Entreprises zombies et Etats vampires prolifèrent avec les taux bas

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Par Ferghane Azihari Publié le 10 mars 2017 à 5h00
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3,5 %Entre 2005 et 2013, le nombre des entreprises zombies dans l'OCDE s?est accru de 3,5%.

L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a récemment publié un rapport qui accuse les « entreprises zombies » de plomber la croissance économique de ses membres. Pour les auteurs de ce rapport, une entreprise zombie est une firme de 10 ans ou plus dont le ratio de couverture des frais financiers (résultat d’exploitation/frais financiers) est inférieur à 1 sur trois années consécutives.

Autrement dit, il s’agit d’une entreprise insuffisamment rentable et qui a du mal à rembourser ses dettes. Le rapport s’inquiète du nombre grandissant d’entreprises zombies dans l’OCDE. Entre 2005 et 2013, leur nombre s’est accru de 3,5%.

Les taux artificiellement bas multiplient les zombies

Une des explications tient aux politiques monétaires menées dans la plupart des pays de l’OCDE depuis plusieurs années. La volonté des banques centrales de planifier les taux de manière à favoriser l’abondance de crédits bon marché avantage directement les entreprises à faible rentabilité, celles qui n’auraient pas pu se financer sur un marché concurrentiel, c’est-à-dire si les taux d’intérêt avaient été plus élevés.

Il est fréquent de considérer l’expansion de crédit bon marché comme bienveillante. Cette idée qui inspire la politique financière de bon nombre de gouvernements méconnaît l’utilité d’un taux d’intérêt. L’épargne – qui précède normalement le crédit – n’est pas illimitée. Cette rareté implique de hiérarchiser entre les projets prioritaires et ceux qui le sont moins.

Le critère de rentabilité joue un rôle essentiel pour procéder à ce classement. La rentabilité d’une entreprise constitue en effet un signe qu’elle répond aux besoins ou aux désirs des populations. Or le taux d’intérêt aide justement à effectuer les bons arbitrages entre les investissements prioritaires et les projets moins utiles.

Un taux d’intérêt élevé implique une certaine exigence de rentabilité pour les investissements sans quoi le prêt serait plus difficile à rembourser. Baisser artificiellement ce taux revient à détourner du capital et du travail en privilégiant les canards boiteux au détriment des projets plus utiles.

Cette mauvaise allocation des ressources explique en partie pourquoi la productivité connaît une très faible croissance depuis plusieurs années dans la plupart des pays de l’OCDE.

Une meilleure affectation des ressources nécessiterait au contraire le rétablissement des signaux de prix authentiques. Mais convaincre du bien-fondé de cette politique est évidemment difficile quand elle se heurte à bon nombre d’intérêts politiques et corporatistes.

Les États vampires se nourrissent eux aussi de taux bas

Les gouvernements sont les premières organisations à bénéficier de ces distorsions dans la mesure où cela leur permet, lorsqu’ils sont incapables d’aligner des budgets à l’équilibre, de s’endetter plus facilement pour financer leurs politiques clientélistes au détriment des futurs contribuables, ceux qui n’ont pas encore le droit de vote.

Or chaque fois qu’un gouvernement emprunte sur les marchés financiers, il détourne également des ressources qui auraient pu être affectées à des fins productives. Au parasitisme des entreprises zombies s’ajoute donc celui des Etats-vampires incapables de gérer correctement leurs finances. Autant de facteurs qui contribuent à freiner nos économies.

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Étudiant en droit et en science politique à l’université de Paris-Est Créteil Val-de-Marne, Ferghane Azihari est coordinateur local pour Students for Liberty, un réseau international destiné à promouvoir l’économie de marché. Il est également chargé de mission pour l’École de la Liberté, une plateforme de recherche et d’éducation destinée à faire connaître la tradition libérale à travers le prisme de toutes les sciences humaines. Il publie régulièrement pour le magazine Contrepoints en France, l’Institut Ludwig von Mises aux États-Unis. Il est également rédacteur chez Young Voices. Ses centres d’intérêt se portent plus particulièrement sur les politiques européennes, les relations internationales, la fiscalité et plus généralement les rapports entre le droit positif et la concurrence.

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