Dr Ghez, chirurgien français au Qatar : »Il faut apprendre à travailler ensemble »

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Par Maylis Guillier Modifié le 14 novembre 2018 à 15h38
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90Le centre Sidra compte des médecins de 90 nationalités différentes.

Le docteur Olivier Ghez, chirurgien cardiaque en pédiatrie, participe à l'aventure de la nouvelle clinique de Doha. Ce centre entièrement dédié à la mère et l'enfant regroupe des médecins du monde entier. Il nous explique les différents défis de cette expérience au Qatar.

Un centre flambant neuf pour la région

Économie Matin : Quelles raisons vous ont poussé à venir travailler de Londres à Doha ?

Docteur Olivier Ghez : Ce projet rassemble près de 90 nationalités différentes. Le Qatar a de grandes ambitions et a su recruter dans le monde entier des experts de toutes les spécialités. Je ne suis pas le seul Français à travailler dans le service cardiologie : un médecin de Necker a également rejoint l’équipe.

Quelles sont les ambitions du centre ?

Docteur Olivier Ghez : La vocation du centre est régionale et dépasse les frontières du pays. Le but est d’offrir des résultats comparables à ce qui se fait déjà en Europe, aux États-Unis et en Occident de manière générale. Jusqu’à présent les patients se déplaçaient à l’étranger pour se faire soigner.

Sur le plan médical, quelles nouveautés rencontrez-vous ?

Docteur Olivier Ghez : La particularité de la région réside sans doute dans le nombre élevé de malformations qui touchent les enfants de la région. Les cas complexes sont plus nombreux ici qu’ailleurs et ce, pour trois raisons : il y a plus d’enfants par femme, plus de mariages consanguins également et des facteurs culturels qui entraînent un faible taux d’interruption médicale de grossesse.

Sur le plan de la technologie, y-t-il de grandes différences avec l’Europe ?

Docteur Olivier Ghez : Les technologies sont les mêmes que celles que nous utilisons en Europe. Ce qui change, c’est sans doute la modernité des locaux et l’abondance du matériel que l’on trouve ici. Un centre de cette taille là, entièrement dédié à la mère et à l’enfant, cela n’existe pas ailleurs.

Quels sont les défis rencontrés ?

Docteur Olivier Ghez : Le plus grand défi c’est de rassembler des gens du monde entier, de partir de presque rien pour créer un hôpital tout neuf, de mettre des règles en place, et de faire travailler cette équipe ensemble. On pourrait presque comparer cela à une équipe de foot ! On rencontre des frictions car nous n’avons pas les mêmes façons de faire entre nous. Mais il faut trouver un terrain d’entente pour avancer, et nous y parvenons. Ça fonctionne. C’est intéressant et on a rarement l’opportunité de vivre cela dans une carrière médicale.

Le Qatar souhaite attirer des patients étrangers pour aider au financement

Économie Matin : Quelle patientèle peut venir se faire soigner ici ?

Docteur Olivier Ghez : Il y a trois types de patients ici. Pour les Qataris, l’hôpital est public, les soins sont donc remboursés. Cela évite ainsi à l’État d’engager des frais pour envoyer le malade et sa famille se faire soigner à Washington, Munich, en Inde, en Corée, à Paris ou à Londres. Les résidents, non Qataris, doivent en revanche payer une partie du prix des prothèses. Certains étrangers qui viennent au Qatar se faire soigner ont des assurances privées et d’autres sont envoyés par les ambassades : dans ce cas-là c’est le pays de départ qui prend les soins à sa charge (Koweit, Jordanie, Afrique). Avant l’ouverture du centre Sidra, l’hôpital gouvernemental offrait tout de même des soins de qualité mais à plus petite échelle (50% de patients de moins).

Pouvez-vous nous fournir quelques chiffres des objectifs visés ?

Docteur Olivier Ghez : En ce qui concerne le service de chirurgie cardiaque, nous traiterons environ 250 patients par an. Le budget de l’hôpital est assez limité pour le moment car il a été basé sur des projections plus basses que la réalité à laquelle nous faisons face depuis l’ouverture. Le succès est bien présent, il faudra sans doute réajuster ce budget. L’arrivée de patients étrangers participera également au réajustement du financement... si et seulement si la stabilité politique est de la partie.

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