Les effets secondaires bénéfiques et méconnus des cryptomonnaies

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Par Ferghane Azihari Modifié le 21 novembre 2022 à 18h51
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Les cryptomonnaies pourraient contraindre les banques centrales à plus de discipline dans leur « politique monétaires » et plus efficacement que des montagnes de pseudo réglementation.

En 1976, deux ans après avoir reçu son prix Nobel d’économie, Friedrich Hayek publiait un ouvrage dédié à la « dénationalisation de la monnaie ». Une des raisons qui poussèrent Hayek à écrire cet ouvrage était sa volonté de participer aux débats sur les questions monétaires qui agitaient le continent européen.

Le système de Bretton Woods venait de s’effondrer et de nombreuses incertitudes planaient sur l’avenir du système monétaire international. En Europe, cela conduisit quelques économistes à proposer un système européen de régulation des taux de change. C’est également à ce moment là que les élites européennes commencèrent à prendre aux sérieux l’éventualité d’une monnaie unique européenne.

Le monopole monétaire est, comme tout monopole, nuisible

Hayek n’appréciait pas la tournure que prenait ce débat. Il craignait qu’une monnaie unique européenne n’aboutisse à une cartellisation du système financier, entraînant de l’inflation et de l’instabilité bancaire. La « dénationalisation de la monnaie » est donc une contre-proposition aux volontés d’établir un monopole monétaire européen.

Ceci dit, il est important de souligner qu’Hayek n’était pas contre l’intégration monétaire de l’Europe. Il estimait simplement que cette intégration ne devait pas se faire à travers le monopole d’une banque centrale supranationale.

Pour favoriser cette intégration, Hayek préconisait l’ouverture des zones monétaires nationales à la concurrence des monnaies étrangères. Autrement dit, les Français doivent pouvoir échanger en deutsche mark, en livre Sterling ou en n’importe quelle autre monnaie émise par un gouvernement étranger sans être gênés par des lois relatives au « cours légal ».

Un tel système encouragerait la concurrence monétaire et assurerait la circulation des monnaies les plus fiables. Hayek allait même jusqu’à envisager une concurrence ouverte à des émetteurs privés. Mais il admettait que cette idée était trop subversive pour être politiquement acceptable. Effectivement, ses travaux n’ont pas été chaleureusement reçus.

Comment les cryptomonnaies changent la donne

30 ans plus tard, l’introduction des cryptomonnaies changent la donne sur le plan culturel. La notion de monnaie privée, longtemps considérée comme fantaisiste, est une réalité pratique que chacun peut expérimenter.

Nous avons longtemps été conduits à penser que l’émission monétaire était une activité exclusivement « régalienne », c’est-à-dire relevant du monopole de quelques bureaucrates. Bien que ce soit faux sur le plan historique, l’illusion demeure. Mais les cryptomonnaies comme le Bitcoin commencent à la dissiper.

Chacun peut observer qu’il est possible d’utiliser un moyen d’échange sophistiqué en dehors d’un pouvoir central. Bien sûr, cette innovation ne suffira pas à convaincre un public dont le scepticisme à l’égard des monnaies privées est alimenté par la prédominance des discours dirigistes et keynésiens. Mais elle a le mérite de faire tomber les tabous : oui, une monnaie privée est possible pour peu qu’on la laisse exister.

Il n’est donc pas étonnant que ces cryptomonnaies agacent certains économistes, en particulier ceux qui gagnent leur vie en relayant les idées destinées à conforter les pouvoirs des gouvernements.

En 2013, Paul Krugman, qui fait partie des économistes keynésiens les plus influents, titrait sur son blog « le Bitcoin, c’est le mal ». En effet, les cryptomonnaies ne portent pas seulement atteinte au monopole monétaire des Etats. Elles attaquent également la crédibilité des défenseurs de la centralisation monétaire. [NDLR : Edmen JAG Bitcoin Pour recevoir gratuitement LE guide indispensable pour tout comprendre sur ces nouvelle monnaies et comment vous pouvez les utiliser, cliquez ici.]

Une concurrence qui profite à tous

Si les cryptomonnaies restent, pour l’instant, plutôt l’apanage des initiés et des geeks, leurs avantages s’étendent au-delà de leurs utilisateurs. Le citoyen lambda qui n’a jamais entendu parler du Bitcoin et continue à utiliser les monnaies étatiques bénéficie lui aussi de l’existence des cryptomonnaies.

L’existence de ces monnaies privées constitue, pour les gouvernements, une invitation à se montrer discipliné. Les États savent désormais qu’il existe, outre les métaux précieux, une autre valeur refuge potentielle vers laquelle les détenteurs de monnaie se rueront en cas de forte inflation et d’instabilité financière : de quoi les inciter à la préservation du pouvoir d’achat des monnaies traditionnelles.

En admettant que les cryptomonnaies n’aient pas vocation à s’imposer, leur existence constitue un contre-pouvoir bienvenu aux dérives des gouvernements et des banques centrales. Ce contre-pouvoir est sans doute bien plus efficace que les montagnes de réglementation que l’on prétend imposer.

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Étudiant en droit et en science politique à l’université de Paris-Est Créteil Val-de-Marne, Ferghane Azihari est coordinateur local pour Students for Liberty, un réseau international destiné à promouvoir l’économie de marché. Il est également chargé de mission pour l’École de la Liberté, une plateforme de recherche et d’éducation destinée à faire connaître la tradition libérale à travers le prisme de toutes les sciences humaines. Il publie régulièrement pour le magazine Contrepoints en France, l’Institut Ludwig von Mises aux États-Unis. Il est également rédacteur chez Young Voices. Ses centres d’intérêt se portent plus particulièrement sur les politiques européennes, les relations internationales, la fiscalité et plus généralement les rapports entre le droit positif et la concurrence.

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