ENGIE poursuit sa cure d’amaigrissement

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Par Michel Delapierre Modifié le 13 décembre 2017 à 23h07
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Isabelle Kocher n’a pas de temps à perdre et mène la cure d’amaigrissement de son groupe au pas de charge. Après avoir vendu sa branche Exploration Production au premier semestre, Engie a acté la vente d’une partie de son activité gaz naturel liquéfié (GNL) à Total au mois de novembre.

Le géant pétrolier rachète ainsi pour 1,49 milliards de dollars US dette comprise, les activités amont d’Engie dans le GNL qui incluent notamment des participations dans des usines de liquéfaction, des contrats d'achat et de vente à long terme de GNL, une flotte de méthaniers ainsi que des droits de passage dans des terminaux de regazéification en Europe. L’accord prévoit également, en cas d’amélioration du marché pétrolier, des compléments de prix pouvant aller jusqu’à 550 millions de dollars US.

Avec cette opération, Engie se rapproche de ses objectifs de vente d’actifs à l’horizon 2018. Le groupe a désormais réalisé 83 % de son programme de rotation de portefeuille, soit près de 12,45 milliards d’euros sur les 15 milliards visés.

Clap de fin pour des actifs historiques

En 2017, la directrice générale, Isabelle Kocher n’a donc pas hésité à trancher dans le vif en se séparant d’activités historiques de l’ancien Gaz de France.

Toutefois, après le passage de l’Etat sous la barre des 33% de participation dans le capital d’Engie au mois de septembre, l’accélération de la restructuration du groupe inquiète plus que jamais les partenaires sociaux. D’autant que l’opération sur le GNL a surpris tout le monde, y compris en interne. En effet, Isabelle Kocher avait jusqu’à présent, systématiquement loué les qualités commerciales de ce gaz naturel et son importance dans le plan de transformation.

Un revirement que dénonce notamment la CFE-CGC. Dans son communiqué, le syndicat estime qu’« en cédant ces activités, Engie rompt une partie de ses engagements de service public.... en mettant en vente ses capacités d’approvisionnement de GNL, Engie, avec le consentement de l’État, met très clairement en risque la sécurité d’approvisionnement énergétique de la France. »

Même son de cloche à la CGT qui dénonce une « stratégie illisible » et « un nouveau pas dans le dépeçage de Gaz de France et dans la détérioration de la sécurité d’approvisionnement gazière... La CGT considère que la stratégie d’Engie, c’est « le regard vers l’horizon, les pieds dans les ruines ».

Grogne sociale

L’annonce de la vente de l’activité GNL au groupe Total arrive également au moment où les choses se tendent sur le plan social.

Alors qu’Engie connaissait une paix sociale relative malgré des réorganisations successives, les récentes annonces concernant les projets de délocalisations de postes sur l’activité Relation Client (« Commercialisateur »), pourraient faire naître un front syndical déterminé.

Selon Patricia Chastan déléguée CFE CGC Engie Commercialisateur, ce sont 1200 postes en France qui sont concernés. Début novembre, la première journée de grève organisée par l’intersyndicale CFDT, CFTC, CGT, CFE-CGC et EeFO avait connu un succès historique : plus de 70% de grévistes dans la branche concernée selon les organisations.

Pour Patricia Chastan, « c’est une population de commerciaux qui traditionnellement ne se mobilise pas, et pour qu’elle se sente aussi concernée et partie prenante cela démontre qu’il y a une angoisse profonde ». Si les chiffres font mal, c’est aussi l’opacité des méthodes de la direction que les syndicats critiquent. Une exaspération qui a poussé l’intersyndicale à assigner le groupe en référé au Tribunal de Nanterre afin d’obtenir toutes les "données économiques et sociales" liées aux délocalisations. Dans son jugement rendu hier mercredi 13 décembre 2017, le Tribunal a donné raison aux syndicats et a enjoint à Engie d’informer et de consulter le comité d’établissement « Commercialisateur » sur le projet d’externalisation à l’étranger des activités des prestataires.

Pendant ce temps, les marchés soutiennent les initiatives de la directrice générale et saluent son efficacité dans la gestion de son plan de cession d’actifs et de désendettement. Sur un an, le cours de l’action Engie a progressé légèrement de 12,2 à 14,8 euros.

Pourtant, si Isabelle Kocher parvient à rallier les milieux financiers, la transformation de son entreprise sera-t-elle aboutie sans le soutien de ses troupes ? D’autant qu’Engie aime à se présenter comme une organisation particulièrement attentive à sa responsabilité sociale. Un chantier social auquel la directrice générale devra tôt ou tard s’atteler afin de répondre aux interrogations que ses ambitions suscitent.

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