En Grèce, on vous oblige à dépenser sous peine d’amende !

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Par Brian Maher Publié le 23 janvier 2017 à 5h00
Grece Guerre Cash Obligation Depenses
30 000 eurosUn Grec gagnant 30 000 euros par an doit dépenser 20 % de ses revenus par CB sous peine d'amende.

En Grèce, il est maintenant obligatoire de dépenser 10%, 15% ou 20% de ses revenus - hors dépenses contraintes - en payant par carte.

Une nouvelle année commence. Et un nouveau front s’ouvre dans la guerre contre le cash… L’Inde a lancé une offensive de grande ampleur en novembre dernier, lorsqu’elle a démonétisé les billets de banques les plus utilisés du pays. Le résultat a été le chaos total. A présent, c’est au tour de la Grèce de lancer sa dernière offensive contre le cash… On pourrait la réduire à une sorte d’interdiction « en douceur » du cash. Certes, la Grèce est un petit pays sans importance… mais prenez garde : cette interdiction « soft » du cash pourrait devenir un modèle.

Le site d’informations grec, Keep Talking Greece, rapporte que depuis le 1er janvier, le contribuable grec est obligé d’utiliser une carte de crédit pour payer un montant cumulé déterminé à l’avance selon ses revenus. Voici ce qu’il en est exactement : « Si vous êtes Grec et gagnez moins de 10 000 euros, vous devez effectuer 10% de vos paiements en carte. Entre 10 000 et 30 000 euros, ce chiffre monte à 15%. Au-delà de 30 000 euros, il passe à 20%. »

Et si vous ne vous pliez pas à ces règles ? Vous écoperez d’une pénalité de 22%. Admettons que vous gagniez 50 000 euros ; vous devez alors dépenser 10 000 euros par CB. Supposons que vous ne dépensiez que 5 000 euros par carte. Votre amende sera de 22% sur ces 5 000 euros que vous n’avez pas dépensés — soit 1 100 euros. Les loyers, les services publics, les remboursements de prêts, les frais de transports et bien d’autres dépenses ne comptent pas. Non. Vous devrez dépenser par carte au supermarché, dans les restaurants, chez le coiffeur, pour vos cours de danse et ce genre de choses.

Comment ça, vous ne voulez pas apprendre à valser ? Allez donc l’expliquer au juge. Keep Talking Greece explique : « Les ménages seront obligés de dépenser de l’argent même s’ils ne le veulent pas. Comme la majeure partie des dépenses mensuelles nécessaires (services publics, etc.) n’est pas acceptée par la direction des impôts, les ménages qui ne parviennent pas à atteindre le pourcentage nécessaire avec les dépenses de supermarché devront dépenser à tout va dans les magasins, les écoles de danse, les cours de gym et d’autres fournisseurs de biens et services. »

« Vous voyez bien qu’on n’interdit pas le cash, » vous expliquera-t-on doctement. « Nous ne ferons jamais une chose pareille. Dépensez en liquide autant que vous voulez. Mais si vous voulez éviter cette pénalité de 22%, vous savez ce qui vous reste à faire… » Qui peut dire que cette obligation de dépense restera plafonnée à 20% ? Peut-être l’économie sera-t-elle dans le marasme l’année prochaine et que le seuil sera relevé à 50% afin que vos dépenses supplémentaires « stimulent » l’économie. Et pourquoi pas 75% ?

Les élites n’ont pas besoin d’interdire le cash pour l’éliminer

L’étape suivante ? Le cash sera si peu utilisé que plus personne ne l’acceptera, pas même vos parents. Cela posera trop de problèmes d’en avoir alors que quasiment plus personne ne l’utilisera. Une fois que le niveau de cash dans la société chutera à un certain point, il n’y aura plus qu’un petit pas à franchir avant qu’il ne disparaisse entièrement. Voilà comment le cash disparaîtra. Nul besoin de l’interdire du jour au lendemain. Il mourra par négligence. Il sera devenu si incommode que plus personne ne l’acceptera. L’utiliser sera aussi compliqué qu’acheter une Ferrari avec des pièces d’un dollar. C’est certes légal aux Etats-Unis— mais essayez de le faire.

Voilà comment les élites réaliseront leur rêve de taux d’intérêt véritablement négatifs. Vous préférerez dépenser votre argent en cours de tango ou en billets d’opéra plutôt que de payer à la banque le privilège de le garder pour vous. Ce type d’interdiction « en douceur » du cash est une attaque indirecte plutôt qu’une attaque frontale comme celle qu’a lancée l’Inde en novembre. La résistance est trop solide au centre. Mieux vaut une bonne attaque latérale : cela fait beaucoup moins de bruit et l’ennemi est rapidement encerclé. C’est l’objectif des élites dans la guerre contre le cash : doucement, sans faire de bruit, vous déborder, vous encercler, pour empêcher toute échappatoire.

Puis viendra l’ordre : posez par terre votre cash et sortez les mains en l’air. Direction le camp des prisonniers numériques. Que voulez-vous. Pour tondre les moutons, il faut bien les parquer avant… Aujourd’hui c’est la Grèce. Demain ce sera un autre pays. Ne soyez pas surpris si la semaine prochaine, le mois prochain ou l’année prochaine cela arrive chez vous.

Vous êtes du même avis ? Signez notre pétition Non à la société sans cash pour faire entendre votre voix. Cliquez ici — une signature peut faire la différence

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Brian Maher est le directeur de la rédaction du Daily Reckoning. Il a consacré sa carrière à couvrir l’économie, la politique et les affaires sociales en tant qu’investigateur indépendant, notamment pour Asian Times. Il est titulaire d’un mastère Defense & Strategic Studies.

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