Économie : la limite comparative des index de référence

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Par Jacques Martineau Modifié le 25 juin 2019 à 6h39
France Economie Objective Chiffres Pays

L’ensemble des pays de l’OCDE, pour ne citer qu’eux, cherchent en permanence à se situer par rapport à leurs partenaires dans le contexte économique mondial. Munis de tableaux de bord, plus ou moins sophistiqués, ils tentent de fournir des données conformes destinées à s’intégrer dans un comparatif aux normes et aux présentations internationales dûment élaborées.

Les spécialistes et les instituts nationaux en charge de la mise en forme de ces statistiques vont, en distillant l’information, satisfaire ou affoler les politiques et les suiveurs naturels, majorité ou opposition. Politiques, éditorialistes et journalistes se délectent ou se lamentent suivant les résultats. Les comparaisons tous azimuts vont bon train. S’appuyant ou non sur les organismes internationaux, chacun tentera d’y voir « midi à sa porte » et de les interpréter…

Comparaisons côté « Brut » des index de référence

Les chiffres des index de référence, comme les ordres de grandeur, pour comparer l’ensemble des données utiles, voire indispensables à la prise de décision, doivent être à nouveau repensés avant d’être interprétés. Pour exemple, il suffit d’en citer quelques-uns qui caractérisent l’évolution économique et financière, comme la croissance, le déficit, la dette/PIB, les emprunts, la balance commerciale, l’indice des prix, l’inflation, le taux de chômage, etc.

Le taux de croissance et la dette/PIB demeurent les principaux index de référence comparatifs. Si de base, ils ont un sens, ils sont difficilement comparables d’un continent à l’autre (Europe, Etats-Unis, Asie, Amérique du nord, Amérique du Sud, Afrique et Océanie). La comparaison côté « Brut » s’arrête pour l’essentiel à ces quelques index fondamentaux normalisés. Les natures des écarts entre les États sont telles que leur évaluation respective ne peut pas se résumer à une simple « règle de trois » technocratique. Le constat montre qu’ils demeurent superficiels côté « Brut » pour juger de l’économie réelle d’un pays. Ils ont atteint leur limite comparative !

Côté « Net » : la comparaison n’a plus de sens !

A quoi rime une moyenne en guise de comparatif entre pays riches et pays en voie de développement ? A l’intérieur de l’Union européenne, c’est le même problème. Les écarts globaux entre les pays sont trop importants pour oser faire des comparaisons. En plus, la mention « dans ou « hors de » la zone euro rajoute à la confusion ! Trop de paramètres intrinsèques et extrinsèques disqualifient la lecture de simples comparaisons arithmétiques. Cela qualifie le côté « Net » ! En effet au niveau de chaque État, des indicateurs plus précis vont permettre d’apprécier les particularités et les contraintes du milieu concerné dans son environnement économique, social, financier et administratif.

A l’intérieur d’une même entité comme l’Union européenne la notion de moyenne est déjà à prendre avec précaution. Si celle-ci n’a de raison que pour satisfaire aux critères de Maastricht, côté « Brut », cette notion ignore la diversité des obstacles et les propres identités. Le côté « Net » se doit de tenir compte de la nature de leur gouvernement, des différences de tailles (géographie, population, démographie, religion, immigration), de cultures, de moyens financiers, économiques et sociaux. Sans oublier le reste, la part d’investissement dans la recherche et l’innovation, l’industrialisation, la capacité de défense, l’influence et la position à l’international, etc.

C’est l’évolution des indicateurs côté « Net » qui est déterminante

Alors comment doit-on réagir devant toutes ces moyennes et ces données, ressassées à saturation à la « Une » de la presse et des médias ? Qui est en mesure d’en révéler la pertinence ? En réalité, seules les variations et les dynamiques des changements, dans un sens ou dans l’autre, influencent les indicateurs côté « Net », plus proches du terrain. Ce sont elles qui auront des conséquences sur les index côté « Brut ». Les politiques, comme certains experts, ont souvent tendance à l’oublier. Le livre de Jérôme Fourquet, « l’Archipel français », en est un parfait témoignage.

Sur fond de mondialisation, avec des règles libérales favorisant le libre-échange et la politique de l’offre, les pays « occidentaux », au sens large du terme, vivent désormais en permanence une complète mutation numérique de la société avec un bouleversement des données financières, économiques, sociales et culturelles qu’accompagne un formidable progrès technologique. Le tournant amorcé depuis plus d’une décennie a pris corps et les changements profonds s’accumulent. Ils ne cesseront de se multiplier.

Sous couvert de protéger leurs objectifs et les enjeux nationaux, la plupart des dirigeants n’a de cesse que d’en vanter les avantages de leur choix qu’ils ont du mal à maîtriser pour satisfaire aux index comparatifs du côté « Brut ». Ils ignorent ou font mine d’ignorer les indicateurs côté « Net ». Au mieux, ils tenteront de s’en accommoder.

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Après un long parcours scientifique, en France et outre-Atlantique, Jacques Martineau occupe de multiples responsabilités opérationnelles au CEA/DAM. Il devient DRH dans un grand groupe informatique pendant 3 ans, avant de prendre ensuite la tête d'un organisme important de rapprochement recherche-entreprise en liaison avec le CNRS, le CEA et des grands groupes du secteur privé. Fondateur du Club Espace 21, il s'est intéressé aux problèmes de l'emploi avec différents entrepreneurs, industriels, syndicalistes et hommes politiques au plus haut niveau sur la libération de l'accès à l'activité pour tous. Il reçoit les insignes de chevalier de l'Ordre National du Mérite et pour l'ensemble de sa carrière, le ministère de la recherche le fera chevalier de la Légion d'Honneur.

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