Sans sanction, impossible d’apprendre de ses erreurs

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Par Simone Wapler Modifié le 3 février 2015 à 10h33
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95,2%La dette publique française atteignait 95,2% du PIB de la France au troisième trimestre 2014.

Protégé par l’emploi à vie que garantit le statut de la fonction publique, une caste de politiciens fonctionnaires persiste à détruire notre futur en nous surendettant. Incapables d’apprendre de leurs erreurs, après nous avoir endettés en euro et en francs suisses, voilà qu’ils nous endettent en yuans.

Hier, 29 janvier 2015, nous apprenons que nos inspecteurs des finances nous ont endettés en yuans. Par « nous », comprenez « contribuables ». Le même jour, remontait dans l’actualité les ravages de prêts toxiques des collectivités territoriales françaises. Des élus très bien conseillés ont trouvé intelligent d’endetter en franc suisse leurs électeurs qui paient leurs impôts en euros. Evidemment avec la réévaluation sauvage de 20% du franc suisse, les dommages collatéraux, qui étaient déjà considérables, s’aggravent. Au passage ceci risque d’allonger notre facture concernant Dexia, établissement bancaire en faillite géré par la même caste d’incompétents.

J’assume le qualificatif d’incompétent car n’importe quel quidam n’ayant pas fait l’Ena mais ayant quelque peu voyagé ou vécu à l’étranger connaît ce grand principe de bonne gestion de ses finances privées : on s’endette dans la monnaie dans laquelle on tire ses principaux revenus. Vos revenus sont en euro, vous vous endettez en euro. En matière de dette publique, s’endetter dans une monnaie étrangère est en général l’apanage des pays sous-développés.

Après le côté incompétence, voyons maintenant le côté démagogique. La « structure » qui nous endette en monnaie chinoise est la CADES comme Caisse d’Amortissement de la Dette Sociale. Il s’agit en fait d’une organisation bidon bouche-trou de la Sécu. Je suppose que vous avez entendu parler du trou de la Sécu ? Par pure démagogie, pour n’affoler personne, lorsque le trou devient trop noir, on le transfère comptablement à la Cades dont les recettes sont la CRDS et la CSG ; comme ça ne suffit pas et qu’il manque 16 petits milliards d’euros pour 2015, la CADES emprunte.

L’administration fait semblant de boucher un trou en en creusant un autre selon la technique bien connue du sapeur Camembert dans le génie. En finance, le trou s’agrandit à chaque fois des intérêts. Cela s’appelle de la cavalerie, un système de Ponzi ou du Madoff, mais ce n’est nullement répréhensible quand c’est emballé par des fonctionnaires ou des élus. Cette fois, c’est encore plus mal emballé car cette affaire de yuan est explosive. Nous sommes en pleine « guerre des monnaies » et la devise chinoise a atteint un record de faiblesse de sept mois face au dollar. Vous pensez bien que les Yankees vont tenter quelques manœuvres de dévaluations compétitives pour compenser ce qui fera monter le yuan. Par ailleurs, il ne vous a pas échappé que Mario Draghi a décidé de faire surgir 1 140 milliards d’euro de création monétaire et qu’en général ce genre de manoeuvre ne pousse pas une monnaie à la hausse. Si le yuan monte face à l’euro, nous risquons de payer très cher.

Les Grecs ont raison, la dette publique est devenue odieuse ; elle peut et doit être répudiée car elle est immorale : elle ne profite qu’aux spéculateurs. Un contrat valide est un contrat librement consenti entre un acheteur et un vendeur. Mais les contrats obligataires dont nous parlons sont biaisés. L’acheteur (industrie financière, banque, fonds spéculatif) ne fait que spéculer sur la dette et ne la détient pas jusqu’à son terme. Le vendeur n’a pas les moyens de rembourser, il le sait : il faut qu’il pressure des contribuables qui voient déjà l’impôt comme un racket. Nous contribuables, sommes la garantie financière de ce contrat auquel nous n’avons pas consenti librement. Il n’est donc ni moral, ni valide et il prouve le niveau de corruption de notre démocratie.

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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