalisations. De nombreux observateurs pressentent que les besoins de liquidités dont l'Espagne a besoin ne sont pas encore pleinement satisfaits.

Face à ce besoin de financement de l'économie européenne, il faut d'abord se souvenir que la création monétaire revient essentiellement aux banques. Dans une opération de crédit, il y a une avance en compte au profit d'un agent non financier, ce qui est une création de monnaie décidée par la seule banque sous réserve de respecter des ratios prudentiels. La destruction monétaire intervenant par le remboursement du crédit. A noter toutefois que les engagements hors-bilan et les procédures de titrisation ont permis à de nombreux établissements de contourner les règles de Bâle II.

Compte-tenu du resserrement du crédit et de la quasi-insolvabilité de certaines banques, la Banque Centrale Européenne a autorisé des prêts selon un mécanisme non conventionnel pour que le système soit sécurisé. C'est le fameux débat sur les prêts à 1 % de la BCE aux banques qui prêtent elles-mêmes à 3 ou 5 % voire plus s'il s'agit de dettes souveraines de pays jugés incertains. L'Histoire dira s'il y a eu erreur stratégique à Francfort et enrichissement sans cause des établissements bancaires qui effectuent ainsi de la création monétaire.

Parallèlement, plusieurs voix s'élèvent pour noter le taux d'inflation limité de la zone Euro (ce que nous contestons car les échantillons de prix retenus sont sujets à caution...), ce qui permettrait de faire tourner la " planche à billets ". Derrière ce terme négativement connoté se profile un mécanisme de création monétaire déconnectée de valeurs réelles.

La Constitution allemande et l'article 123 du Traité de Lisbonne interdisent cette forme débridée de création monétaire. Toutefois, la BCE l'a néanmoins utilisé (décision dérogatoire du 10 Mai 2010) pour juguler la crise d'endettement de certains Etats. On comprend l'émoi de Madame Merkel sur le plan du droit et des faits.

Cela étant, en matière de création monétaire par la BCE, il faut peut-être accepter, par la force des choses que la crise impose, de suivre la devise du 6ème RPIMA de parachutistes de Mont de Marsan : " Croire et oser ".

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Jean-Yves Archer est énarque ( promotion Léonard de Vinci ), économiste et fondateur de Archer 58 Research : société de recherches économiques et sociales. Depuis octobre 2011, il est membre de l’Institut Français des Administrateurs (IFA).  

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