Économie collaborative et habitat collectif : et si, les nouvelles technologies étaient synonymes de lien social ?

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Par Adrien Oksman Publié le 2 juillet 2020 à 6h48
Fisc Bercy Impots Economie Collaborative Declaration Revenus
28,1 MILLIARDS €En 2015 on a enregistré 28,1 milliards d'euros de transactions liées à l'économie collaborative dans l'Union européenne.

Les secteurs transformés par l’économie collaborative sont de plus en plus nombreux au fil des années. Parmi eux, on compte le secteur des transports, du tourisme, de la restauration, de l’énergie et bien sûr, celui du e-commerce. En impactant les différents secteurs qui nous entourent, nul doute que celle-ci impacte s’invite dans nos domiciles. Parfaite illustration d’une économie collaborative en pleine mutation, l’habitat collectif redevient un lieu favorisant le lien social grâce aux nouvelles technologies.

La nécessité et le désir d’une transformation grâce à l’économie collaborative

Si l’économie collaborative transforme aussi rapidement et radicalement nos modes de vie, c’est parce qu’elle répond simultanément à trois besoins collectifs de nos sociétés :

Augmenter la qualité de vie– Dans une société où le bien-être individuel est devenu un enjeu collectif, elle permet d’abord d’augmenter le niveau de service accessible à chacun : des luxes autrefois inenvisageables pour la majorité des consommateurs, comme louer une grande maison de vacances pour quelques jours ou être transporté jusqu’à chez soi par un chauffeur privé, sont ainsi devenus des services standards grâce à des plateformes comme AirBnb ou Uber.

Baisser les coûts – Au plan économique, elle permet de réduire considérablement les coûts de production grâce à la mutualisation des ressources : libérales ou non, toutes les économies lui réservent ainsi une place de choix pour parvenir à « mieux vendre »

Réduire l’empreinte écologique – Au plan environnemental enfin, la mutualisation des ressources est une réponse possible à la recherche d’un modèle de croissance vertueux : elle permet de réduire l’empreinte écologique de l’économie sans nécessairement la faire décroitre.

Le modèle collaboratif n’est donc pas seulement désirable. Il est en train de s’imposer comme nécessaire.

L’habitat collectif : terreau de l’économie collaborative

Crowdfunding, covoiturage, coworking, AMAP, fablabs… Tous les mots qu’on associe spontanément à l’économie collaborative sont des néologismes créés au cours des dernières décennies. Et pourtant, le modèle collaboratif est bien antérieur à cette foule de concepts du début du XXIème siècle. Il est notamment à l’origine de la forme de logement la plus courante aujourd’hui : l’habitat collectif. Les parties communes de la résidence, sa maintenance par un syndic de copropriété, son gardien… Tout ceci est déjà de l’économie collaborative ! Partager un même immeuble donne accès à une foule de services rendus moins coûteux et plus pratiques par la mutualisation : locaux à poussettes ou à vélos, ascenseurs, espaces verts, services de conciergerie, etc. En outre, l’immeuble est infiniment plus compact, à nombre de logements constants, qu’une somme de maisons individuelles.

Confort individuel amélioré, coûts réduits et empreinte circonscrite : la mutualisation de l’habitat répondait déjà aux trois impératifs de l’économie collaborative dès la Rome antique...

Vers un retour du lien social au sein de la résidence

L’économie collaborative est donc consubstantielle à l’idée même de résidence. Si l’on a tendance à l’oublier, c’est que la copropriété est désormais conçue comme une somme d’individualités contraintes de composer les unes avec les autres. Quiconque a déjà participé à une réunion de syndic peut faire ce triste constat. Mais la nouvelle vague collaborative qui transforme aujourd’hui l’économie, en touchant désormais le logement, est en train de ramener le lien social au cœur de la résidence. Le signe le plus marquant de ce renouveau communautaire est certainement l’essor du « coliving ». Des résidences divisées entre parties privatives et parties communes conviviales séduisent de plus en plus de jeunes actifs déjà habitués à la colocation et attirés par les bénéfices d’une mutualisation à plus grande échelle : salles de jeu, espaces de coworking, événements, etc. Une pratique qui gagne la France mais qui est sans surprise née aux Etats-Unis et au Canada, pays où prospèrent les « condominiums » ces immenses projets immobiliers offrant des parties communes de standing à leurs résidents : salles de sport, piscines, cinémas, et même commerces !

Les nouvelles technologies au service du collectif

Créer du lien social au sein des résidences est aujourd’hui une mission stratégique des bailleurs et des gestionnaires de biens. C’est la qualité de ce lien qui définit en grande partie le niveau de bien-être des résidents et leur attachement à leur logement. C’est pourquoi de plus en plus de résidences utilisent désormais des applications collaboratives pour faciliter la vie de habitants et fluidifier leurs échanges au sein de l’immeuble. Un marché dynamique est né de ce nouveau besoin : celui des applications communautaires basées sur le lieu de vie. Nextdoor, Allovoisins ou encore la start-up française Ensembl’ proposent par exemple des plates-formes d’entraide, d’échanges ou de loisirs entre voisins. Les services adossés à des outils numériques collaboratifs s’imposent progressivement comme de très efficaces catalyseurs de lien social au niveau du lieu de vie.

Ainsi, des premiers insulae de la Rome antique jusqu’aux cités radieuses de Le Corbusier, en passant par les kibboutz israéliens, l’économie collaborative dans l’habitat a déjà une longue histoire. Mais la nouvelle vague collaborative née dans le sillage de la révolution numérique promet de transformer les modes de vie de façon profonde : des millions de foyers pourraient renouer avec les origines communautaires de l’habitat collectif. Une conviviale révolution économique et écologique est ainsi en cours, juste en bas de la maison…

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Adrien Oksman est co-fondateur de Boks.

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