Le dégout des couleurs

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Par Philippe Bapt Publié le 1 juillet 2021 à 6h41
Pecheur
65,7%Il y a eu 65,7% d'abstention au second tour des Régionales 2021.

65,7% d’abstention au second tour ; léger mais alors très très léger rebond de participation au second tour (restons optimistes) des départementales /régionales

Du bleu turquoise au bleu marine, du rouge à l’orange au vert toutes les couleurs des logos politiques n’auront finalement pas attiré l’électeur français durant cette échéance. La défiance est actée ; pourtant l’offre politique est tout de même conséquente au premier tour.

Les français ont boudé. Mais ils ont boudé quoi ? A défaut de qui, ils ont boudé ces deux scrutins massivement certainement pour plusieurs raisons, aux conséquences assez bouleversantes. Faire 55% contre 45%, c’est être élu avec 1 votant sur 5 !

Au chapitre des raisons principales, on peut énumérer :

La cuisine politicienne

Et oui, avant même de savoir pourquoi voter, il y a eu la tambouille médiatiquement exploitée en PACA ou dans les Hauts de France sur le positionnement de LaRem. Du cafouillage tant sur le fond que sur la forme. D’un côté une entente sans propositions, de l’autre une armada de ministres pour exister. En ces temps de crise sanitaire, sociale et économique, du grand n’importe quoi !

Le discours : entre compétences et démagogie

Avec ces nouvelles régions aux contours tant géographiques mal connus, aux compétences méconnues et de plus en plus techniques, il eut été de bon ton de faire œuvre de pédagogie pour réellement expliquer les enjeux locaux qui se dessinaient. Au lieu de cela, aucune ou presque explication des implications sur la vie de chacun des régions, des départements… quand il subsiste les deux.

Un très beau plantage de la distribution a pu être remarqué par tous au premier et au second tour des élections en termes de distribution des professions de foi des candidats

Faute d’avoir de réelles propositions si ce n’est novatrice tout du moins réalisables et mesurables, certains des impétrants se sont arc-boutés sur des discours très conceptuels, pour se démarquer. D’autres ont choisi des happening pour faire parler d’eux. Abordant volontairement des sujets hors contexte en rapport avec les compétences des exécutifs locaux auxquels ils prétendaient.

La fin du confinement

Cette fin, momentanée ou pérenne l’avenir nous le dira, a aussi joué. Pas de réunions publiques : pas de montée de la dynamique populaire classique. De fait, une campagne électorale amputée de ce qui fait son sel en partie.

Et les français du coup qui avaient beaucoup plus envie de profiter de cette liberté retrouvée et des beaux jours.

Le manque de charisme de candidats ?...la prime aux sortants

Enfin, l’implantation des nouveaux candidats, leur ancrage local, leur parfois méconnaissance de ce que veut dire « campagne électorale » a énormément joué. Non qu’ils n’aient foi et valeurs, mais dans ce contexte, exister ne pouvait être chose facile.

A l’inverse les sortants forts d’un mandat passé ont eu un avantage certain. Le paysage politique local, classique gauche-droite a ainsi repris ses droits sur le local.

Le scrutin post gilets jaunes

On l’oublie souvent, mais les municipales sont un moment à part. La politique de proximité a malgré tout de belles heures. Pour ces exécutifs intermédiaires mal identifiés, département-région, que de souci pour exister. Trop peu connus et trop près des présidentielles. Avec par exemple, pour LR, les élections régionales en forme de referendum personnel, véritables rampes de lancement pour 2022.

Comment intéresser le public du coup ? Pas de discussions réelles sur les programmes, peu d’intérêt des médias, pas de leaders, ou alors qui se cherchent une aura en vue d’une autre échéance électorale…. Et surtout un premier scrutin post gilets jaunes d’envergure nationale. Je parle ici du mouvement populaire qui aura marqué ce quinquennat, non des casseurs et autres opérations complotistes ou de récupérations.

Jusqu’à la distribution du matériel électoral aura été un fiasco monumental, laissant la porte ouverte à toutes les interprétations. Tout de même, 40% de ce matériel non distribué pour le second tour !!! Comme quoi le privé, les appels d’offres ne sont pas toujours la panacée….face au service public !!!

Première analyse des résultats :

Le premier enseignement est de voir que le RN est dans le dur. Un électeur mécontent du « système » allait voter FN puis RN, maintenant il aurait tendance à s’abstenir. La tentative de rampe de lancement de Marine Le Pen s’est effondrée en quinze jours. Même après avoir gronder ses électeurs abstentionnistes du premier tour ! Rien n’a marché.

Larem touche le fond : au cœur d’un buzz assez bad de début de campagne en PACA, après avoir essayé d’envoyer l’artillerie lourde en Haut de France, cinq ministres tout de même, pour un résultat inversement proportionnel. Car à compter sur un résultat assez bon au premier tour pour obliger Xavier Bertrand à demander à Larem son aide pour sa réélection au second, ce fut une tactique qui a fait « pschiiiit ». A jouer tactique, pour 2022, à jouer à « qui perd gagne », faiseur de roi incontournable, Larem a non seulement été contournée, mais bel et bien engloutie !

Non seulement Xavier Bertrand a été réélu seul, mais Larem et ses poids lourds dépêchés sur place sont passés à côté de leur mission!

D’ailleurs la prime aux sortants a permis à la gauche de s’en sortir correctement, comme en Occitanie notamment. De quoi redonner quelques couleurs aux acteurs dits du « vieux monde » depuis quatre ans.

Le coup d’envoi du prochain scrutin a donc été donné. A suivre…

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Philippe BAPT est un communicant. Diplômé de Novancia Business School en management marketing digital et événementiel, il exerce sa passion comme chargé de communication et consultant chargé de projets. Sa seconde passion la « chose publique » l’amène très tôt dans le champ associatif : social, culturel et sportif. Puis il sera élu local d’une commune de la première couronne de la ville rose de 2008 à 2014. Président de club de rugby, puis d’un groupement d’employeurs et administrateur d’un théâtre-centre culturel, ces différents postes lui confèrent  une expertise dans ces domaines. Retiré du strict jeu politique, il n’en demeure pas moins attentif à l’évolution de l’actualité et devient éditorialiste dans divers médias locaux et régionaux, dès la rentrée 2014. Ses sujets de prédilection : le « jeu » politique, les répercussions économiques et sociales, la recomposition du paysage politique français. 

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