Comment il devient officiel que les taux ne remonteront jamais !

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Par Charles Sannat Modifié le 27 février 2019 à 9h28
France Dette Crise Economique John Law
42 MILLIARDS €La dette nous coûte 42 milliards par an et devrait baisser à 32 !

Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

J’aime bien Europe 1 et particulièrement sa matinale avec Apathie et des roulements de « r » qui nous donnent le « la » avec une efficacité redoutable de ce que pensent nos mamamouchis, son pâtre grec alias Nikos comme le surnomme affectueusement l’humoriste Nicolas Canteloup qui fait également partie de ce sympathique troupeau de matinaliers.

Bref, tout cela pour vous dire que je les aime bien chez Europe 1, mais pour le coup, les analyses économiques sont assez affligeantes et d’un convenu convenant et d’une platitude consternante.

La dernière, celle d’hier, dont je vais vous parler aujourd’hui traitait des intérêts de la dette de la France qui, grâce aux taux bas, vont baisser d’environ 10 milliards d’euros d’ici 2021, ce qui est génial parce que cela viendrait compenser les « cadeaux  » faits par le gouvernement aux Gilets jaunes…

La dette nous coûte 42 milliards par an et devrait baisser à 32 !

Ouais… génial les amis ! Le coût de la dette baisse. Déjà, il faut bien préciser, pour que cela soit clair pour tout le monde, que nous parlons bien uniquement des intérêts. La dette, elle, n’est pas remboursée et continue de grossir ; comme nous sommes chaque année en déficit et que nous dépensons plus que nous gagnons, notre dette augmente.

Nous payons donc les intérêts de notre dette avec de nouveaux emprunts. La seule chose qui change c’est le montant que nous devons emprunter !

Avec un déficit de plus de 70 milliards d’euros pour la France, plus de la moitié de ce qui nous manque est constitué par... les intérêts de la dette !

Les taux sont bas, youpi tralala !

Et là, on découvre (enfin, pas vous, les auditeurs d’Europe 1) subitement que les taux sont bas. Très bas même. Négatifs parfois même, ce qui est évidemment une absurdité totale puisque cela signifie que l’épargnant paye celui qui emprunte pour lui refiler ses sous… Si vous trouvez cela logique, je ne peux plus rien pour vous.

Il faut dire que cela fait des années que les banques centrales du monde entier jouent avec la valeur des monnaies et interviennent massivement sur les marchés pour faire en sorte que les taux restent bas… en achetant ce qu’il faut de la dette émise par les États.

Pourquoi ?

Parce que si les banques centrales n’intervenaient pas, les taux seraient à 20 % et tous les pays seraient en faillite, et les marchés s’effondreraient pour la simple et bonne raison qu’il n’y aurait pas assez d’épargne pour financer tous ces déficits.

Les banques centrales ont donc imprimé la quantité nécessaire non seulement pour qu’il puisse y avoir de l’argent pour tous, mais qu’en plus il y ait suffisamment d’excédents pour faire baisser considérablement le « prix » de l’argent donc les taux.

Les taux sont très bas pour de très mauvaises raisons

Mon passage préféré reste néanmoins celui-là.

L’ami Nikos demande le plus sérieusement du monde…

« Sommes-nous sûrs que les taux d’intérêt ne vont pas remonter un jour ? »

« Non, mais à court terme les choses se présentent bien. Compte tenu de la dégradation en cours de la conjoncture dans la zone euro, la Banque centrale européenne (BCE), qui module du niveau des taux, a décidé de ne pas les remonter pour l’instant. Elle veut à tout prix éviter d’étrangler encore davantage l’économie et ça risque de durer encore quelque temps. »

À court terme, les choses se présentent bien, car il y a une dégradation économique de la conjoncture, alors les taux vont rester bas, ce qui est une excellente nouvelle…

C’est toujours la même chose !

Plus c’est moins bon, mieux c’est !

Et voilà comment se résume globalement la pensée économique dans le monde en général et dans notre pays en particulier.

Plus c’est mauvais, mieux c’est !

Voilà des raisonnements brillants.

Mais le plus intéressant n’est pas cela, bien que ce type de propos nous fasse tantôt rire tantôt pleurer. Non, l’important c’est qu’en fait, les esprits sont en train progressivement de s’habituer à l’idée que les taux ne pourront jamais remonter et enfin cette idée commence à poindre un peu partout.

Aux États-Unis, comme en Europe, tout le monde commence à visualiser que nous sommes pour toujours tombés dans le piège des taux bas, et je n’ai jamais cru à la possibilité réelle de monter les taux d’intérêt sans déclencher LA mère de toutes les crises avec une crise mondiale et généralisée d’insolvabilité et donc un effondrement systémique global.

C’est cette raison de fond qui m’a toujours conduit à considérer les actifs tangibles comme les métaux précieux (or et argent), mais aussi l’immobilier et les terres (agricoles et forêts) comme la seule planche de salut patrimoniale sur le long terme.

La logique est imparable. Simple.

Si les taux ne peuvent pas monter, alors nous allons continuer le processus de destruction de nos monnaies actuelles.

Ainsi va la vie économique et celles des monnaies dont l’espérance de vie moyenne depuis Jules César est de 18 ans !

Ainsi va la vie du système monétaire international qui change très régulièrement.

Tout change parce que rien ne change. Nous vivons dans l’immédiat. Nous ne levons que rarement la tête pour prendre du recul et contempler le tableau d’ensemble.

Ce que vient de dire Europe 1, c’est qu’en réalité, les monnaies vont mourir dans leur pouvoir d’achat actuel.

Que vaut aujourd’hui un dollar d’il y a 40 ans, en 1978 ?

Simple !

Il vaut 90 % de moins en parité de pouvoir d’achat actuelle.

Pourtant, il s’appelle toujours dollar.

Peu importe le nom de la monnaie que vous utilisez au quotidien. Ce qui importe c’est sa valeur.

Il y a urgence à comprendre ce phénomène, car si vous pouvez échapper à une crise boursière en n’ayant pas d’action en Bourse, personne n’échappe à une crise monétaire, parce que tout le monde a de la monnaie, tout le monde est dépendant de la monnaie, de vos salaires à votre épargne en passant par votre alimentation, tout dépend de la monnaie. Êtes-vous prêts ?

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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