En 2017, que penser de l’Union européenne ?

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Par Jacques Martineau Publié le 8 mars 2017 à 5h00
Union Europeenne Etat Crise Pays Membres
90 %La dette de la zone euro représente plus de 90 % de son PIB.

En ce début de l'année 2017, il n’est pas difficile de constater que le monde est fortement agité. Les conflits meurtriers se multiplient dans de nombreuses régions.

Au Proche Orient, la situation est compliquée et les solutions pérennes ne sont pas encore à l’ordre du jour. Le terrorisme occupe une place déterminante. Les réactions et les changements politiques enregistrés ou à venir sont d’actualité presque partout dans le monde occidental : Etats-Unis et Europe n’échappent pas à la règle. Les risques de perturbations financières, économiques, sociales et militaires sont importants. Les questions sans réponse s’accumulent…

Beaucoup de questions politiques et stratégiques sont en suspens

Au plan politique et stratégique : quelle position à avoir vis à vis de Vladimir Poutine et de la Russie, de Hassan Rohani et de l’Iran ? Quid avec l’intervention réelle de l’UE en Syrie et en Irak ? Même question en Afrique occidentale ? Et la France dans tout ça qui paie pour les autres, imputant sur son déficit ? Redéfinir et consolider les frontières de l’espace Schengen ? Quelle politique en termes d’immigration ? Comment réagir, sans hypocrisie, avec Recep Tayyip Erdogan à propos de la candidature de la Turquie à l’UE ? Quelle attitude commune faut-il avoir dans la relation commerciale avec la Chine ?

A la demande de Donald Trump et des Etats-Unis, revaloriser les contributions à l’Otan ? Quel sens pour une défense européenne autonome pour Angela Merkel ? Quelle place donner au Royaume-Uni dans le cadre du Brexit avec Theresa May ? Que va-t-il advenir avec le CETA ? Comment appréhender les relations entre le FMI et la BCE ? Que dire du processus indéterminé et sans fin avec la Grèce avec Jean-Claude Juncker ?

Egalement, de nombreuses questions à caractère économique et social sont toujours en suspens et quelques-unes d’entre elles restent sans réponses. Souvent les problèmes n’ont même pas le privilège d’être à l’ordre du jour. L’emploi demeure un point essentiel face au chômage, en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Italie et en France pour ne rappeler que ces pays qui caractérisent cette Union disparate.

D’autres Etats ont d’autres problèmes qu’il serait trop long de développer ici. Mais croissance, crise, déficit, dette, rigueur et austérité, euro sont toujours les mots clés à Berlin et à Bruxelles, sans oublier de poser le problème des favorisés fiscalement comme l’Irlande et le Luxembourg ? Harmonisations fiscale et sociale ne sont pas d’actualité. Au delà de cette multitude naturelle de points à débattre que nous n’évoquerons pas aujourd’hui, avec la concrétisation du Brexit, la question de la sortie l’euro est posée aussi comme une hypothèse à prendre en compte d’autant qu’après leurs élections législatives, les Pays-Bas veulent examiner les conséquences d’une sortie de l’euro !

Alors, comment apprécier l’avenir de l’euro dans tout ça ?

Il y a quelques mois, Joseph E. Stiglitz, prix Nobel d’économie, s’est exprimé sur la question de la monnaie unique. Il considère qu’aujourd’hui, loin d’apporter la prospérité, il est plutôt un « carcan » pour les pays partenaires de l’Euro group. En revenant à nouveau sur son analyse, cela peut permettre de mieux appréhender la suite. A l’entendre, le prix Nobel est formel. Il juge que « l'euro, au moins dans sa forme actuelle, est condamné ».

Dubitatif à l’origine de la mise en place de l’euro, il pressentait d’importantes difficultés liées avant tout aux différences financières économiques et sociales entre les pays de l’Union, en particulier ceux de la zone euro. La crise financière de 2008, au départ, n’était qu’une crise bancaire et non d'endettement public. Très vite, elle a eu des influences divergentes entre les Etats ce qui n’a fait qu’accentuer ces différences.

Joseph E. Stiglitz insiste en rappelant que c’est « la combinaison entre la monnaie unique et le marché unique sans garantie des dépôts bancaires a mené à une divergence économique entre les membres de la zone euro qui empruntent pour rembourser leur dette dans une monnaie dont ils n’ont pas le contrôle ». Il rajoute : « Cette situation ne peut pas arriver aux États-Unis qui contrôlent leur monnaie. Dans ce genre de cas, il leur suffit d'imprimer des dollars… »

Depuis des années, Bruxelles n’a cessé de penser qu’il suffisait de surveiller le déficit public et l'inflation et d'empêcher les gouvernements de laisser faire n'importe quoi pour assurer, par la grâce des marchés, la prospérité de la zone. Au départ, la crise de l’euro n’est pas une crise de dette publique. C’est ce que confirme Joseph Stiglitz.

Une année 2017 à observer avec attention…

Beaucoup d’Etats de l’Union européenne, l’Autriche, la Hongrie, la Pologne, pour ne citer qu’eux, ont déjà manifesté leur mécontentement sur de nombreux problèmes permanents comme l’immigration, l’espace Schengen 2, l’application du CETA, les conséquences du Brexit, les taux de crédit à la carte, les travailleurs détachés, la situation de la Grèce, etc.

Avec les élections nationales en cours principalement en France et qui auront lieu aussi cette année aux Pays-Bas et en Allemagne, quelles en seront les conséquences ? Quelles influences sur l’UE ? Comment va-t-on réagir ? Autant de questions qui confirment les degrés d’incertitude sur l’avenir politique de cette institution ? Ceci étant dit, un regard sur l’Union européenne et son environnement n’est pas très encourageant. Les divergences entre les différents partenaires ne s’affichent pas au grand jour. Un grand nombre de questions restent toujours sans réponses.

Image Jacques M

Après un long parcours scientifique, en France et outre-Atlantique, Jacques Martineau occupe de multiples responsabilités opérationnelles au CEA/DAM. Il devient DRH dans un grand groupe informatique pendant 3 ans, avant de prendre ensuite la tête d'un organisme important de rapprochement recherche-entreprise en liaison avec le CNRS, le CEA et des grands groupes du secteur privé. Fondateur du Club Espace 21, il s'est intéressé aux problèmes de l'emploi avec différents entrepreneurs, industriels, syndicalistes et hommes politiques au plus haut niveau sur la libération de l'accès à l'activité pour tous. Il reçoit les insignes de chevalier de l'Ordre National du Mérite et pour l'ensemble de sa carrière, le ministère de la recherche le fera chevalier de la Légion d'Honneur.

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