Distribution : Vers une pénurie d’oeufs en supermarché ?

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 19 janvier 2017 à 6h33
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70%70 % de soeufs produits en France sont élevés en cage.

Dans le secteur de la distribution, un changement de taille a eu lieu fin 2016 : la décision de ne plus vendre d’oeufs issus de poules élevées en cage pour ne vendre que des œufs issus de poules élevées en plein air et dont la qualité de vie est meilleure. Une bonne nouvelle pour les animaux et les consommateurs mais qui inquiète les producteurs et pourrait causer des pénuries d’oeufs.

La filière française de l’oeuf prise en étau

Si la grande distribution a écouté ses clients, elle n’a pas écouté ses fournisseurs qui s’inquiètent : la volonté de ne vendre plus que des oeufs issus de poules élevées en plein air risque de causer une pénurie dans les supermarchés. 70 % des oeufs produits en France sont en effet encore issus de poules élevées en cage.

Ne seront disponibles, pour les consommateurs, que 30 % de la production française ce qui, pour la filière, va provoquer des pénuries dans les étals. Pour les compenser, les distributeurs seront obligés de faire appel à l’importation. Paradoxalement, donc, si les Français vont manger plus d’oeufs élevés en plein air ils risquent de manger moins d’oeufs français.

Des investissements à rembourser et de nouveaux à prévoir

Les éleveurs sont dos au mur et en appellent à la grande distribution : ils doivent investir 1,2 milliard d’euros, selon les calculs du Comité National pour la promotion de l’oeuf (CNPO) pour transformer leurs élevages en élevages plein air. Un investissement énorme qu’ils ne risquent pas de pouvoir supporter.

Ces mêmes éleveurs avaient déjà investi au total 1 milliard d’euros en 2012 pour mettre en conformité leurs élevages avec les nouvelles règles européennes. Les prêts contractés à l’époque n’ont aps encore été remboursés : il reste 400 millions d’euros à payer. Les éleveurs ne peuvent donc aps se permettre de nouveaux crédits sans garanties.

Les éleveurs de poules pondeuses demandent à la filière de la grande distribution d’apporter ces garanties via des aides financières et des contrats à moyen et long terme pour que les éleveurs puissent avoir une visibilité sur leurs revenus et prévoir des crédits qu’ils seraient en mesure de rembourser.

Faute de ces garanties, selon le CNPO, la situation deviendrait critique et c’est une grande partie de la filière qui pourrait disparaître en France.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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